
Une rue de Bucarest./ Photo Panoramas
Ce matin j’ai manqué me faire renverser. C’était une journée ordinaire, et c’est sûrement parce qu’elle était ordinaire que le pire a bien failli arriver. Je rentrais tranquillement de la garderie. J’étais à pied car elle est au bout de la rue. La petite mandarine reposait, bien emmitoufflée, contre ma poitrine. Dans ma rue sans trottoir, je croise le camion-poubelle. C’est un jour ordinaire. Un jeudi ordinaire. Le jeudi des poubelles donc. Je suis face à lui. Ma maison se situe de l’autre côté. A trois pas. Je croise souvent le camion-poubelle. D’ailleurs, je salue le chauffeur d’un signe de la tête, histoire de… Un geste de sa main. Traverse, me fait-il signe. Le matin est paisible, le matin est bienveillant, c’est un matin ordinaire. Le camion-poubelle est toujours là à cette heure-ci. La rue est calme, au loin grouillent les voitures qui s’enfilent sur l’autoroute. Je souris et je traverse. Il y a ma maison juste là. Deux pas à peine.
Le silence de sa voiture hybride. La peur dans les yeux du chauffeur du camion-poubelle que je remerciais d’un sourire. Le souffle du métal qui frôle mes jambes. Le coup de volant. Le véhicule qui bringuebale et continue sa route. Le cri que je retiens. Ma fille que je serre fort, instinctivement. Ma maison, toujours là, face à moi. Le sol qui semble s’ouvrir sous mes pieds. L’éboueur qui montre un poing vengeur au chauffeur qui file. Le temps qui s’arrête.
Un soupir et c’est la vie qui reprend. Deux pas et je suis chez moi. Je laisse derrière deux types apeurés, qui ont soupesé un quart de seconde ce que ça aurait pu être « si… ».
Je suis une conductrice chevronnée, qui a longtemps préféré fouler l’asphalte que les trottoirs mal cimentés. Je sais ce que c’est d’être pressé, de ne pas toujours penser, de se croire seul sur la route. J’ai déjà failli renversé des gens. Parce que j’avais la tête ailleurs ou l’oeil sur l’horloge des retards. Mais cette fois-ci, ça aurait pu être moi. C’est une chose de se penser intouchable, immortel. Mais les autres ne le sont pas forcément. Surtout les cyclistes. Surtout les piétons. Surtout les bébés dans leurs véhicules de fortune.
Je portais ma fille en écharpe, elle était tout contre moi, son coeur contre mon coeur.
Mais elle aurait pu être dans sa poussette, loin devant moi. Loin devant moi. Sur sa route.
-Lexie Swing-
C’est traumatisant comme situation. Ca dure un quart de seconde mais un quart de seconde de trop, un quart de seconde qui semble s’éterniser. Plus de peur que de mal Lexie. Heureusement. Et le type a filé en plus, pauvre type quand même.
Oui pauvre type…
J’ai connu ça récemment avec ma fille de 5 ans, quelqu’un trop pressé pour nous laisser passer sur le passage piéton, avec notre lumière piéton respectée, il a pilé net devant nous mais si ma fille ne m’avait pas tenu la main ce jour-là et avait marché devant moi…
Moi aussi récemment, sauf que je me suis arrêtée et qu’il est passé. Je me demande même s’il nous a vus! Heureusement ma fille de deux ans et demi connaît bien les consignes de la garderie, elle m’a dit « attention les amis une voiture arrive on s’arrête » ;)
quelle frousse… Tu as un ange gardien bienveillant qui t’a protégé toi et ta puce….
bisous de réconfort
J’imagine la peur! Et la colère aussi. C’est con, mais quand on a les petits avec nous, on rage, la double dose de peur, quoi. Idiot, car évidemment, enfant ou maman-sans-enfant, personne ne doit passer sous une bagnole.
Je marche beaucoup ici et j’ai régulièrement des frayeurs avec les voitures qui tournent à droite au feu rouge ou qui entrent dans le flot de circulation en ayant les yeux sur la circulation, justement, et pas sur la conne de piétonne qui passe sur le trottoir. J’essaie toujours de croiser les yeux de la personne au volant, genre « coucou, je suis là! », de peur que la voiture accélère d’un coup. Mais ce sont des chars d’assaut les bagnoles des fois…
Avec Mark en poussette, j’ai eu des peur dans les parkings, les voitures qui débouchent sans prévenir.
Oh lala, c’est terrible, la vie bascule si vite. Quand je portais Michoco je pensais souvent au fait qu’il était mieux tout contre moi dans l’écharpe que loin, loin devant… J’espère que vous allez vous remettre de vos émotions, gros bisous
Oui je m’en suis vite remise et elle, elle n’a rien vu! Mais c’est certain que d’un côté ils sont plus en securité contre nous