Dans mon métier, j’ai la chance de croiser, rencontrer et interviewer des gens bardés de diplômes aux parcours souvent incroyables. Il y a les profils types, un bacc (équivalent d’une licence), parfois une spécialisation et hop sur le cheval du boulot. Et puis ceux qui ont pris quelques chemins de traverse pour arriver où ils en sont maintenant, le tout en ficelant bien serré un package de compétences comme seul le Canada sait le valoriser.
Mes préféré(e)s : ces femmes restauratrices anciennes sportives de haut niveau, ces fleuristes ex-partenaires d’affaires dans une banque de renom, ces juges anciennes professeures et ces instit’ ex-recherchiste pour des émissions de télé gros budget ou chargée de communication dans de grosses boites parisiennes (clins d’œil à mes copines ici).
J’aime ces femmes qui ont réussi à prendre des virages aussi improbables et physiquement dangereux que la trajectoire de leur Cessna le laissait supposer. Qui piquent du nez, et rétablissent l’altitude, qui prennent une accélération soudaine pour effectuer un looping parfait à la barbe des « je t’avais bien dit que … » et des non moins courants « quand on a un CDI on le garde ».
Il y a quelques jours j’ai décroché mon téléphone pour ce qui devait être une courte entrevue. Récompense au mérite, félicitations pour la belle carrière. J’ai peu d’infos, le web est muet et LinkedIn sourd à mes supplications.
Elle répond, enjouée. Elle me dit que oui, elle est contente quand même, elle trouve qu’elle a eu une belle carrière jusqu’ici. On ne se doute pas forcément de la portée de ce qu’on fait, quand on est dedans, ajoute-t-elle. C’est une ancienne directrice de club de sport, devenue avocate de haut vol. Qui a mis au monde 4 enfants, entre le début de son droit, et son assermentation.
Il y a cette autre, une femme, découverte sur Châtelaine. Qui a lâché le monde de la banque pour devenir fleuriste. Et tous ceux à qui je parle au quotidien, qui ont deux ou trois bacc, qui sont d’anciens sportifs, qui ont été chefs d’entreprise, qui font du bénévolat en plus de leur shift de juriste de 70h semaine. Ces gens inspirants, ces femmes qui soulignent toujours, avec de l’exaspération même parfois, qu’elles ont des enfants oui, mais qu’ils ont un papa.
Ces gens pour qui le temps semble sans limite et qui repoussent l’impossible aux confins du réel. Quand je les écoute, quand ils me racontent, je comprends qu’ils n’ont jamais entendu parler de voie tracée, qu’ils ont fait fi des prédictions, qu’ils ne croient pas aux certitudes.
Que la vie n’est qu’un poney de bois qui attend qu’on l’anime. Quelques cennes suffiront, et le reste suivra.
-Lexie Swing-
J’aime entendre ce genre de parcours :) Le mien a aussi ete un peu chaotique et n’a pas beaucoup de sens sur le papier. Mais alors qu’en France je pense que ca ferai tache, ici le fait que je m’y connaisse dans plein de secteurs differents est valorise :)
C’est exactement ça! Tu peux avoir été serveur et postuler conseiller et qu’on te dit « c’est bien vous avez l’expérience clientèle »
J’ai aussi un parcours assez improbable (curieusement, une license de Chinois ouvre peu de portes classiques!!). C’est vraiment l’une des choses que j’aie le plus ici, on peut sortir des sentiers battus en étant motivé. Je déteste la façon qu’on a de faire rentrer les gens dans les cases en France… BEP vente dans la vente, BEP supermarché en supermarché (oui, j’invente :lol:)
Je préfère penser qu’on est la somme de toutes nos expériences :-)
Et toi, ton parcours? Classique ou pas?
Plutôt normal côté professionnel : journalisme de terrain puis journalisme dans un média plus professionnel où j’ai tourné sur plusieurs postes avec toujours le même fil rouge (journaliste, redac chef, chef de pupitre bientôt). Mais j’ai une formation assez atypique comme toi. J’ai une licence en droit privé doublée d’une licence en droit anglo américain, puis une maîtrise en sciences politiques et un diplôme de l’iep de Toulouse car je suis entrée grâce à un concours passerelle en 4ème année. Après j’ai encore fait une formation en alternance en presse écrite / rédaction web :)) c’est pas que j’aimais tellement les études pourtant mais j’ai fait plus ou moins 9 ans poste bac lol
Waw mais c’est du sacré CV! En tout cas je trouve que les départs à l’étranger ouvrent la voie pour se réinventer. On élargit nos possibles et je me dis souvent que jamais je n’aurais trouvé des jobs aussi diversifiés en Belgique qu’ici et qui me correspondent mieux dans le fond..
Moi aussi parcours aux embardées – mais choisies et je crois à peu près bien contrôlées ;-) –
J’aime l’idée que l’on puisse se réinventer professionnellement !