Des repas pour enfants : idées pour boîtes à lunch

La différence entre les pays anglo-saxons et la France, côté écoles, c’est la sacro-sainte tradition du lunch à préparer tous les jours d’école que compte cette vie. Avoir un jour férié ou une « pédago » chez nous (jour où les profs sont en formation) est avant tout l’occasion de gagner 15 précieuses minutes sur sa routine.

B. est l’école depuis 5 ans, nous sommes relativement rompus à la tradition de la boîte à lunch, surtout que l’enfant est picky à souhait. Laurence, qui vit la même réalité à l’autre bout de la planète, m’a suggéré d’en faire un article. Je vous propose donc qu’il soit participatif : si vous avez d’autres idées, conseils et suggestions pour tous les parents de ce monde qui découvrent, légèrement angoissés, qu’ils vont devoir préparer un lunch à leur progéniture cinq jours par semaine, écrivez un commentaire et j’ajouterai vos propositions.

La boîte version déstructurée

C’est probablement ce qu’on voit le plus sur les réseaux sociaux : des boîtes compartimentées, chaque emplacement étant rempli à ras bord d’un met de choix. Se côtoient donc des raisins, des crackers, du cheddar, des mini-tomates et de la tartinade. C’est pas vraiment un lunch, c’est un apéro-dînatoire. Sortez-moi le spritzol et qu’on n’en parle plus. Si votre enfant a un appétit de moineau et une liste d’ingrédients plus restrictives qu’une liste d’admission à Centrale, la boîte à compartiments est faite pour vous.

Ma boîte : une version santé de l’apéro de la veille avec craquelins, hummus, petits légumes, yogourt relevé d’un peu d’épices pour jouer le rôle de trempette et rouleaux de tortillas.

La boîte sandwich / cake / quiche, pour une prépa facile

Personnellement, c’est ma proposition gagnante. Un sandwich ou une part de cake salé, ça se prépare à l’avance, ça se mange facilement et avec quelques légumes dans un moule en silicone recyclé en compartiment, ça fait une boîte zéro culpabilité parentale.

Ma boîte : une part de cake aux olives, un demi-poivron coupé en tranches, deux tomates cerises et quelques rondelles de concombre. Ceux qui vivent dangereusement rajouteront une petite trempette sortie de derrière les fagots. L’option sandwich gagnante ? Le sandwich aux oeufs (un oeuf dur écrasé, mélangé à de la mayonnaise, agrémenté de ciboulette et tartiné entre deux tranches de pain).

La boîte « restants de la veille »

C’est la boite préférée des parents d’enfants qui mangent tout. Un restant d’endives au jambon? Ça fera la job! Une part d’aubergines à la parmegiana? Parfait pour la semaine du goût. Un osso-bucco? Non je plaisante. De notre côté, les restants ont moins la côte, surtout chez la plus grande, qui jure ses grands dieux que le thermos rend les pâtes « moueuses » et le riz collant. À sa décharge, la nourriture sortie du thermos me rebute quelque peu. Quelques plats, cependant, remporte encore les suffrages, comme le riz aux légumineuses ou les lasagnes végés.

Ma boîte : le restant de couscous – l’enfant grand veut la semoule, les pois chiches et la courgette, l’enfant petit veut la semoule, les saucisses et tous les légumes, mais surtout pas les pois chiches. C’est un casse-tête innommable mais une bénédiction pour mon sens aigu de l’auto-approbation parentale qui y voit un repas sain, économique et écologique. La personne en charge du ménage à l’école me maudit, par contre, rapport à la semoule que rien ne décolle du plancher, pas même la langue du chien.

La boîte « touski »

Le touski, au Québec, est le raccourci de « tout ce qu’il y a (ou reste, traîne, etc.) », généralement dans ton frigo. C’est une boite à lunch du vendredi, quand tu épures les rayons ou que tu pries pour trouver quelque chose à mettre sur la dernière tranche de pain. Les enfants raffolent du touski car il fait la part belle aux associations improbables, au mépris du bon sens et de l’équilibre. Le sandwich beurre-brie-vieille feuille de salade accompagné de ses tomates raisins flétries est un touski qui s’apprécie. Au même titre que le pâté chinois à la sauce bolognaise.

Ma boîte : une brouillade d’oeufs agrémentée des vestiges de la semaine, soit trois bouts de feta, une demi-tranche de jambon ou cinq rondelles de saucisse végé, deux ou trois mini-tomates, les derniers morceaux de poivrons, etc… On accompagne de quignons de pain presque rassis vu qu’on est vendredi, et on envoie le tout en se prenant pour la future génération de Top Chef (ou l’ancienne génération vu que, on n’a plus 20 ans non plus) (enfin bref).

La boîte « tortilla tu rempliras »

Pour donner à l’enfant l’illusion de l’autonomie, on peut lui proposer une tortilla en kit. On met tous ses ingrédients préférés dans une boite compartimentée, on glisse une tortilla dans un petit sac à sandwich et on le laisse créer le mélange de ses rêves. Montessori à souhait, mais peu de chance qu’il mange dans les 15 minutes imparties. Tant pis, on ressortira les restes pour le goûter.

Ma boîte : une mayonnaise, du hummus ou du fromage frais pour étaler, des poivrons coupés en lamelles, une feuille de salade bien craquante, un oeuf dur en rondelles et quelques morceaux de fromage. Il y a peu de limites et beaucoup de satisfaction.

La boîte « soupe » ou « salade »

Le palais des enfants est surprenant. Il rêve de frites mais ne cracherait pas sur une petite soupe maison au retour d’une froide récréation. Un thermos de soupe, c’est un indispensable des lunchs d’hiver au Québec, surtout pour les estomacs de moineaux. On rajoutera une belle tranche de pain beurrée au besoin, voire un sandwich complet, pour les gourmands. Côté salade, pour peu que l’on mélange quelques ingrédients favoris, on peut facilement avoir un beau succès, genre salade de pâtes ou de riz. On y cache des légumes et du fromage, on nappe de sauce pour les plus difficiles, et hop, un repas quasi santé.

Ma boîte : une salade de boulgour, radis pas trop piquants, tomates, concombres, feta, avec une sauce au yogourt bien fraiche. Un succès jamais démenti à ce jour.

Quelques inspirations

Il y a des gens qui ne voient pas ça comme une punition divine, le fait de préparer quotidiennement le lunch des enfants. J’en tiens pour preuve toutes ces petites vidéos de gens qui publient quotidiennement des lunchs élaborés à base de bonhommes sourires découpés dans du pain de mie et de cheddar en forme de ciel étoilé.

Si vous cherchez des idées de repas pour enfants pas trop saugrenues, voici des propositions :

Partagez-moi vos idées! Est-ce que vous aussi vous commencez à manquer d’inspiration? Vos enfants sont-ils picky ou reviennent-ils le ventre plein et la boite vide? J’ai bien hâte de savoir comment ça se passe chez vous!

