Petit précis d’un voyage Canada-France en temps de Covid

Il y a quelques jours à peine, nous posions le pied sur le sol canadien (« mais pas avant d’avoir passé la douane » a expliqué l’amoureux à nos deux filles soufflées par cet entre-deux un peu magique dans lequel elles se trouvaient alors, soit la longue longue file d’attente avant les autorités douanières) après 28 journées passées en France. 28 journées… « mais vous êtes fonctionnaires? » s’écrieront les jaloux. Même pas! Mais désormais dépossédés de jours de vacances pour l’année, certainement!

Les vacances en temps de Covid, c’est très 2021. Rien à voir avec 2020 où on n’y croyait plus tout à fait. Et encore moins avec 2019 où l’on ne savait même pas ce que c’était. 2021, ce sont les vacances version vaccin, tests PCR et pass sanitaire, avec copies multiples et QR codes à foison. Petit guide pour voyage dans le Covid en temps de voyage (ou l’inverse, c’est selon).

Les règles sanitaires

Tu vas voir, les règles sanitaires changent plus vite que tes gamines de culottes le jour où t’as bien voulu gonfler la mini-piscine. Tu ne peux rien anticiper, juste faire le maximum en priant pour que le maximum rencontre l’exigence. SPOILER ALERT : parfois ça ne suffit pas. Tu fais un test antigénique de -72h rendu brusquement caduque par un nouveau règlement demandant un test PCR de – 48h. Tu anticipes une quarantaine du 2 au 16 août qui n’est plus demandée pour tous les voyageurs arrivant à compter du 3 mais dont l’annulation n’est pas rétroactive pour les gens arrivés avant le 2… Tu prévois d’aller au ciné en France, fais ton test PCR parce que tu n’es pas vacciné, et apprends que le ciné du coin a coché l’option B « j’accueille moins de 50 personnes et je ne demande pas de pass sanitaire ». Le ciné de la ville voisine a coché l’option A « j’accueille qui je veux tant que je peux flasher du pass sanitaire ». Tu ne sais plus où aller, du coup.

Avant de partir

Désormais, pour aller en France depuis le Canada, tu peux 1) te contenter d’un test antigénique (moins cher et plus rapide), 2) ne pas faire de test si tu es doublement vacciné. Trouver le test pas cher, c’est un peu le Graal. Tu cherches, tu soupèses, tu compares. De notre côté, le choix a été rapide : le rendez-vous avait été pris avant l’annonce concernant l’autorisation des tests antigéniques (forcément) et le délai de 72h tombant un jour férié, nous avons opté pour une visite à domicile d’une infirmière. Le tarif ? 180$ le test PCR. Heureusement, les enfants de moins de 11 ans ne sont pas concernés.

Le vaccin

Au Québec, le choix a été fait par le gouvernement de vacciner la majorité de la population d’une première dose, avant de proposer une deuxième dose. Lorsque la fameuse deuxième dose, Saint-Graal de la mère Liberté, est arrivée sur le marché, nous nous apprêtions à partir et les délais étaient trop longs pour l’obtenir. Forts de notre citoyenneté française, nous avons donc frappé à la porte d’un centre de vaccination en France (après avoir pris rdv via Doctolib, on est bien élevés quand même). Le combo salutations-questionnaire-vaccin a pris moins de quatre minutes. C’est bien simple, nous n’avions pas les fesses posées sur nos chaises que les aiguilles étaient déjà dans nos bras. C’est dire la fébrilité qui habite ces pauvres vaccinateurs. Il faut dire que l’allocution présidentielle concernant les futures restrictions aux non-vaccinés n’avait pas encore eu lieu et que lesdits centres de vaccinations étaient déserts. Mais je disais donc : 4 minutes et nous présentions nos papiers aux tables de sorties. L’occasion pour les responsables de se rendre compte que nous n’étions pas dans le système, et qu’il fallait appeler Monique, à la table 8, et puis finalement Geneviève, à la centrale. Pas de regrets, l’ensemble de l’équipe avait le sourire aux lèvres : un petit challenge matinal, ça renforce l’esprit d’équipe, surtout quand la routine s’installe. Ma gentille interlocutrice m’a donc remis triomphalement mon papier en bonne et due forme 15 minutes plus tard : l’opération avait été menée (et bien menée) et nous étions désormais doublement vaccinés!

La Covid à la française

Il y a la règle et son application. Preuve en est que ceux qui voyagent vers la France arborent un sourire jusqu’aux oreilles et les doigts de pieds bien écartés. On n’a pas légalisé le cannabis mais other than that, on la joue plutôt cool en France. Peu de documents vérifiés, une quarantaine réduite à peau de chagrin, rare télétravail… Il y a le reste du monde qui s’interroge sur la vie d’après et la France qui attend de siffler la fin de la récré, assez rigolé, retour à la vie normale. On a mal à sa liberté apparemment, plus qu’à ses soignants ça a l’air, ou à ses vieux, ses malades qui ne peuvent pas se faire vacciner, etc. En même temps, nous étions donc derrière notre télé (française) au moment de l’allocution présidentielle et le ton employé ne donnait pas envie de donner un coup de collier pour débarder le bois. C’est peu de dire qu’on n’en est pas sorti (du bois). Nulle mention d’un effort au nom des susmentionnés (vieux, soignants, malades, vous ne suivez plus ça se sent), mais de la bonne secouée paternaliste façon Père Fouettard endimanché. À ce régime, j’aurais probablement aussi fait désertion.

