Dans mes bottes d’hiver

On lit beaucoup de choses quand on immigre au Canada. On apprend l’été indien, on s’interroge devant les expressions, on s’impatiente devant l’incroyable nature. On ne sait pas vraiment, en revanche, le quotidien. Ça ne peut pas vraiment se raconter, le quotidien, ça ne peut pas vraiment se décrire. Surtout le quotidien d’hiver. Cette saison qui commence parfois dès novembre et s’attarde jusqu’en avril. Ces mois passés bottes de neige aux pieds et manteau de ski long sur le dos. Six mois durant, la masse est faite de silhouettes vaguement informes, épaissement vêtues et coiffées de bonnets sombres. Au diable l’accoutrement, le but est de survivre face à un ressenti -30 au petit matin sur le quai d’une gare de banlieue. Un quai de plein pied, ouvert aux quatre vents, parfaitement bucolique, cruellement froid. 

6 mois où la neige ne quitte plus le jardin, où l’herbe s’endort sous son chaud manteau. 6 mois où l’on paie le déneigement après avoir difficilement tenté de le faire soi-même et avoir renoncé à la 18ème tempête de neige de janvier, quand il n’est plus possible  de dépasser l’entrée du garage parce que la neige s’en vient jusqu’à la taille. 

Des semaines à patiner sur le lac, à descendre les cotes des parcs en luge, ou même l’allée du garage ! Des week-ends à sortir les raquettes, les fatbikes et les skis. Une vie à mi-chemin entre la ville où nous travaillons et les pistes de ski du mont qui surplombe la maison. 

Le matin, droite dans mes bottes, et frissonnant dans mes collants, je ferme les yeux. La lumière, cette  luminosité incroyable propre au grand froid, baigne nos visages endormis. Sur le quai de la gare, luttant contre le vent, je fais des ronds blancs de froid dans l’air qui se blanchit. Respirer chaque seconde, pour ne jamais oublier sa chance de se trouver ici. Il faut la mesurer, sa chance. Elle nous tiendra chaud cette semaine : les -20 s’annoncent déjà. 

-Lexie Swing-

11 réflexions sur “Dans mes bottes d’hiver

  1. Je grelotte rien qu’à lire…. On me demande souvent quand on apprend que mon mari a la double nationalité et qu’il est aussi canadien, pourquoi on ne part pas y vivre ? 1, je suis bien à Paris et pas loin de ma famille et 2 j’ai horreur mais horreur du froid. Alors 6 mois d’hiver non merci. Par contre j’adore te lire bien au chaud.

      • Non, car il n’a pas de famille. Il est né à Calgary car ses parents étaient expats à l’époque… Mais j’aimerais bien faire une boucle New York/Montréal en été

  2. Je trouve aussi qu’il y a une certaine magie de l’hiver, qui certes et un peu difficile a voir après 6 mois sous la neige a cailler, mais qui est bien la, dans cette luminosite particuliere et ce silence qui vient après la neige.
    J’avoue, deneiger ne me manquera pas!
    Il est beau ton chien dans la neige

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