-Lexie Swing-

Trois jours à l’auberge du Lac-Taureau (Lanaudière)

Durant nos congés de fête, nous avions prévu de rester l’ensemble des vacances à notre domicile pour se reposer et profiter des environs. Seule exception : les trois jours réservés à l’Auberge du Lac-Taureau entre Noël et le jour de l’an. Ça faisait longtemps que l’auberge nous attirait : de belles activités, un domaine au bout du monde et la possibilité d’emmener son chien. Puisque nous n’avons désormais plus que Poppy, nous avons pu charger la voiture en conséquence et prendre la route pour Lanaudière.

2h45 plus tard, après une pause pipi dans la neige et beaucoup de monde sur la route, nous avons atteint le village de Saint-Michel-des-Saints. De là, ce sont encore vingt minutes de route qui sont nécessaires pour atteindre l’auberge, située aux tréfonds du domaine du Lac-Taureau. Le bout du monde, on vous dit.

Quand nous arrivons, la nuit est tombée et la fatigue se fait sentir. Nous débarquons enfants, chien et bagages sur le stationnement tout proche, avant de pointer à la réception. De là, on se dirige vers l’aile réservée aux chambres canines, où nous sommes accueillis par un petit pitou qui aboie furieusement dans la chambre à-côté. La porte poussée, nous découvrons la même chambre que sur les photos : deux grands lits, de jolis mots au mur, une petite salle de bains très propre. Le tout semble cependant quelque peu obsolète et dû pour des rénovations, que je me verrais plus tard confirmées comme étant à venir. La chambre est au rez-de-chaussée et donne sur l’allée qui serpente autour de l’auberge et sur une petite terrasse qui doit être fort agréable à la belle saison. La porte fermant mal, le sol est cependant gelé et nous sommes contraints de coucher Poppy en hauteur pour qu’elle ne gèle pas sur pied pendant la nuit. Un aller-retour au village plus tard, nous soupons sur le pouce et profitons d’un repos bien mérité.

Jour 2

Le lendemain, nous nous réveillons avec enthousiasme. Le site regorge de belles activités et nous sommes curieux de voir ce que nous pouvons explorer. Je sors promener Poppy, qui étrenne ses toutes nouvelles bottes, et tombe nez-à-nez avec une meute de chiens de traîneaux solidement harnachés. A peine le temps de nous jeter sur le bas-côté, et les voici qui nous dépassent en trombe, galopant sur la plage du lac, recouverte de neige. Remises de nos émotions – nous n’étions pas sur le bon chemin, d’où la rencontre impromptue – nous entrons dans l’espace dédié aux locations, Poppy faisant sensation avec ses bottes, son manteau et les tremblements qui se manifestent dès que quelqu’un la regarde de (trop) près. Le personnel nous confirme alors ce que nous espérions : beaucoup de locations sont gratuites, comme les skis de fond, les raquettes, les tubes de glisse ou encore les patins. Les fatbikes sont payants, mais à un prix très accessibles, et seules les sorties en motoneige et en traineaux à chiens restent une dépense conséquente pour qui souhaite vivre la grande aventure. De notre côté, rien de si fou. Notre sortie en traîneaux à chiens est prévue pour plus tard dans l’hiver et les motoneiges ne sont guère autorisées aux mini-pouces qui nous accompagnent.

Revenues à la chambre, Poppy et moi déjeunons enfin, avant de repartir toute séance tenante : ce matin, ce sera raquettes ! La chienne sera de la partie – sa présence est la bienvenue sur les sentiers en autant que l’on ramasse ses crottes – et nous sommes rapidement sur le chemin pour notre première balade. J’ai moi-même fixé les raquettes sur les pieds des enfants, et me trouver ainsi agenouillées à tenter de négocier la position de leur pied tandis qu’elles persistent à me parler d’autre chose, le nez en l’air, me rappelle avec nostalgie ces moments où je tentais de clipper mes chaussures à mes skis, sous la direction de mon père, qui tapait vigoureusement pour faire tomber la neige qui, coincée dans les recoins, persistait à bloquer le mécanisme.

La balade est belle, entrecoupées de photos et de plaintes de Tempête qui ne voit pas l’intérêt de marcher ainsi à travers la forêt. Elle se fait plus difficile lorsque la neige se fait plus épaisse et le vent plus fort, nous contraignant à rebrousser chemin. Nous revenons finalement, émerveillés par la plaine de neige qui s’étend à perte de vue. Les promeneurs se font rares et le sentiment d’être minuscules face à l’immensité, bien réel. Après avoir reposé le matériel, nous filons au pub-restaurant ouvert sur l’heure du midi. La file est un peu longue mais une table se dégage finalement pour nous. Au menu, poutines et bières, forcément. Nous ne sommes pas devenus Québécois pour rien. Après ce repas réconfortant et une longue pause, nous repartons pour le centre de location pour nous équiper, cette fois, de ces énormes tubes qui permettent de glisser en toute sécurité sur les pentes aménagées.

Poppy est embarquée malgré elle dans l’aventure et c’est cahin-caha que nous rejoignons les pentes indiquées. En fait de pentes, une seule longue piste a été creusée pour l’occasion. A l’abri des regards, elle est pentue à souhait et permet aux plus rapides (et plus lourds) d’entre nous, de s’arrêter sans encombres grâce au tas de neige accumulé pour l’occasion. Dès le premier test, la chienne saute en marche, galopant à perdre haleine dans mon sillage et bondissant dans mes bras à l’arrivée. Rapidement, la nuit qui tombe éloigne les rares familles qui s’étaient attardées, nous permettant de jouir sans retenue de la piste.

A notre tour, nous quittons finalement les lieux, retraversons la zone abritant les chiens de traîneaux où je supplie Poppy de se taire, de crainte d’une embuscade canine, et nous rejoignons notre chambre. Chose promise, chose due : c’est en maillot que nous en ressortons finalement, pour emmener notre petit monde à la piscine intérieure de l’auberge. Nous arpentons les couloirs en peignoirs, pour le plus grand ravissement des filles. À la piscine, l’eau est « bonne », donc trop froide pour moi. Heureusement ce n’est pas le cas des bains extérieurs et du jacuzzi, dans lequel je choisis de me prélasser en évaluant mentalement combien de temps me serait nécessaire pour m’en extirper si quelqu’un coulait. Après une heure et mon jacuzzi envahi par trop d’enfants (deux, mais gigotant), nous retrouvons la chambre, pour grignoter un souper sur le pouce avec les restants du supermarché de la veille. Fin de soirée oblige, nous décidons de jouer les prolongations au bar, où les enfants sont les bienvenus et nous offrent, console à l’appui, une pause alcoolisée bien méritée.

Jour 3

Au diable l’avarice, le jour 3 est celui où nous décidons de tenter le petit déjeuner de l’auberge. La salle à manger, pourvue de grandes fenêtres, est très lumineuse, et la pièce décorée de peintures autochtones. La serveuse qui nous installe gagne facilement le coeur des filles en leur ramenant des chocolats chauds, agrémentés de crème fouettée. « Ça, c’est vraiment les vacances », déclarera l’une d’elle, avec de la crème jusqu’aux sourcils. Le petit déjeuner fait le bonheur des enfants, rapport au fait que c’est un buffet et qu’il y a un monsieur qui peut te préparer des crêpes ou des omelettes à la demande. Le point d’orgue n’est pas la délicieuse omelette fromage-champignons mais bien les céréales Lucky Charms édition spéciale en libre-service. Chacun son palais.