Le test PCR en France

Pour revenir au Canada, il est nécessaire de dégainer un test PCR de -72h, que tu sois vacciné, sympathisant, ou sans avis. Le labo du coin fera l’affaire et les délais semblent rapides : 10h dans notre cas. Les enfants de 5 ans et + sont aussi concernés, des fois que ça vous dirait d’en abandonner un sur le tarmac : un oubli de test PCR peut suffire, attention qu’on ne vous oblige pas à débarquer aussi. Le test est théoriquement payant pour les Français non résidents, et il le deviendra bientôt pour tous, mais la seule présentation de notre passeport français nous a donné accès au test gratuit. Seule la mini, fière titulaire d’un passeport canadien, a dû débourser une somme insensée (elle ne voulait pas rester sur le tarmac) (insensée dans son sens premier : 63 euros, alors que le test coûte autour de 45 euros normalement. Comme on nous octroyait gratuitement les autres tests, je n’ai pas cherché à argumenter. On se démène pour 20 euros et on se retrouve à en payer 200, je connais la comptine).

Au retour

Voyager vers le Canada en ce moment ressemble à une partie de Fort Boyard avec le Père Fouras improvisant des haïkus sous amphet’. On ne comprend rien et on est sûrs d’en louper la moitié. La preuve, notre avion a été retardé d’1h45 car les papiers relatifs au contexte sanitaire n’ont été vérifiés qu’à l’embarquement. Résultat : des gens qui avaient un test antigénique au lieu d’un PCR (non valable pour un vol pour le Canada), d’autres qui étaient vaccinés et pensaient pouvoir se passer du test (nope) et des étudiants qui n’avaient pas reçu LE sésame, celui qui te dit que tu peux atterrir au Canada (la lettre d’acceptation de l’Université ne suffit pas, il y a une temporalité à respecter). Des gens ont donc été refoulés, il a fallu aller récupérer leurs bagages dans la soute. Bref, on était bien partis. À l’arrivée, c’est la débandade. Il y a plus de compatriotes autour de nous que pour une finale de Coupe du Monde et les arbitres n’ont pas l’air de rigoler. On patiente, on patiente encore, on enjambe des enfants assis par terre, on passe des bornes électroniques, puis des douaniers, puis nos bagages, puis de nouvelles vérifications. Nous sommes avant le 9 août et le test à l’arrivée n’est pas encore aléatoire alors nous nous dirigeons docilement vers un nouveau grattage de nez. On nous tend deux tests à faire faire aux enfants à leur 8e jour de quarantaine et puis ça y’est, nous sortons. Nous revenons enfin, c’est la fin de 28 jours incroyables, malgré la Covid, malgré la réglementation. Le bonheur se fout des contraintes.

-Lexie Swing-

2 réflexions sur “Petit précis d’un voyage Canada-France en temps de Covid

  1. Pas mal la même expérience début juillet pour mon aller-retour rapide. C’était franchement la merde à Montréal pour le test COVID à l’arrivée, personne ne comprenait à qui il s’appliquait et comment le faire (quand je dis « personne », c’est le personnel). Le panneau disait « test obligatoire pour les voyageurs internationaux », ce que certains interprétaient comme « les non Canadiens », alors qu’en fait il fallait lire « tout le monde qui arrive de l’étranger ». Le personnel m’a d’abord dit que j’étais exemptée, car vaccinée, mais j’ai insisté pour faire le test : bienvenue en 2021 où on a des envies bizarres, celle de se faire récurer le nez en arrivant… enfin surtout, je voulais être dans les clous vu que je repartais quatre jours plus tard. On a essayé de me refiler un boîte de test à faire à la maison, j’en voulais pas vu les retours sur l’entreprise Switch Health qui envoie (ou pas) Purolator ramasser la boîte et analyse (ou pas) les résultats. Bref, deux heures d’attente pour un test où le coton tige n’était même pas enfoncé dans la narine.

    Finalement apparemment Mark ne sera pas en quarantaine quand on va rentrer à la fin du mois, et les tests à l’arrivée sont aléatoires, plus obligatoires. Mais, ça peut changer, qui sait. Je commence à m’y perdre. Et je ne sais pas non plus comment je ferai quand le pass sanitaire fera inévitablement son entrée en Ontario. Aucun certificat canadien n’est donné aux vaccinées à l’étranger pour le moment…

    • Si si, on n’a pu faire reconnaître notre vaccin français de notre côté ! Nous on avait prévu et compris qu’il fallait faire le test alors on s’est pas posé de question, on a suivi le chemin jusqu’aux tests lol. On a dû utiliser SwitchHealth pour le test du 8e jour pour les filles et c’était encore la prise de tête mais finalement on a eu les résultats avant la fin de leur quarantaine, c’est déjà ça !

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