Il y a un peu plus de deux ans, je poussais la porte de ma nouvelle entreprise, pour ce qui était un changement de carrière complet. Alors journaliste, métier dans lequel je cumulais déjà plusieurs années d’expériences diverses, je devenais un hybride de coordination événementiel et de recrutement, travail pour lequel je n’avais aucune expérience mais plusieurs compétences transférables et transversales, ainsi que la conviction féroce d’avoir trouvé le bon chemin de carrière.
Avant de pousser cette porte-ci, il y a eu plusieurs mois d’errance et de désillusion. Un chemin de croix et d’introspection nécessaire pour aller du point A «Je ne veux plus exercer mon métier actuel» au point B «j’ai trouvé mon nouveau plan de match». Pour accélérer le processus, voici quelques questions que vous pouvez vous poser.
Qu’est-ce qui me déplait dans mon travail actuel?
Le désintérêt face à un travail, voire le désamour, peut venir graduellement ou d’emblée. Il peut être une question d’ambiance, une question de tâches, une question de lieu. Il peut réunir plusieurs aspects, ou un seul, sur lequel on se focalise. Si elle est mauvaise, l’ambiance aura tendance à ternir l’ensemble de la vision que l’on a de son travail, même si le poste est prometteur. Et qu’importe la bonne ambiance, des tâches monotones et/ou rébarbatives, en deçà ou trop éloignées de ses compétences réelles peuvent nuire à l’intérêt porté à son travail. Il faut alors se demander pourquoi on n’apprécie pas, ou plus, ce que l’on fait; pour ensuite se demander si cet aspect négatif est une raison suffisante de quitter son emploi et/ou s’il s’agit d’un aspect temporaire ou de longue durée. On peut, par exemple, détester le fait que l’on travaille en open-space/ dans un lieu à aire ouverte, mais savoir qu’un déménagement se profile ou qu’une année d’expérience supplémentaire pourrait conduire à avoir son propre bureau. Il est possible, également, que l’on déteste travailler avec une certaine personne, mais qu’évoquer ce problème puisse permettre une réorganisation des équipes de travail, et ainsi des contacts limités. Souvent, lorsque l’on connaît un désintérêt, parfois en raison de la monotonie des tâches, il est utile de rencontrer son supérieur direct pour évoquer le problème et voir de quelle façon son poste pourrait évoluer.
Parfois, cependant, l’idée même de rester plus longtemps dans une entreprise nous colle des aigreurs à l’estomac. L’étape logique est donc de répondre à la question suivante :
Quelles tâches ai-je envie d’accomplir au quotidien ?
Parfois, ce qu’on s’imagine faire n’a rien à voir – ou presque – avec ses tâches actuelles. C’est signe que l’on ait passé à autre chose dans sa vie. De manière générale, les études actuelles semblent s’accorder sur le fait que les jeunes générations d’aujourd’hui pratiquent plus facilement ce que les Anglo-saxons qualifient de «job-hopping », soit sauter d’un emploi à un autre. Parfois dans le même domaine, mais pas seulement.
Il arrive fréquemment que des changements familiaux nous propulsent vers d’autres besoins : besoins de flexibilité, d’horaires plus stables, d’une plus grande reconnaissance conciliation travail-famille. Besoin d’une réalité familiale comprise et acceptée de ses collègues. Besoin de politiques spécifiques sur la conciliation.
Il peut s’agir, aussi, d’une erreur de départ. Difficile de savoir ce que l’on veut vraiment faire, à 18 ans. On choisit un plan de match sur des circulaires bien marketées, on imagine un quotidien calqué sur des séries télés. Les stages découvertes sont rares et les opportunités de découvrir ses compétences professionnelles assez inexistantes avant le choix d’études, même si elles sont plus fréquentes ici, en Amérique du Nord. Lorsqu’on commence à travailler, la différence de perception entre ce qu’on imaginait et la réalité est parfois difficile à avaler.
Quel poste correspondrait à ces tâches?
Cette réponse est parfois difficile à donner, et pour bien y réfléchir, deux têtes valent mieux qu’une. Montrez votre liste de tâches idéales à un proche qui pourra vous aider à identifier le bon métier. Si la personne a des connaissances générales en Ressources Humaines, c’est double bonus : ces personnes savent lire au-delà des titres de postes et connaissent souvent les tâches qui y sont reliées. Dans tous les cas, fuyez comme la peste les pros du jugement – il y en a toujours. Vous n’avez pas besoin d’une leçon sur votre souhait de changer, ni de rires moqueurs face aux tâches que vous avez identifiées.
Dans quel domaine ai-je envie de l’exercer?
Imaginez : vous avez identifié une préférence pour l’organisation d’événements. Savez-vous déjà de quelle manière vous aimeriez exercer cette fonction? Pour des événements caritatifs? En interne, dans une entreprise? De façon ponctuelle, dans le cadre de fonction plus vaste? À titre indépendant, pour des célébrations privées?
Cette question, c’est celle des valeurs. Lorsque j’ai suivi le cours de Management responsable de l’Université Laval (MOOC – je vous le conseille!), cet aspect était abordé. Aujourd’hui, pour s’inscrire à moyen terme dans une entreprise, nos valeurs ont besoin d’être mises de l’avant. Une personne pourvue d’une fibre sociale importante sera désormais incapable de rester sur le long terme dans une entreprise dont le leitmotiv n’a trait qu’à la business et au profit. C’est une raison à part entière, sinon un bullet point sur la liste, de changer d’entreprise aujourd’hui.