L’estomac bien rempli, nous enfilons nos vêtements d’hiver pour notre première sortie familiale en skis de fond. Mon amoureux et moi faisons des démonstrations d’emboitage de skis de fond, qui ne remportent que peu de succès. Les genoux une nouvelle fois dans la neige, nous guidons donc les souliers dans les fixations, avant de prendre la route, Tempête en tête. L’esprit de compétition de cette enfant étant sans faille, elle met tout son coeur à rester la première, avançant avec entrain et tombant avec le sourire. La balade est agréable et personne ne râle, sauf moi (parfois), quand je dois déchausser pour tracter les enfants dans les côtes. Force est de constater que le ski de fond, c’est super sur le plat, challengeant dans les montées. Suis-je tombée en descendant des pentes à (très) faible dénivelé ? Absolument. Ai-je accusé la ridicule étroitesse de mes skis ? À 100%.

A notre retour, je vais faire un tour au centre de soins pour voir si des places de dernière minute sont disponibles. Rien du côté des massages, qui se réservent plusieurs jours à l’avance, mais les chaises longues du « Neurospa » sont libres. Le concept est simple : de la musique dans les oreilles, un bandeau sur les yeux, et des mouvements du siège censés rendre possible la relaxation. Je suis sceptique, mais je ne suis jamais contre un moment pour moi-même. Je m’équipe, je ferme les yeux, et après je ne sais pas, car je me réveille brutalement trente minutes plus tard. Mission accomplie. Je rejoins la chambre afin de délivrer mon amoureux, qui regarde un Astérix en famille et prend le relais tandis qu’il part arpenter les environs au pas de course.

Dans l’après-midi, nous décidons de faire un essai sur les patinoires extérieures aménagées. La glace est assez abîmée et difficile à pratiquer, mais le plaisir est là. Au milieu de nous, de petits groupes tentent leur chance, le nez penché sur des lignes destinées à la pêche blanche. En fin de journée, nous quittons l’auberge afin de faire route vers le village de Saint-Michel, toujours situé à 20 minutes en voiture. Notre objectif : le Bistro des Saveurs, où nous avons réservé une table. Il y a quand même un bel achalandage pour le jour de la semaine, la nourriture y est bonne et le personnel très sympathique. Un endroit à recommander, certainement. Nous retrouvons l’auberge et profitons de notre dernière soirée, au coin du feu, sous la neige qui tombe abondamment.

Le lendemain, c’est déjà le départ pour nous, non sans avoir une dernière fois fait un tour au buffet du petit déjeuner, Lucky Charms obligent. On repart enchantés, ressourcés, et avec plein d’idées d’activités à faire pour l’hiver.

Vous aimeriez passer quelques jours au Lac-Taureau ? Voici quelques infos utiles :

  • Le Lac-Taureau est situé à environ 2h20 de Montréal, dans la région de Launaudière.
  • Nous avions choisi un forfait chambre + accès villégiature, qui nous donnait ainsi accès à un certain nombre d’activités gratuites, comme le ski de fond, le patin ou les raquettes. Le matériel est alors prêté gratuitement.
  • Les chiens sont autorisés à de nombreux endroits dans l’auberge et sur le domaine. Les chambres canines sont peu nombreuses, alors ne réservez pas trop tard ! Un maximum de deux pitous par chambre est autorisé.
  • Lors de notre séjour, en décembre 2022, un manque de personnel a conduit l’auberge à restreindre son offre de restauration. Le petit déjeuner et le souper étaient alors offerts en buffet, pour un coût de 22$ par adulte pour le déjeuner et de 43$ par adulte pour le souper. Les enfants paient moitié prix. Le midi, c’est le pub-restaurant qui offre un service de restauration. Il est également ouvert en soirée, mais principalement pour boire des verres.
  • Des rénovations sont déjà en cours et plusieurs autres sont attendues.
  • Une salle de jeux est disponible pour les enfants.
  • La ville la plus proche est à 40 minutes aller-retour – comptez une heure si vous le faites comme moi de nuit, en pleine tempête.
  • Outre les chambres, d’autres types d’hébergements sont proposés sur le domaine : les condos, les chalets et les Coolbox.

Alors, séduits ? Connaissez-vous des endroits similaires qui offrent l’opportunité de tester plusieurs activités ? Je veux TOUT savoir.

– Lexie Swing –

Crédit photo : Lexie Swing

Le dixième hiver

Dix hivers, voici le temps que nous avons déjà passé sur ce côté-ci de la planète. Il y a eu des tas de changements, de belles évolutions et notamment l’obtention de la citoyenneté canadienne pour nous trois (Tempête l’avait de naissance, à sa grande fierté), mais cette simple idée me stupéfie : une décennie d’hivers.

Je me souviens avec précision des blogs que je lisais à l’aube de notre immigration. Je découvrais les mots de Français qui, avant nous, avaient fait la grande traversée. Ils étaient installés depuis quelques mois, ou déjà plusieurs années pour certains. Mon goût pour l’aventure dans l’habitude – tout un concept – me donnait l’envie de pouvoir moi aussi être de ceux qui ne sont plus dans la nouveauté, mais bien dans une forme d’habitude confortable donnée à ceux qui ont l’expérience des années. Sans surprise, beaucoup des gens que je lisais alors ont cessé de partager sur leur immigration, et plusieurs sont même repartis en France, depuis. Moi, je m’inscris désormais dans une décennie saisonnière. L’hiver est revenu et je ne cesse de m’en émerveiller. Mais que retire-t-on finalement, de l’expérience des hivers passés ?

Le froid est relatif

Le Québec est une province où il fait froid vivre, bon vivre mais fraîchement donc. La neige y est abondante, l’hiver est long et -20 degrés Celsius est une température relativement commune. Le pire, ce n’est pas la température affichée, c’est son ressenti. Un -10 degrés peut te transformer en glaçon si le vent est de la partie. A l’inverse, un -15 degrés bien sec passe relativement bien. La légende dit qu’un gars croisé dans le Nord du Québec a juré ses grands dieux (ou pas, parce qu’on ne fraye pas trop avec la religion icitte) qu’il avait eu plus froid un automne en Bretagne qu’au Saguenay (Québec) en plein hiver.

Être habillé comme si tu allais au ski est commun

Ce que j’aime dans notre petite ville de banlieue, c’est que lorsqu’elle se pare de son manteau neigeux, elle ressemble volontiers à ses petits villages de station que l’on trouve dans les montagnes françaises. On y croise des gens qui soufflent au dessus de chocolats chauds fumants, de la neige sur les trottoirs et surtout, des tuques et bottes de neige en abondance. L’habillement complet comprend donc la tuque et les mitaines (le bonnet et les gants, en France), de grosses bottes chaudes qui accrochent bien sur la neige et un bon cache-cou. Personnellement, je ne pars jamais en forêt l’hiver sans mon pantalon de neige, soit un pantalon de ski, que j’enfile par dessus des leggings. Pour les enfants, c’est l’habillement quotidien, récréation oblige. Autant dire qu’après 4 mois d’hiver, tous les parents du Québec lorgnent avec espoir sur la remontée des températures.

