Suivre le fil rouge de mon esprit

Un article aux deux semaines, c’est le rythme que je mène depuis un mois ou deux. Mars a été un mois fort occupé et c’est en Avril que j’ai décidé de redoubler d’efforts pour mener à bien mon projet de livre pour enfants. Dans mes tiroirs, deux histoires dorment depuis quelque temps : un roman à multiples personnages et une histoire pour grand enfant avec une héroïne trépidante. C’est cette deuxième histoire sur laquelle j’ai choisi de me concentrer, avec pour but de mener à bien l’essentiel de la structure d’ici la mi-mai. Je vous en redonnerai des nouvelles mais à date, le projet avance.

Tel que vous ne me voyez heureusement pas, je suis en ce moment chez ma coiffeuse avec sur la tête une opacité digne de Cher. Deux heures d’attente pour trois mois de bonheur sans cheveux blancs – que demander de plus. Alors armée d’un verre de Pinot Grigio, j’écris. J’écris et je réfléchis à un article que j’ai lu récemment sur la douance. Je réfléchis à toutes ces variations de profils qui ont surgi dans notre environnement, tous ces noms que l’on ignorait dans les années 90 et qui ponctuent désormais la moindre conversation dont les enfants sont le sujet principal. Je fais ici un aparté pour mentionner que l’expression préférée de B. ces temps-ci est “comme une folle des années 90” et visiblement dans son imaginaire, il s’agissait d’une époque chaotique.

Je ne sais pas si c’est propre au Québec ou si la tendance s’est répandue comme une traînée de poudre des deux bords de l’Atlantique mais au nombre d’enfants diagnostiqués pour différents troubles, on ne peut plus parler d’un phénomène marginal. Une amie me disait que dans la classe de première année (CP) de son fils, ils étaient une dizaine à porter l’étiquette du trouble de l’attention, avec ou sans hyperactivité. Pourtant, ce sont les mêmes spécialistes qui disent qu’il est difficile d’établir un diagnostic avant les 8 ans de l’enfant.

Mais bref, ce n’est pas pour clouer au pilori les psys ou les profs que j’écris ceci. En fait mon objet est tout autre : plus je lis, plus je m’informe, plus je me demande “et moi je suis quoi ?”. Au début, j’avais le goût de m’autodiagnostiquer HPI. Facile : j’ai su lire tôt et j’ai été tête de classe pendant longtemps. Mais bon, force fut de constater que mon palmarès de championne de classe ne me permettait guère de prétendre à du haut-potentiel. Mon diagnostic a pris l’eau en rencontrant cet iceberg qu’était la pensée en arborescence, propre aux personnes HPI : “La pensée se déploie parfois dans plusieurs directions, parfois en même temps, chaque idée se divisant en sous-idées, par association d’idées ou analogies”. Man, je ne me repère déjà pas dans mon propre quartier alors prétendre à du mapping spirituel…

Après ça, je me suis renseignée sur le tdah. Moins sexy, on ne va pas se mentir, mais oh combien réaliste au regard de mon degré de concentration quotidienne. « Tu peux enlever l’hyperactivité de l’équation », m’a conseillé une amie au regard de ma vivacité naturelle proche de celle d’une plante en pot. Inattention, oublis fréquents et répétés des objets du quotidien, difficulté à terminer une tâche, name it. Actuellement, je m’enligne pour cette hypothèse.

Mais n’oublions quand même pas qu’en 2018, j’ai découvert un autre concept prometteur à mes yeux : l’hypersensibilité. Enfin, je comprenais pourquoi j’avais longtemps craint les textures étranges de certains aliments. Finalement, quelqu’un mettait des mots sur mon inconfort d’enfant au contact de certains vêtements. Les odeurs, les bruits, tout s’expliquait enfin. Et 30% des personnes feraient partie de la gang, j’étais forcément concernée, n’est ce pas ?

Mais au fait, est-ce qu’il y a forcément quelque chose qui nous correspond ? C’est un peu la question que je me pose, lorsque je vois émerger tant de mots accolés à nos enfants. À date, je ne connais personne qui soit revenu d’une évaluation avec une page blanche « RAS, rien à signaler, enfant parfaitement dans les clous ». Vous me direz, avec raison, que je suis de mauvaise foi puisque l’on se rend rarement à l’étape de l’évaluation NeuroPsy sans raison préalable. Mais quand même, ne dit-on pas que lorsqu’on cherche, on finit toujours pas trouver ? Suis-je la seule à voir chez chacun d’entre nous des traits propres à plusieurs des profils mis de l’avant ? En ouvrant cette boîte de Pandore que sont les pages Facebook dédiées à ces troubles et particularités, j’ai découvert encore plus : des singularités croisées. Ces « doubles exceptionalités », comme on les appelle, qui permettent de recouper différentes réalités.

Les témoignages sont majoritairement positifs : le diagnostic est vécu comme la réponse à un sentiment de décalage, la révélation d’un tour dont on aurait observé le résultat sans en comprendre le mécanisme. Tout à coup, les rouages s’ajustent et font sens. Mais est-ce parce que la différence est réelle ou bien parce que la normalité est trop étroite ?

Alors je m’interroge : va-t-on trop loin, dans notre course aux évaluations et aux diagnostics ? Est-ce que ce qu’on évalue comme des particularités sont réellement une marginalité ou bien nous avons tous plus ou moins des profils particuliers ? Est-ce que c’est plus courant aujourd’hui ou nous étions aussi nombreux à notre époque (nous, les cinglés des années 90) mais il n’y avait pas encore de mots à accoler sur nos maux ?

Qu’en pensez-vous, vous ? Et si vous ou votre enfant avez reçu une telle évaluation, quelle perception en avez-vous ?

-Lexie Swing-

Une réflexion sur “Suivre le fil rouge de mon esprit

  1. Je suis impatiente de lire tes écrits de livre pour enfants!

    Sur l’autre sujet, mon expression favorite, c’est « personne n’est normal ». Je plaide plus pour l’acceptation de tout plutôt que sur les diagnostiques, sauf souffrance évidente, troubles envahissants, etc. Bref, des mots sur les maux, c’est bien, mais quand ce n’est pas un maux, faut-il des étiquettes? Vous avez quatre heures…

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