Quels sont les aspects du travail qui sont importants pour moi?
Conciliation travail-famille, télétravail, salaire, assurance maladie (ou mutuelle), possibilités d’évolution, distance de trajet… Il y a de multiples aspects qui peuvent nous donner envie de choisir un travail plutôt qu’un autre. Une fois vos priorités identifiées, il vous sera plus facile d’identifier les entreprises ou lieux où vous aimeriez travailler.
Est-ce que je dois reprendre des études ou faire valider des compétences?
On n’est pas tous prêts à reprendre des études à 30 ou 40 ans, loin s’en faut! Si la nouvelle carrière choisie demande de repasser par le stade études, c’est le moment de réfléchir à la faisabilité du projet. Pouvez-vous suivre des cours du soir ou à distance? Avez-vous une épargne qui vous permettrait de vivre le temps d’aller au bout de ces études? Pour moi, il s’agissait d’un big nooo, autant en termes d’envie que de capacité financière. Il a donc fallu se concentrer sur des carrières accessibles seulement avec des compétences transversales (à savoir des compétences générales applicables à plusieurs carrières ou postes) et transférables.
Voilà, si vous êtes passé à travers ces 6 questions, vous avez fait le plus gros du chemin. Le reste relève de la patience. Difficile, lorsqu’on est prêt à changer, d’être freiné dans son élan par le manque d’opportunités et les candidatures laissées sans réponse. Un changement de carrière est une décision qui nécessite plus que jamais de se créer des opportunités : faites jouer votre réseau, décrocher votre téléphone, aller à la rencontre des employeurs potentiels.
Sachez aussi vous entourer. Encore une fois, nul n’a besoin, dans ce moment d’incertitudes, du poids lourds des exigences parentales ou du sourire mesquin d’un collègue envieux. Ne dévoilez votre projet qu’aux proches bien intentionnés, ceux qui sauront vous conseiller («tu devrais rajouter ça comme tâche dans ta liste, tu dis toujours que tu adores faire ça») et vous épauler.
Avez-vous d’autres conseils pour les personnes qui voudraient changer de carrière?
-Lexie Swing-
Je te rejoins tellement sur le fait qu’à 18 ans on a vraiment pas le recul pour choisir une profession qu’on va exercer pour le reste de notre vie. A ma lointaine époque, le choix d’une série de bac dès le lycée nous fermait pas mal de portes .. à 16 ans !
Même à 23 ans, avant de devenir maman, j’avais une vision de la vie si différente. Aujourd’hui mes aspirations ont bien changées.
Je pense que la plupart d’entre nous ne connaissent rien à 16 ou 18 ans. On suit un cheminement comme les autres, comme nos parents, comme nos profs ont dit, etc… moi aussi j’ai bcp évolué et pas seulement dans mes aspirations mais aussi dans ce que je me sens capable de faire maintenant
Très juste Lexie.
Je viens de terminer un coaching, j’en étais arrivée au moment où je n’avançais plus, où tout me paraissait insurmontable, surtout aller travailler le matin. Et ces questions sont venues en effet…
J’ai réussi à débroussailler et à y voir clair, bien accompagnée.
Est ce que tu penses à changer de job désormais ? Combien de temps a duré ton coaching ?
3 mois de coaching à raison d’1h par semaine. Et je commence une nouvelle formation en Novembre! Je change complètement de domaine!
Oh! Tu nous en diras plus le moment venu?
Oui!!
Merci Lexie
Cet article est très juste. Vouloir changer de métier, se réorienter en se posant les bonnes questions pour éviter de retomber sur un poste qui ne nous convienne pas réellement c’est vraiment capital … Mais difficile !
Au début je cherchais des tâches similaires. Je me rendais aux entretiens et lorsqu’on me parlait du poste je me rendais compte que ça ne me disait rien. J’ai mis du temps à admettre que je voulais faire qq chose de différent
Décidément tes articles font toujours mouche! Je m’ennuie, je tourne en rond, mais je me pose aussi beaucoup de questions concernant la stabilité et la paye que mon emploi actuel m’offre… À méditer…
Penses tu que c’est le poste lui même ou ton emploi en général ? Je veux dire : est ce qu’exercer le même poste, mais dans une autre entreprise, pourrait t’aider ? Ou tu penses qu’il faudrait même changer de métier ?
Changer de carrière est une aspiration tellement commune… Tout à fait vrai qu’on nous demande très tôt ce qu’on veut faire quand on sera grand(e) alors qu’on n’a qu’une très vague idée des réalités des métiers. On manque clairement de modèles, surtout pour les femmes. Il faut savoir que quand Julie Lescaut a débarqué à la télé, la proportion des femmes candidates au concours de la police a nettement augmenté. Cela devenait une possibilité de carrière. Il paraît aussi que les inscriptions en fac de médecine ont explosé quans la série Urgences est devenue populaire.
Il nous faudrait de séries sur le vrai monde de l’entreprise (pas Caméra Café!) pour que les jeunes sachent à quoi s ‘attendre et qu’ils aient des idées.
Les changements radicaux de carrière sont rares, ceci dit. Et ils demandent une grande dose d’énergie et d’audace, au delà des seuls moyens financiers. A ceux et celles qui y parviennent, je dis bravo!
C’est très vrai ce que tu dis et très intéressant. C’est assez fou, en soi, qu’on ait à faire un choix de carrière à 18 ans.