-30 degrés Celsius ce n’est pas si intense

Rapport au premier point, le froid est relatif. Les habits sont faits pour lutter contre le grand froid mais face au froid sec, le corps est finalement relativement résistant. Ainsi, lors de notre premier hiver, nous avons passé le 31 décembre dans un chalet pourvu d’un spa. Pour rejoindre celui-ci, il suffisait d’enfiler son maillot, et de traverser la cour au pas de course pour sauter dans l’eau chaude. Le petit défi supplémentaire ? En cette fin d’année 2013, les températures dans Les Laurentides affichaient -30 degrés. La parfaite température pour affronter l’extérieur en maillot de bain.

Durant l’hiver, les températures ne descendent pas si fréquemment à -30 degrés à Montréal ou dans sa proche banlieue. Mais quand cela arrive, ce n’est pas si intense, ni si difficile. Tant et aussi longtemps que le vent ne se mêle pas de la partie.

La glace est partout

Le secret de l’hiver canadien, c’est d’avoir de bons patins. Avec de telles températures, les lacs et rivières gèlent facilement et les patins sont donc un parfait investissement. La plupart des endroits extérieurs sont gratuits, mais les arenas des petites villes aussi et ça c’est top. La plupart des parcs ont leur patinoire extérieure et même des particuliers relèvent le défi d’en créer une dans leur cour. La glace se forme aussi volontiers sur les routes, et c’est là où ça peut devenir franchement rigolo. Par exemple, notre rue n’est pas déglacée l’hiver et les vents y sont particulièrement actifs. J’ai des souvenirs émus de tentatives plus ou moins réussies pour rejoindre l’autobus au bout de la rue, bras en croix et espoir vif. Depuis, j’ai investi dans des bottes avec crampons.

Avoir un service de déneigement privé est courant

Neige abondante oblige, un bon nombre de résidents, surtout en banlieue des grandes villes, choisissent d’investir dans un service de déneigement privé. Ces armées de déneigeuses miniatures débarquent généralement dès potron-minet pour déneiger les allées des maisons avant que le commun des mortels ne se lève pour aller au bureau. Ils rejettent la neige ainsi ramassée dans les terrains, créant des montagnes de plus en plus hautes à mesure que l’hiver, et ses tempêtes, avance.

Quelques conseils en vrac si vous prévoyez immigrer bientôt au Québec ou si vous êtes là depuis peu :

  • Choisissez vos bottes et manteaux avec soin, ils seront votre quotidien au minimum 4 mois par an, autant ne pas lésiner sur le confort ET le style;
  • Pensez aux bottes de neige pour les pitous, il y a du sel partout sur les routes;
  • Mettez-vous aux sports d’hiver; la saison est longue pour ceux qui ne l’apprécient pas et courte pour les mordus de ski alpin, ski de fond, raquettes, descentes sur tubes et patins;
  • Ne sous-estimez pas le froid, prévoyez des étapes, du chaud, des couches supplémentaires et des balades courtes. On n’a pas la même résistance au froid lorsque l’on est né dans des contrées au climat différent, et ça se sent !
  • Vous n’êtes pas obligé de souscrire un service de déneigement, déneiger quotidiennement remplace volontiers une inscription au gym;
  • Ne vous laissez pas miner par ceux qui disent être tannés de l’hiver, vous avez le droit d’être heureux et émerveillé de voir la neige tomber.

Des activités à faire l’hiver :

  • Du patin, partout, mais notamment au Vieux-Port de Montréal (payant), sur le sentier glacé de Magog (gratuit), à Lac-des-loups (payant) ou encore sur la rivière l’Assomption à Joliette (gratuit);
  • Des raquettes, notamment dans les parcs de la Sépaq qui peuvent même vous louer le matériel;
  • Du ski de fond, qu’il est possible de faire même à Montréal, au Mont-Royal;
  • Du ski alpin – à ce titre, la station de Saint-Bruno est actuellement accessible en autobus, depuis la station Longueuil-Université de Sherbrooke, grâce au skibus;
  • Des descentes en tube, dans les parcs des municipalités (gratuit) ou dans des lieux spécifiquement dessinés pour ça (payants), comme à Piédmont;
  • Des balades avec des chiens de traineaux, dans un endroit respectueux des animaux. Tu peux le faire en traineau ou en ski (ski-joering) si t’as le goût du risque. Bientôt, on va tester Auckaneck, dans les Cantons de l’Est, on vous en redonne des nouvelles !
  • De la pêche blanche, pour ceux qui aiment, est une activité facile et courue. Elle est possible à plein d’endroits, et notamment dans plusieurs parcs de la Sepaq;
  • De la motoneige, dispendieuse mais proprement grisante. J’ai eu la chance d’en faire en Laponie il y a quinze ans et je rêve de faire essayer à mon amoureux. Parmi les endroits qui en proposent, nous avons eu une bonne expérience, pour des activités plus automnales, avec Aventures Plein Air, dans les Laurentides;
  • Et puis enfin, dans le lot des activités plus inédites, j’ai recensé aussi le canot à glace, le canyoning et l’escalade de glace, ou encore le snowkite. La liste complète est à découvrir sur Aventure Québec.

Et vous, c’est quoi LA principale activité qui occupe votre hiver (à part Netflix bien sûr) ?

-Lexie Swing-

Crédit photo : Matthew Henry

Petit précis d’un voyage Canada-France en temps de Covid

Il y a quelques jours à peine, nous posions le pied sur le sol canadien (« mais pas avant d’avoir passé la douane » a expliqué l’amoureux à nos deux filles soufflées par cet entre-deux un peu magique dans lequel elles se trouvaient alors, soit la longue longue file d’attente avant les autorités douanières) après 28 journées passées en France. 28 journées… « mais vous êtes fonctionnaires? » s’écrieront les jaloux. Même pas! Mais désormais dépossédés de jours de vacances pour l’année, certainement!

Les vacances en temps de Covid, c’est très 2021. Rien à voir avec 2020 où on n’y croyait plus tout à fait. Et encore moins avec 2019 où l’on ne savait même pas ce que c’était. 2021, ce sont les vacances version vaccin, tests PCR et pass sanitaire, avec copies multiples et QR codes à foison. Petit guide pour voyage dans le Covid en temps de voyage (ou l’inverse, c’est selon).

