Et puis changer de job

workJe n’avais plus le goût d’écrire. C’est parti comme ça, un soir d’été. J’avais quelques chapitres de mon projet de roman de côté, des piges à terminer, des articles de blogue commencés… Et j’ai perdu le fil, l’inspiration. L’ombre a envahi d’autres sphères, teintée de noir chacune de mes heures, rendant les levers difficiles, les matinées brumeuses, les après-midi ennuyeuses et les soirées interminables.

La fille qui vivait en apnée, c’était moi.

Ça m’a pris des mois de tâtonnement pour définir ce que je voulais vraiment faire dans la vie, de ma vie. J’avais fait 8 ans et quelques errements d’études pour sortir par la porte de service? J’avais l’impression de prendre la fuite et la tangente avec. Mais c’est finalement par la grande porte que je suis sortie, la tête haute, le souffle court mais le coeur déterminé.

Il m’a suffi de fermer ce chapitre-là de ma vie pour retrouver la lumière. Ce fut aussi instantané que déconcertant. Le poids est tombé de mes épaules sans bruit et il a disparu.

Ce que je fais désormais n’a rien à voir avec ce que je faisais, ce que j’avais créé pour moi comme vie professionnelle. C’est un monde étranger où tout est à réinventer.

3 ans, c’était assez pour une première fois, pour une première expérience, pour un premier souffle. Il était temps que je le reprenne, mon souffle, et que je saisisse un nouveau tremplin. A quelques jours de Noël, alors que la fête bat déjà son plein, c’est le coeur trépidant que j’ai franchi lundi matin les portes de mon nouveau bureau.

Etait-ce assez, 3 ans? Je trouvais que mon expérience avait acquis l’étape de la maturité, de l’âge adulte. Mes compétences étaient transférables alors j’ai joué mon joker pour rejoindre un métier nouveau et une vie différente. Je suis née dans un monde où tout cela ne faisait pas partie du domaine des possibles. Passer du journalisme à la communication était déjà en soi considéré comme une traîtrise absolue. Mais le Canada n’est pas la France. Et j’ignore s’il existe encore un rêve américain, mais il existe peut-être bien encore un rêve canadien, où il est encore permis de croire que le diplôme ne fait pas la vie professionnelle et que les compétences accumulées valorisent un bon CV.

On devrait tous avoir la chance de casser la routine et de changer de perspective, de rêver un peu grand et de briser le moule. De s’octroyer le droit de croire que l’on est un peu plus qu’un ingénieur, qu’un communicant, qu’un prof, qu’un avocat. Qu’on est un professionnel, avec son gros bagage et sa capacité d’apprentissage. Qu’on ne deviendra pas chirurgien demain, mais qu’on peut au moins essayer.

Un jour, dans six mois, un an, je vous raconterai. Je vous dirai la description de poste qui matchait à 99% avec la liste du poste idéal que j’avais griffonné sur une page blanche. Je vous dirai le coup de poker et l’atout abattu pour décrocher cet emploi qui ne m’attendait pas. Je vous confierai les mois d’incertitude et les multiples phases de la reconstruction. Je vous conterai mon coeur qui bat et mon esprit qui rigole nerveusement lorsque je suis une conversation en franglais, et mon impression de vivre enfin pour de vrai une job québécoise.

Je vous avouerai si j’ai fait le bon choix, si la lumière a demeuré ou si elle continue à vaciller, au gré de mes incertitudes.

Je peux cependant vous ouvrir un peu du recul que j’ai pris : on ne vit bien qu’en avançant, qu’en prenant des risques. Si les minutes à s’interroger sur le bien fondé de son cheminement professionnel prennent le pas sur le temps passé à apprécier son travail quotidien, alors le moment est venu de se demander, vraiment : je veux faire quoi, demain?

-Lexie Swing-, back in the game

 

24 réflexions sur “Et puis changer de job

  1. Je te souhaite bonne chance dans ta nouvelle vie professionnelle! C’est marrant, ici (= dans mon milieu, à Ottawa) presque toutes les équipes de communication sont composées d’anciens journalistes, voire d’anciens de la radio.

    Et je crois que c’est sain de changer quand on en a marre. Rien de pire que de détester son job…

    Bon, ben on se reparlera hein, vu qu’on va baigner dans les mêmes milieux ;-)

    • Oui au Canada ce n’est pas rare du tout pour un journaliste de faire aussi de la comm, des relations publiques, etc :) je suis passée en recrutement pour ma part, le grand bond en avant! (Cette expression me fait penser à un livre sur la Chine!)

  2. Il n’y a pas de mauvais choix quand on s’écoute soi, ses besoins et limites, si le besoin de changer d’air professionnellement était là, ton prochain job ne peut être qu’expérience. Oser, ca fait qu’on ne s’encroute pas dans un confort inconfortable par peur du changement. J’espère que ce nouveau défi rencontrera tes attentes et si ce n’est pas le cas il sera toujours temps de changer encore et encore 😊

      • Je suis toujours en congé de maternité et je viens d’apprendre que la reprise de mon job précédent ne sera pas possible. Donc en pleine réflexion également pour une réinvention 😊 je pense me former à de nouvelles compétences en e-learning car avec ma formation initiale je pense avoir fait le tour de question des jobs dispo au Qatar. J’hésite à changer complètement de voie ou rester dans le domaine de l’éducation..donc là où je suis c’est en pleine mutation lol mais je trouves ces phases de préparation et incertitudes plutôt excitantes alors ça me va. Je suis juste un peu angoissée par le vide donc je veux être dans un nouveau projet quand ma deuxième n’aura plus (moins) besoin d’être pouponnée.

  3. Bravo pour cette nouvelle aventure! Je m’incline devant ton courage et te souhaite de trouver ton bonheur dans cette nouvelle voie! 😄 Et je me réjoui déjà de lire ton récit dans 6 mois! Belle journée 😘

  4. L’année 2016 est au changement on dirait ! :-) Et je te souhaite que 2017 te conforte dans le fait que tu as fait le bon choix… sachant qu’un choix est toujours bon quand on le fait soi-même :-)

  5. Je suis contente que tu as fais ce choix Lexie et je te souhaite de belles choses dans cette nouvelle voie. Changer c’est possible mais faire le pas vers ce choix n’est pas toujours chose aisée. Et pourtant quelle libération une fois que c’est fait!

  6. Tu ne peux pas savoir à quel point, tes mots tombent juste au moment ou j’avais besoin de les entendre. Aujourd’hui même, je vais savoir si j’ai toujours un travail (job qui me ronge de l’intérieur depuis 3 ans), au fond de moi j’espère que non afin de me donner le courage nécessaire de faire autre chose. Je te souhaite bonne chance pour cette nouvelle aventure, hâte de lire ton récit dans 6 mois ;-)

  7. Bravo, c’est top pour toi
    Pour ma part j’apprecie vraiment le fait qu’ici on puisse transitionner et que les competences soient bien plus valorisees que le diplome.Ca m’a permis de faire pleins de choses differentes :)

  8. Bravo pour ce changement de cap ! Ca va te faire un bien fou, il faut bouger quand on sent l’ennui, si c’est possible, enfin ce n’est pas moi qui dirait le contraire. Bonne route :)

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