Fini le pouce!

Miss Swing suce son pouce depuis la nuit des temps, ou depuis ses premières nuits, c’est selon. Un acte pour lequel j’ai développé une véritable relation d’amour-haine.

Car le pouce était tantôt salvateur, tantôt obstacle (à la parole) et danger (pour les dents et la mâchoire). Il était le doudou facile que l’on a toujours avec soi et derrière lequel elle se cachait volontiers.

Après le tome précédent (« Sus au pouce ») et quelques jours durant lesquels le pouce avait été pourvu d’un pansement tant il était abîmé (le fameux duo « hiver + salive »), nous avions finalement laissé les choses suivre leur cours et Miss Swing reprendre son pouce bien-aimé.

Et puis en décembre dernier, sa nouvelle éducatrice, dans son nouveau CPE, nous a envoyé un courriel. Quelques mots avec lesquels elle soulignait que le pouce devenait un handicap. B. se cachait derrière, s’empêchant parfois de répondre. Plus encore, et nous l’avions remarqué durant ses cours de karaté, la succion entraînait invariablement une perte de concentration. Le pouce bien vissé dans la bouche, Miss Swing quittait le monde réel, allant jusqu’à oublier ce qui se tramait devant elle: prof, parents, petite sœur ou danger.

Alors avec son accord nous avons pris les devants. Nous avons demandé à notre grande fille quelle pouvait être la bonne solution selon elle pour arrêter le pouce. Les menaces n’avaient pas marché, il fallait passer au plan d’autonomie et de responsabilisation.

Finalement c’est en repensant à la précédente réussite des pansements que nous avons imaginé une solution plus durable : le gardien de pouce, ou cache-pouce, ou « le machin pour le pouce » comme il a bien sûr fini par s’appeler chez nous.

Un objet certainement facile à réaliser mais pour lequel j’ai préféré me tourner vers une couturière d’Etsy. Nous avons soigneusement pris les mesures, Miss Swing a choisi le tissu – la Pat’Patrouille – et nous avons commandé le précieux.

J’ai poussé un soupir de soulagement en ouvrant le paquet et découvrant que ledit cache-pouce arborait Rocky, chien préféré parmi la gang. La première partie allait en être grandement facilitée.

Miss B. était ravie de son nouvel objet. Elle l’a enfilé rapidement et conservé la journée et la nuit durant. Au moment d’aller à la garderie, elle a connu une hésitation, craignant qu’il se salisse ou, je pense, que l’on se moque un peu d’elle. Finalement, et comme je le lui avais prédit – ses amis ont été plutôt envieux de cette demi mitaine d’intérieur à l’effigie de leurs héros préférés. Et la machine s’est enclenchée.

Trois semaines plus tard, alors qu’elle avait oublié de le mettre pour dormir, j’ai réalisé qu’elle s’était endormie la main sous l’oreiller. La journée, le geste de porter le pouce à sa bouche s’interrompait généralement à hauteur d’épaule, ou bien les doigts venaient toucher son visage, pensivement. Mais la succion avait disparu.

Peu à peu, elle a commencé à oublier de le porter et nous avons oublié de lui rappeler. Nous sommes un mois et demi plus tard et désormais le cache-pouce dort avec le pyjama. Elle l’enfile le soir venu, mais plus jamais à la garderie ou la journée.

A refaire, nous en aurions plusieurs. L’avoir fait faire nous en a empêché – question de prix – mais si la création avait été de moi, j’aurais probablement multiplié les cache-pouce pour en disséminer dans plusieurs sacs et lieux, et éviter les oublis à la garderie (une chaussette ou un gant d’automne font alors le boulot !).

Mais c’est une solution facile qui – si l’enfant est prêt et partant – est une bonne manière selon moi de l’aider à arrêter, en douceur et en le responsabilisant.

Et puis, je ne vous ai pas dit… Nous avions lancé le projet avec la promesse d’un cadeau de grande, si d’aventure elle parvenait à arrêter de sucer son pouce. Chose promise est donc due : Miss Swing a passé sa première nuit dans son lit en hauteur. A voir son sourire en le découvrant, le jeu en valait visiblement la chandelle.

Quant à sa façon d’être, elle a évolué elle aussi. Elle est toujours rêveuse mais définitivement plus présente, plus dans la réalité. Elle s’affirme également plus, parlant d’une voix plus forte, se mettant moins en retrait. Le CPE, le karaté, et peut être un peu nous aussi, y ont contribué. Et puis surtout elle, en relevant le défi avec brio.

-Lexie Swing-

Crédit photo : Lexie Swing

12 réflexions sur “Fini le pouce!

  1. Bravo ! Pas facile le pouce. J’ai gardé le mien jusqu’à 6 ans ;-) Nous ici c’était la suce que je ne voulais plus voir… Cette année, le Père Noël est reparti avec la suce, après avoir laissé un cadeau sous le sapin. Je ne pensais jamais que ça allait fonctionner, mais oui !!! Ça ne venait pas de moi (mais du Père Noël) alors punaise a surmonté l’épreuve sans rien dire. J’hallucinais ! – Maman, elle est où ma suce ? Ah oui, c’est le Père Noël… (Pauvre cocotte, si elle savait ;-)

  2. Oui mais voilà. Paddy arrive ta,ta,ta ! Alors lui qui a sucé son pouce jusqu’à 11ans est votre ennemi déclaré pour 3 semaines. Bourreaux d’enfants 😂😂😂

  3. Très jolie histoire d’une petite fille qui accepte de grandir et de laisser derrière elle ce refuge de bébé pourtant si rassurant. Mon fils que l’on pensait très attaché à sa suce l’a arrêtée très facilement et du jour au lendemain. En ce qui concerne ma fille qui aura 2 ans en mai, point de suce ni de pouce mais sa langue!! Oui c’est très étrange et avant elle je n’avais jamais vu cela, ma fille tète sa propre langue! C’est déjà un problème chez nous car sa mâchoire et ses dents sont déformées (ses dents du bas passent devant celles du haut) Exactement comme c’était le cas pour ta fille, quand elle se met à téter sa langue, elle est complètement absente. Bien souvent elle le fait quand elle est fatiguée mais aussi dans des situations qui l’intimide, quand il y a beaucoup de monde ou des inconnus. Dans un de ces moments-là, à une heure du conte, j’ai fait l’expérience de pousser doucement sa langue dans sa bouche 2 ou 3 fois de suite et c’est comme ci je l’avais sortie de son mode veille, comme si elle s’était « rallumée », elle s’est soudainement mise à faire les mouvements de la comptine et à interagir avec les autres enfants. J’ose à peine imaginer la difficulté que nous allons avoir pour lui faire arrêter cela, il faudra inventer nos propres solutions (celle du cache pouce étant difficilement applicable à notre cas!)

    • J’avais vu le témoignage d’une maman qui, pour faire arrêter le pouce, avait eu recours à une sorte d’appareil dentaire. Selon son témoignage elle disait que l’enfant était vraiment partant donc il avait accepté l’installation de l’engin. Je suis sûre qu’il existe des solutions de ce type qui pourraient donner un peu d’aide (j’allais dire « un petit coup de pouce » lol) à ta fille

Répondre à lexieswing Annuler la réponse.

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s