Les règles sanitaires

Tu vas voir, les règles sanitaires changent plus vite que tes gamines de culottes le jour où t’as bien voulu gonfler la mini-piscine. Tu ne peux rien anticiper, juste faire le maximum en priant pour que le maximum rencontre l’exigence. SPOILER ALERT : parfois ça ne suffit pas. Tu fais un test antigénique de -72h rendu brusquement caduque par un nouveau règlement demandant un test PCR de – 48h. Tu anticipes une quarantaine du 2 au 16 août qui n’est plus demandée pour tous les voyageurs arrivant à compter du 3 mais dont l’annulation n’est pas rétroactive pour les gens arrivés avant le 2… Tu prévois d’aller au ciné en France, fais ton test PCR parce que tu n’es pas vacciné, et apprends que le ciné du coin a coché l’option B « j’accueille moins de 50 personnes et je ne demande pas de pass sanitaire ». Le ciné de la ville voisine a coché l’option A « j’accueille qui je veux tant que je peux flasher du pass sanitaire ». Tu ne sais plus où aller, du coup.

Avant de partir

Désormais, pour aller en France depuis le Canada, tu peux 1) te contenter d’un test antigénique (moins cher et plus rapide), 2) ne pas faire de test si tu es doublement vacciné. Trouver le test pas cher, c’est un peu le Graal. Tu cherches, tu soupèses, tu compares. De notre côté, le choix a été rapide : le rendez-vous avait été pris avant l’annonce concernant l’autorisation des tests antigéniques (forcément) et le délai de 72h tombant un jour férié, nous avons opté pour une visite à domicile d’une infirmière. Le tarif ? 180$ le test PCR. Heureusement, les enfants de moins de 11 ans ne sont pas concernés.

Le vaccin

Au Québec, le choix a été fait par le gouvernement de vacciner la majorité de la population d’une première dose, avant de proposer une deuxième dose. Lorsque la fameuse deuxième dose, Saint-Graal de la mère Liberté, est arrivée sur le marché, nous nous apprêtions à partir et les délais étaient trop longs pour l’obtenir. Forts de notre citoyenneté française, nous avons donc frappé à la porte d’un centre de vaccination en France (après avoir pris rdv via Doctolib, on est bien élevés quand même). Le combo salutations-questionnaire-vaccin a pris moins de quatre minutes. C’est bien simple, nous n’avions pas les fesses posées sur nos chaises que les aiguilles étaient déjà dans nos bras. C’est dire la fébrilité qui habite ces pauvres vaccinateurs. Il faut dire que l’allocution présidentielle concernant les futures restrictions aux non-vaccinés n’avait pas encore eu lieu et que lesdits centres de vaccinations étaient déserts. Mais je disais donc : 4 minutes et nous présentions nos papiers aux tables de sorties. L’occasion pour les responsables de se rendre compte que nous n’étions pas dans le système, et qu’il fallait appeler Monique, à la table 8, et puis finalement Geneviève, à la centrale. Pas de regrets, l’ensemble de l’équipe avait le sourire aux lèvres : un petit challenge matinal, ça renforce l’esprit d’équipe, surtout quand la routine s’installe. Ma gentille interlocutrice m’a donc remis triomphalement mon papier en bonne et due forme 15 minutes plus tard : l’opération avait été menée (et bien menée) et nous étions désormais doublement vaccinés!

La Covid à la française

Il y a la règle et son application. Preuve en est que ceux qui voyagent vers la France arborent un sourire jusqu’aux oreilles et les doigts de pieds bien écartés. On n’a pas légalisé le cannabis mais other than that, on la joue plutôt cool en France. Peu de documents vérifiés, une quarantaine réduite à peau de chagrin, rare télétravail… Il y a le reste du monde qui s’interroge sur la vie d’après et la France qui attend de siffler la fin de la récré, assez rigolé, retour à la vie normale. On a mal à sa liberté apparemment, plus qu’à ses soignants ça a l’air, ou à ses vieux, ses malades qui ne peuvent pas se faire vacciner, etc. En même temps, nous étions donc derrière notre télé (française) au moment de l’allocution présidentielle et le ton employé ne donnait pas envie de donner un coup de collier pour débarder le bois. C’est peu de dire qu’on n’en est pas sorti (du bois). Nulle mention d’un effort au nom des susmentionnés (vieux, soignants, malades, vous ne suivez plus ça se sent), mais de la bonne secouée paternaliste façon Père Fouettard endimanché. À ce régime, j’aurais probablement aussi fait désertion.

Le test PCR en France

Pour revenir au Canada, il est nécessaire de dégainer un test PCR de -72h, que tu sois vacciné, sympathisant, ou sans avis. Le labo du coin fera l’affaire et les délais semblent rapides : 10h dans notre cas. Les enfants de 5 ans et + sont aussi concernés, des fois que ça vous dirait d’en abandonner un sur le tarmac : un oubli de test PCR peut suffire, attention qu’on ne vous oblige pas à débarquer aussi. Le test est théoriquement payant pour les Français non résidents, et il le deviendra bientôt pour tous, mais la seule présentation de notre passeport français nous a donné accès au test gratuit. Seule la mini, fière titulaire d’un passeport canadien, a dû débourser une somme insensée (elle ne voulait pas rester sur le tarmac) (insensée dans son sens premier : 63 euros, alors que le test coûte autour de 45 euros normalement. Comme on nous octroyait gratuitement les autres tests, je n’ai pas cherché à argumenter. On se démène pour 20 euros et on se retrouve à en payer 200, je connais la comptine).

Au retour

Voyager vers le Canada en ce moment ressemble à une partie de Fort Boyard avec le Père Fouras improvisant des haïkus sous amphet’. On ne comprend rien et on est sûrs d’en louper la moitié. La preuve, notre avion a été retardé d’1h45 car les papiers relatifs au contexte sanitaire n’ont été vérifiés qu’à l’embarquement. Résultat : des gens qui avaient un test antigénique au lieu d’un PCR (non valable pour un vol pour le Canada), d’autres qui étaient vaccinés et pensaient pouvoir se passer du test (nope) et des étudiants qui n’avaient pas reçu LE sésame, celui qui te dit que tu peux atterrir au Canada (la lettre d’acceptation de l’Université ne suffit pas, il y a une temporalité à respecter). Des gens ont donc été refoulés, il a fallu aller récupérer leurs bagages dans la soute. Bref, on était bien partis. À l’arrivée, c’est la débandade. Il y a plus de compatriotes autour de nous que pour une finale de Coupe du Monde et les arbitres n’ont pas l’air de rigoler. On patiente, on patiente encore, on enjambe des enfants assis par terre, on passe des bornes électroniques, puis des douaniers, puis nos bagages, puis de nouvelles vérifications. Nous sommes avant le 9 août et le test à l’arrivée n’est pas encore aléatoire alors nous nous dirigeons docilement vers un nouveau grattage de nez. On nous tend deux tests à faire faire aux enfants à leur 8e jour de quarantaine et puis ça y’est, nous sortons. Nous revenons enfin, c’est la fin de 28 jours incroyables, malgré la Covid, malgré la réglementation. Le bonheur se fout des contraintes.

-Lexie Swing-

Séjourner dans les Zoobox du Vertendre

Il y a un peu plus d’un an, les hasards d’Internet m’avaient menée sur une page aux photos bucoliques : le site web du Vertendre, un domaine des Cantons-de-l’Est abritant une poignée de chalets et une dizaine de « Zoobox ».

