La vie n’est un long fleuve tranquille pour personne, quoiqu’en dise Instagram. Derrière les sourires, les (bons) mots d’enfants et les balades main dans la main, il y a la réalité, la vie toute nue, sans fioritures. Les nuits trop courtes et les voix agressives. Les cris qu’on ne retient pas toujours. Les poings qu’on serre et les yeux qui brûlent.
Élever des enfants n’est guère une sinécure, et peut-être encore moins aujourd’hui, alors qu’on tente de naviguer entre la culpabilité, les prophéties («un mot de trop et il finira chez le psy»), et le besoin vital de prendre du temps pour soi.
Les choses se corsent face aux enfants les plus individualistes, à ceux qui s’opposent, à ceux qui s’inquiètent, à ceux qui s’époumonent. Ceux face auxquels on prend toujours une petite inspiration, avant d’affronter l’orage. Ceux qui, quel que soit leur âge, utilisent le «non» comme un refrain incessant. C’est non pour prendre la douche, non pour passer à table, non pour s’habiller, non pour aller à l’école. Ils disent non, même quand ils veulent dire oui. Nous accusent de méchanceté tout en se blottissant dans nos bras, et pointent sans vergogne le moindre faux pas.
Ils viennent chercher en nous les dernières miettes de patience, les dernières gouttes de sueur. Prêts à pousser dans leur retranchement les plus leaders d’entre nous. Des gens qui gèrent des équipes, qui connaissent toutes les étapes de la bonne communication, se retrouvent pris dans la tempête enfantine.
On ne peut pas passer une enfance ainsi.
Nous avons mis les choses à plat et les encadrants de notre côté. Tous, les éducateurs, les professeurs, les spécialistes. Nous avons investi la toile, cherchant des réponses. Lors du visionnage avide de vidéos de coaching parental, dans le cadre du Défi 10 jours de Leadership parental, lancé par la coach Nancy Doyon, et son conjoint, également coach, une mention m’a interpellée. «Prenez le temps de réfléchir à un moment de votre vie où vous contrôlez les choses, où vous les gérez, et observez comment vous vous sentez à ce moment-là. Puis transposez ces sentiments à un moment où vous avez besoin de faire preuve de leadership avec votre enfant.» Je résume ce que je pense avoir compris – et ceux qui ont vu la même vidéo pourront me corriger – mais j’ai eu le sentiment très net que le conseil avait fait mouche.
Je me suis revue, recevant un message urgent un matin, alors que mon train arrivait à peine en gare. Je suis sortie à grandes enjambées, sac à main sur l’épaule et téléphone à l’oreille. J’ai dit ces mots que l’on rêve tous de prononcer un jour : «Passez-moi la responsable, s’il vous plaît»*. J’ai fait preuve d’assurance, j’ai fait jouer mes contacts. En passant la porte du bureau, j’avais résolu le problème qui avait donné des sueurs froides à mon équipe dès potron-minet. J’ai senti le contrôle influer au bout de mes doigts, et un sentiment d’accomplissement me dénouer les épaules.
Face aux cris, je me suis accroupie et j’ai dit «Non». Et puis : «Nous ne ferons rien tant que tu n’auras pas retrouvé ton calme. Je suis là, je suis à côté de toi.» Elle a hurlé : «Siiiii, je veux» en se roulant par terre. J’ai dit «Non» encore, et j’ai attendu, debout dans la tempête.
Nous sommes des phares, nous sommes solides, et surtout, nous sommes capables. Nous abattons des kilomètres, relevons des défis, gérons des dossiers majeurs, des clients mécontents, des équipes réticentes et des classes survoltées. Nous pouvons garder le contrôle dans la sphère privée aussi. Nous sommes toujours nous-mêmes, avec les mêmes qualités, les mêmes compétences, les mêmes capacités.
Et si vous avez besoin ou envie de découvrir des astuces en termes de leadership parental, le Défi 10 jours est toujours en cours et les vidéos accessibles (je pense). L’inscription est gratuite, je ne suis pas sponsorisée, je ne suis même pas à jour dans les vidéos («vie quotidienne oblige»), mais j’y ai trouvé un accompagnement qui m’a fait un bien fou.
-Lexie Swing-
*Juste après «Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous»
Photo : Ryan Bruce
Oui, oui, oui et re-oui !
Merci Charlotte !
Quant je te lis je me sens moins seule Lexie!
Oui je crois que nous avons les capacités en nous mais que nous nous mettons parfois beaucoup de barrières.
Merci pour ce partage en tous cas.
Est ce que ton fils a parfois des réactions similaires ?