38 !

Cette semaine, je fête mes 38 ans. Quand j’ai commencé à écrire, j’étais une jeune première de 26 ans et j’ignorais tout de l’âge adulte, ou presque. 38 ans ce n’est pas petit, et même si je ne m’inquiète pas encore de la grandeur de mon âge, j’aime bien plaisanter sur le fait qu’on est désormais sur la pente glissante. Je serai tentée de dire qu’avoir 40 ans ne me fera probablement rien mais qui peut vraiment savoir ce qui nous bouleverse ?

J’ai de la chance, parce que je suis la benjamine du club. L’âge que j’ai, les copains l’ont déjà eu; l’ordre des choses et du temps est respecté. Une de mes proches se plaignait récemment de ses 36 ans (je ne suis pas la benjamine de tout le monde), arguant qu’elle se sentait trop jeune pour s’aventurer déjà du mauvais côté de la trentaine. Mais de mon côté, ça ne ferait aucun sens quelque part, car dans les douze années qui me séparent des premières publications, il y a eu tant de vie que des années lumières ne pourraient la contenir. On n’accompagne pas un enfant aux portes de l’adolescence, on ne gravit pas des échelons professionnels, on ne dit pas que l’on est amoureux depuis bientôt 17 ans sans que les traces du temps qui passe ne se reflètent quelque part. Ces douze années, ce sont tout sauf de l’immobilisme et les cheveux ont blanchi sur le chemin.

Il y a quelques années, à l’occasion des anniversaires, on voyait parfois fleurir sur les blogues ou les réseaux des listes du type « 10 choses sur moi que vous ne savez peut être pas » ou un titre du genre, avec un sex-appeal qui n’avait rien à envier à un hors-série Cosmo : 10 régimes qui ont fait leurs preuves avant l’été ou 10 raisons de porter sa jupe au niveau des aisselles pour un été caliente. Oui j’ai un truc avec l’été, ça doit être parce qu’on sort juste de l’hiver. Bref, j’étais souvent impressionnée par leurs capacités à décrire avec précision leur personnalité : j’aime les petits pois échalotes choucroute, surtout en octobre entre 10h et 13h30; quand j’étais petite, je suis tombée un vendredi 13 d’un poney nain qui s’appelait Cracotte et je me suis fracturée le tibia en trois endroits distincts. J’étais fascinée par le caractère à la fois exceptionnel de leurs traits de personnalité et la façon dont on pouvait y adhérer sans retenue. J’étais aussi admirative qu’elles se connaissent si bien. Personnellement, je n’étais pas capable de dire si j’aimais plus les petits pois le jeudi que le dimanche et, le jour où je suis tombée de cheval la tête sur un tronc d’arbre, j’ai oublié jusqu’à mon nom, alors la date …

La trentaine avançant (se terminant), je me connais mieux et j’ai le goût de me prêter à l’exercice. Dix, c’est un peu le désert de Gobi en termes de traversée alors tentons cinq.

– Je porte le nom d’une impératrice qui fut d’abord une prostituée, et je tire une satisfaction toute personnelle de cette ascension qui n’est pas la mienne. Sur la liste des prénoms considérés, il y avait également Athenaïs et Tabatha. Est-ce que notre prénom détermine notre histoire ? Vous avez trois heures.

– Je voue un dédain farouche à la télé-réalité consistant à enfermer ensemble un groupe d’adolescents attardés. Je ne comprends ni le but des participants ni le plaisir que cela procure à ceux qui les observent. Est-ce le même engouement que lorsqu’on s’extasie, à travers les grilles du zoo, sur l’attitude du panda indolent qui mâchonne imperturbable son bambou ? La justification que je comprends le moins à cet égard est « ça me vide le cerveau ». Personnellement ça le remplit d’une série de questions socio-psychologiques et d’une grande terreur quant au devenir de la race humaine.

– J’ai changé de ville à l’âge de 3 mois, 3 ans, 6 ans, 13 ans, 19 ans, 21 ans, 23 ans, 27 ans et 29 ans. Quand je suis arrivée dans ma ville actuelle, j’ai immédiatement senti que j’étais arrivée à bon port. Un vrai coup de foudre.

– Voir les gens interagir entre eux est à la fois source de fascination et de stress pour moi. J’aime voir aller les gens (sauf quand ils sont enfermés tous ensemble dans une maison avec piscine et qu’ils ont un QI proche du montant de mon compte en banque) mais je perçois très fortement leurs sentiments, leurs doutes et leur détresse. Une personne qui peine à trouver sa place dans une discussion, une autre dont l’esprit s’échauffe car elle se sent incomprise, et c’est tout mon système qui se met à bouillonner. Souvent, je suis tentée d’échapper à cette observation douloureuse, y compris lorsqu’elle est fictionelle. Les sentiments larmoyants sur petit écran ? Très peu pour moi.

– Je ne suis ni casse cou ni spécialement courageuse mais j’ai une conscience du danger comparable à celui d’une huître. Marcher sur un pont glissant ? Pas de problème. Sauter de l’avion en espérant que le moniteur a bien vérifié le parachute ? Les doigts dans le nez. Si quelqu’un dit que ça passe, c’est que ça passe. Je fais confiance. Tiens regarde de l’eau bouillante.

Je me suis un peu égarée dans cet exercice. Vous ai-je parlé de mon admiration pour la concision ? Bref, je vous invite à tenter le coup à votre tour, en commentaires ou dans un petit message juste pour moi.

-Lexie Swing-

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