Ces Zoobox, sortes de maisons-cabanes nichées dans la forêt, ont été pensées comme un lieu d’observation privilégié de la nature environnante et de sa faune. Nos vacances en France ayant été annulées ce printemps, nous avons réorienté nos congés vers une destination locale. À une heure de chez nous, c’est donc au Vertendre que nous avons pris nos quartiers pour quelques jours.

Sitôt garés dans le stationnement prévu à cet effet,  nous avons été accueillis par une employée du Vertendre qui a pris en charge nos bagages (gratuit et sur simple demande). Tandis qu’elle rejoignait notre demeure temporaire en voiture, nous avons pris en marchant la direction du Sentier des Courageux, chemin facile sillonnant la forêt et menant aux Zoobox.

Après une bonne vingtaine de minutes de marches – notre Zoobox faisait partie des plus éloignées – nous avons découvert un cube, surplombant le lac des Castors dont on pouvait distinguer le flot, en contrebas. Côté forêt, une immense baie vitrée rétractable. Côté chemin, un mur solide et quelques fenêtres pourvues de rideaux occultants.

À l’intérieur, tout a été également soigneusement pensé: lits mezzanines (4 personnes), lit king suspendu au plafond, table et baignoire sur roulettes – pour les déplacer à l’envie. Côté surprises, on découvre le vélo stationnaire – parce qu’il faut pédaler pour réalimenter ces logements autonomes en énergie, autrement pourvus de panneaux solaires – le mur d’escalade, ou encore la barre de pompiers, qui permet de descendre rapidement de la mezzanine.

Nous avions acheté toute notre nourriture à notre épicerie locale avant de rejoindre le Vertendre. Si nous sommes arrivés fort chargés, cela nous a néanmoins permis de ne pas quitter le domaine durant les presque 5 jours passés sur place. La cuisinette est bien équipée et l’emplacement de feu de camp extérieur nous a permis de faire griller patates, poivrons, Babybels et surtout guimauves, pour le très grand plaisir de nos enfants.

Côté activités, nous avons profité des sentiers aménagés autant que possible, et d’un temps clément malgré les menaces d’orages qui ponctuaient régulièrement les mises à jour de notre application météo. Les propriétaires du Vertendre mentionnent que le domaine possède presque son propre microclimat, et si j’en crois notre expérience, c’est probablement vrai.

Entre sorties baignades au lac « La Source », balades dans les sentiers aménagés et grimpette jusqu’au Mont Sylvio-Lacharité – 10 km dans les pattes de nos filles, elles ont bien dormi cette nuit-là – nous avons complètement déconnecté de la vie quotidienne.

À noter la présence d’une souris qui nous a tenus éveillés la première nuit – la regarder lécher les assiettes qu’on avait eu la flemme de nettoyer était cependant assez fascinant (j’aime les rongeurs et elle était minuscule). Nous avons pris la peine de tout garder propre et enfermé les nuits suivantes et nous n’avons plus eu de visites. Nous avons pu aussi observer à loisir de très jeunes écureuils, des suisses, des geais bleus et même un renard (seulement moi, je suis choyée).

Nous avions emmené avec nous notre chienne Poppy – les chiens sont bienvenus dans plusieurs Zoobox – qui a pu nous suivre dans toutes nos pérégrinations et se baigner pour la première fois sous les cris ravis des enfants.

En pratique : 

Localisation : le domaine du Vertendre est situé à Eastman, en Estrie (Cantons-de-l’Est), à environ 1h15 de Montréal et 2h40 de Québec.

Fréquentation : à l’année

Tarif : 239$ à 298,75$ la nuit selon les tarifs affichés présentement pour l’été, escomptes spéciaux (3 à 4 nuits, 5 nuits et +).

Chiens : acceptés dans certaines Zoobox et sur l’ensemble du domaine (tenus en laisse).

Réservations : Site internet du Vertendre

-Lexie Swing-

 

 

 

Rive-Sud : la Halte 24-7, pour co-worker et trinquer

Endroit cosy, bar fourni et gens amènes, que demander de mieux pour un jeudi soir? C’est ce que mon amie et moi nous sommes demandées, alors que nous devisions au dessus d’un verre de blanc, trempant généreusement nos pitas dans un hummus à rendre fou, chillant à la Halte 24-7, nouvellement installée à Longueuil.

Quelques tables, un sofa, des miroirs anciens, l’endroit est épuré, accueillant comme un salon d’ami, et la bouffe y est, de fait, délicieuse. Venus tout droit du Tricot principal, du chef Martin Juneau, les bouchées servies méritent à elles seules le détour. Le hummus précité est incontournable (honnêtement), le Muhammara est vraiment à découvrir et la burrata a tenu ses promesses en coulant tranquillement dans l’assiette tel un chat paresseux un matin d’été (la faim me rend lyrique).

La carte est joliment fournie en vins, y compris pour ceux qui auraient une préférence pour le vin biologique ou cultivé en biodynamie. Côté cocktails, on nous a gratifié du mélange signature de la maison, délicieusement surprenant : Double dose d’espresso, vodka – kahlúa au shaker.

La Halte 24-7 est l’endroit qui manquait, dans le paysage longueillois. Une place où travailler, se restaurer mais aussi se retrouver pour un 5@7, le jeudi soir. Pour des gens qui, comme moi, travaillent à la journée longue en entreprise, c’est un lieu idéal de rencontres. Pour ceux qui, comme mon amie, travaillent de la maison, c’est un endroit approprié pour une rencontre professionnelle, un cocktail de réseautage, etc.

En arrivant, nous avons eu la surprise de découvrir la Halte à un endroit de Longueuil où les cafés et restos se font rares. Olivier Berthiaume et Philippe Tremblay, les co-fondateurs, font ici un pari. Un beau pari, pour ce lieu qui a beaucoup à offrir. Son homologue montréalais, installé depuis 5 ans, a déjà convaincu les professionnels des environs. À noter que la Halte 24-7 offre un format café-salon de thé en journée, avec sandwichs et viennoiseries servis sur fond de jazz.

Copains de la Rive-Sud, parents en besoin intense de décompression, foodies avisés, si vous ne savez pas quoi faire le jeudi… pensez à moi ;)

L’adresse à noter : Halte 24-7 Longueuil, 1490 Chemin de Chambly, Longueuil, QC J4J 3X3, 450-332-1411; http://haltecafe.com/.

-Lexie Swing-

Le temps des pommes à l’Ile Saint-Bernard

On ne m’offre pas des pommes pour vous parler encore de l’Ile Saint-Bernard mais force est de constater que quand on aime, on ne compte pas. Et moi j’aime cet endroit. Il m’a suffi de descendre le long du chemin et d’apercevoir le fleuve pour m’en souvenir.

C’est le temps des pommes, ici au Québec. Cette période tellement agréable – quoique courte – où les Québécois profitent de la fin de semaine pour rejoindre leurs places d’autocueillette préférées. Le principe est simple : on paie une certaine somme pour récupérer un sac fourni par la ferme, et on parcourt ensuite les champs pour cueillir soi-même les fruits que l’on souhaite, et remplir ainsi le sac.

Il y a deux ans, alors que mes parents nous rendaient visite, j’avais déniché l’adresse de l’Ile Saint-Bernard dans la liste des vergers biologiques certifiés par Ecocert. Ils avaient aimé l’endroit, le lieu à taille humaine, le caractère bucolique et les jolis paysages. Après avoir découvert moi-même l’Ile Saint-Bernard cet été, il m’a semblé tout naturel d’y retourner.

Les sacs de pommes se vendent au prix de 7, 13 ou 22 dollars, selon la quantité de pommes que l’on souhaite ramasser. Armés d’un sac de dix livres – on a souvent les yeux plus grands que notre capacité à cuisiner nos pommes et j’ai désormais le recul de quelques années à tenter de refiler mes fruits flétris à tout le voisinage faute de temps – nous avons pris connaissance du plan à l’entrée puis arpenté le verger à la recherche des meilleures variétés de «pommes pour compote».

Notre récolte faite, nous avons traversé le petit cimetière qui abrite les Soeurs décédées de la communauté, dans lequel B. a découvert une coccinelle, puis nous avons tranquillement descendu le chemin vers le fleuve. Entendant des cris d’excitation en contrebas, mes filles ont choisi de suivre le mouvement enfantin générale et de se lancer dans la pente en roulé-boulé, récoltant au passage leur lot de feuilles mortes et branchages. Qui n’a jamais vu un tel attirail s’accrocher dans un chignon ignore à quel point cela peut-être seyant!

Après un détour par le café de l’île, ses produits délicieux, ses lourdes tasses et ses jeux de société à partager, nous avons pris le chemin du retour, non sans avoir dû user de quelques serviettes en papier et d’une serpillère après qu’un enchainement malheureux entre une bêtise enfantine et une montée de stress parentale ait conduit à la chute d’une tasse semi-pleine de café sur la table en bois.

Le verger est encore ouvert pour une semaine, peut-être plus selon ce qui restera sur les pommiers. Ne manquez pas d’y faire un tour cette semaine!

-Lexie Swing-

 

6 années au Canada

Mon titre laisse peu de place au suspens : cela fait six années que j’ai validé mon visa de résidente permanente et traversé la porte automatique de l’aéroport. Ce souvenir vif, encore frais, que je vous ai déjà raconté mille fois, de mon arrivée très chargée, avec mon bébé et mon chien. Mon amoureux, bloqué par l’impossibilité de traverser la porte pour venir m’aider. Et finalement cet agent des douanes, grommelant mais foncièrement gentil, qui avait poussé mon deuxième chariot jusqu’à la fameuse porte.

Notre premier véritable appartement, dans le quartier anglophone de NDG, à Montréal. Et puis notre déménagement sur la Rive-Sud, un an et demi plus tard, alors que j’étais enceinte de notre deuxième fille.

Une thérapeute nous a récemment demandé comment nous nous sentions, à l’époque, à l’aube du grand départ. «Excités», ai-je répondu sans réfléchir. «Oui, enthousiastes», a appuyé mon conjoint. S’il y avait de l’inquiétude, de l’anxiété, de la tristesse, elles se sont dissoutes dans cette envie trépidante de partir vivre cette aventure.

Alors nous voilà, six ans plus tard. L’aventure a laissé la place au réel, au quotidien. Êtes-vous prêts à partir? Installés depuis peu? Peut-être vous êtes-vous déjà demandés comment et où vous seriez, cinq ou six ans plus tard. Notre réalité à nous, je dirais que c’est… :

  • Une vie recréée entièrement. Quand on quitte son pays, on vend souvent jusqu’à sa dernière petite cuillère. On fait venir quelques essentiels, des choses sentimentales ou particulièrement dispendieuses, mais on se débarrasse de l’utilitaire. On ne connaît jamais ça, dans le cheminement logique (si je puis dire) de la vie. On quitte ses parents, on s’installe, on récupère des choses de ci de là, on emménage avec quelqu’un, on assemble alors les morceaux de nos puzzles respectifs avant de faire quelques achats communs. Quand on immigre, on repart de zéro. Et par zéro, je veux dire : de la toute première cuillère. De cuillère en cuillère, on meuble sa maison, et puis on fait des achats moins utiles, enfermés dans les habitudes de consommation.
  • De nouvelles contrées à découvrir. C’est un changement complet de paysages et de perpectives que l’on fait en traversant l’Atlantique. Tout semble une aventure, à commencer par le quotidien. Le supermarché à lui seul devient une destination exotique. Bientôt, tout devient pourtant coutumier. Les week-ends et road-trips peuvent alors commencer, dans des régions que l’on n’aurait jamais – ou presque – eu la chance d’explorer.
  • Une bande d’amis. Entre les amis français, expats comme nous, et les amis parents rencontrés au gré des fêtes de la garderie et du quotidien de l’école, nous avons une solide bande d’amis, autant à Saint-Bruno que dans le reste du Québec. Quand on est immigré, les amis deviennent notre deuxième famille. Ils sont les contacts d’urgence, les gardiens d’un soir, nos week-ends et nos vacances. Ils sont ceux avec qui l’on partage les matins de Noël et les soupers d’anniversaire. Les coutumes familiales se confrontent alors à ce qu’il y a de plus beau : le partage. Et les traditions s’inventent au rythme où les amitiés se mêlent.
  • Une carrière qui a décollé. Il y a des histoires moins jolies que d’autres et des gens qui repartent faute d’avoir trouvé un travail qui leur correspondait ou une vie qui leur plaisait. Pour ceux qui parviennent à rester, le terme des 6 années reflète généralement une évolution, voire un aboutissement. Pour nous, le Canada a été synonyme de changement de carrière. Aujourd’hui, nous sommes épanouis dans nos domaines respectifs et soulagés de savoir que l’on aurait encore la possibilité d’évoluer.
  • Une famille. Arrivés avec une première fille, nous en avons eu une deuxième quelques années plus tard. Une petite Franco-Canadienne qui n’a de français que l’accent. Le temps passe, et je réalise que c’est dans cette culture qu’elle s’ancre, faisant fi de ses origines malgré elle. Ses expressions, ses références, ses préférences, reflètent son appartenance.
  • Un futur. L’avenir, c’est ici que nous le voyons. Nous qui avions tant déménagé avons su trouver ici une place pour nous, au point d’avoir même de la difficulté à m’imaginer dans une autre ville que la mienne. L’instable est devenue sédentaire… ça doit être le bon air canadien qui fait ça.

 

Et vous, quel bilan tirez-vous de ces six dernières années, où que vous soyez?

-Lexie Swing-

Photo : Matthew Henry

Le camp d’été

La rentrée se profile mais l’été joue les prolongations… avec cette dernière semaine de vacances que nous n’avions pas, et qui se résume à trouver de quoi occuper à nos bureaux respectifs notre fille aînée.

Le camp d’été s’est terminé la semaine dernière. Une aventure en soi, lorsqu’on est un expatrié. C’est un peu comme le centre aéré, mais pas tout à fait. Ça ressemble à la colo, mais pas vraiment non plus. C’est un camp d’été, un point c’est tout.

C’est surtout une institution, dans mon entourage. Tout le monde ou presque est passé par le camp d’été (avec plus ou moins de plaisir), tout le monde, à de rares exceptions, y a été moniteur. C’est la première job, juste après le babysitting. C’est comme du babysitting d’ailleurs, sauf que t’as dix enfants au lieu de 2, une semaine entière à tirer et un nom de code à porter. Oui, un nom d’emprunt, un surnom plutôt. Et c’est un véritable apprentissage parental que de formuler sans sourire la phrase : «Gaufrette, peux-tu me dire comment s’est passée la journée de mon enfant ?».

Lesdits noms – il faut que j’en parle encore, ça a fait mon été – sont parfois en rapport avec le thème du camp, comme Grenouille ou Héron, pour les animateurs du camp Nature, Samourai côté Arts Martiaux, ou Basilic et Ciboulette au camp Cuisine. Et ils collent à la peau de leurs propriétaires. «Tu ne changes pas de nom comme ça, m’a prévenu une amie passée par cette épreuve. Tu ne peux pas faire ça aux enfants, ça ne se fait pas…» Elle a laissé sa phrase en suspens et son regard s’est perdu vers le souvenir douloureux d’un ancien camarade dont on dit qu’il aurait disparu après avoir changé de nom…

Je plaisante. Les enfants ne sont pas si méchants quand même, n’est-ce pas? (Qui a répondu «Si»?). Thème me fait penser que… les camps sont à thèmes. Plus ou moins restreints, selon les organismes, mais volontairement orientés. Dans notre ville, il y avait des sujets vagues, comme le Multiactivités, et d’autres très précis, comme le camp Agility (oui, les petits parcours pour les petits chiens). Il y avait aussi les camps privés, comme celui du Mont-Saint-Bruno, où notre fille a passé une très belle semaine.

De manière générale, on trouve des camps dans tous les domaines, par tous les organismes, qu’ils soient publics ou privés. En vrac, j’avais repéré le camp du Musée des Beaux-Arts, le camp karaté du club que nous fréquentons, le camp immersion anglaise d’un organisme spécialisé dans les cours de langue, le camp Sciences à Polytechnique, etc. Les prix varient en fonction de l’organisme et du matériel utilisé. Certaines inscriptions se font longtemps à l’avance, comme aux Beaux-Arts où tout semblait complet dès le mois de mars.

C’était une première expérience pour nous, comme pour notre fille aînée. J’avais hâte de lui faire découvrir ça, moi qui partais tous les étés en camp équitation et passais toujours quelques semaines au centre aéré de l’entreprise qui employait mes parents. J’en garde un souvenir vif et heureux, et des paroles de chansons que je n’ai jamais pu oublier.

L’expérience a été incertaine pour notre fille, tantôt plaisante, tantôt difficile. Le camp du Mont-Saint-Bruno a eu sa préférence et il est certain que nous la réinscrirons là-bas l’an prochain. Les autres camps qu’elle fera seront à déterminer, et je les liste déjà!

-Lexie Swing-

Photo : Matthew Henry

 

Découvrez l’ambiance apaisante de l’Ile Saint-Bernard

Avant la bucket list, relativement inatteignable selon les cas, il y a la to-do list. Celle des bons plans pas loin de chez toi, celle des endroits qui feraient comme des vacances pour quelques heures. Tu les notes précieusement et tu les rends réalité de temps en temps.

C’est comme ça que nous avons atterri à l’Ile Saint-Bernard.

J’avais découvert l’endroit il y a deux ans, à la faveur d’une recherche de «vergers bios sur la Rive-Sud». Mes parents s’y étaient alors rendus avec les deux mouflettes. «A peine le temps de ramasser une pomme qu’on retrouvait Tempête juchée en haut de l’échelle» m’a confié mon père. La bougresse avait deux ans. Imaginez ce dont elle est capable deux ans plus tard…

C’est sous un soleil tonitruant que nous y sommes allés le week-end dernier. L’île Saint-Bernard, nichée au bord du Saint-Laurent, non loin de Châteauguay, est un havre. De paix, de tranquillité, et de joie aussi. On a pique-niqué au bord de l’eau, l’air chaud rendu respirable par une douce brise venue du fleuve. Les moustiques n’étaient pas légion, malgré la proximité de l’eau, et je n’ai presque pas eu à bondir sur mes pieds pour éviter les vilains insectes dont j’ai la phobie (tout ce qui vole et surtout vrombit).

La recherche des toilettes publiques m’a ramenée au pavillon d’accueil, où j’ai découvert un joli espace où se sustenter. Des tartes sucrées et salées de chez Carrément tarte, des sandwichs gourmets, de délicieux cookies (oui j’ai testé, il le fallait bien), des sorbets aux mélanges surprenants : le meilleur du repas sur le pouce de la région semblait réuni derrière la petite vitre réfrigérante. Mieux : pour s’inscrire dans le zéro-déchet, l’endroit ne propose plus de bouteilles d’eau en plastique. Mais une fontaine permet de remplir sa gourde, ou de boire sur place, grâce aux verres offerts à côté. Notez qu’il est également possible de manger au Bistro La Traite, également sur l’Ile.

Après un café – offert dans de gros mugs comme à la maison – et plusieurs jeux de société (une grande bibliothèque en est remplie), nous avons repris le chemin de l’eau, pour explorer un peu plus l’île.

Au gré du chemin, vous découvrirez cette partie que l’on appelle le Tertre de l’île, qui fut la propriété des Sœurs grises durant plus de deux siècles, avant d’être racheté par la Ville de Chateauguay en 2011.

La majeure partie de l’Île, que nous n’avons pas encore eu le temps de découvrir, correspond au refuge faunique Marguerite-d’Youville, paradis des oiseaux. On dit que de nombreux animaux y sont également visibles, à commencer par le cerf de Virginie. Le refuge abrite 8 km de sentiers pédestres, serpentant entre marais, friches, chênaies et même érablières.

De multiples activités sont proposées tout au long de l’année, comme des visites guidées, du yoga, un éco-marché, une vente annuelle de plants bios, l’autocueillette à l’automne, la location de matériel nautique l’été, le ski de fond l’hiver, etc.

À noter qu’une navette fluviale est en service de fin juin à mi-septembre, et rallie Lachine à l’Ile Saint-Bernard.

Je reviendrai bientôt, pour tout ce que je n’ai pas vu encore. Pour le refuge, pour les paddle-boards, pour les bateaux, pour la petite tortue dont j’ai dû attendre la traversée avant de pouvoir repartir, et pour l’impression irréelle d’être un peu hors du temps.

-Lexie Swing-

Île Saint-Bernard, Châteaugay. Accès gratuit au tertre de l’île. Refuge faunique, 5$ adulte, 3,5$ enfant, 13.30$ pour les familles.

Crédit photo : Lexie Swing