Journal d’un confinement – Semaine 7

Je sors du week-end plus fatiguée que je n’y suis entrée. Tempête a jugé bon de se réveiller un peu près 5 fois (ressenti : 1000) dans la nuit de samedi à dimanche, faisant passer mon temps de sommeil espéré au temps de sommeil réel de 8h à 5h. Alors que je m’étais endormie à ses côtés, les jambes repliées (son lit est relativement large mais particulièrement court), sa grande soeur m’a soudainement appelée pour me préciser que la porte de sa chambre était fermée et qu’elle apprécierait que je la réouvre. J’en ai profité pour me recoucher dans un lit digne de ce nom – le mien. Il était 4h. J’aurais dû me douter que la soirée était mal engagée lorsque ma tentative d’épilation de la demi-jambe droite s’est soldée par un échec. Le combo cire + rasoir m’ayant fait perdre un (certes petit) morceau de peau, cela a pris les soins de mon conjoint, et son assurance – je lui ai fait promettre – que je n’allais pas me vider de mon sang durant la nuit, pour que je puisse enfin remarcher. Si j’avais su que j’aurais l’occasion de mettre mon pansement de fortune à l’épreuve quelques heures plus tard…

Humeur : consternée. Je ne suis pas certaine qu’une humeur puisse être consternée mais la consternation m’habite certainement. Nous profitons pleinement de ce huis clos en famille, nous n’avons jamais été aussi sereins, détendus et accomplis – familialement parlant- que ces jours-ci. Nos filles se sont davantage rapprochées, nos projets avancent, nos boulots respectifs nous laissent du temps, la belle saison arrive et nous autorise du temps en extérieur. Malgré tout, je suis consternée par le monde extérieur, cette impression d’immobilisme. J’ai eu vent toute la semaine des protocoles qui allaient être mis en place dans les écoles de ce monde dans les prochaines semaines et moins que la peur de la maladie, c’est la crainte d’un monde anxiogène qui me rattrape désormais. J’accepte volontiers de me plier à toutes les règles en place, à la distanciation, au lavage de mains à répétition de magasin en magasin, au port du masque pour protéger les autres. Découvrir que nos enfants devraient cohabiter en tout temps à X mètres les uns des autres, rester dans la même salle tout le long de la journée durant, qu’ils ne pourraient jouer qu’avec leurs propres jeux, et jamais ensemble, qu’ils n’auraient plus ni cours de musique, ni cours de sport, ni cours d’informatique, fut pour mon humeur une toute autre histoire, dont je peine, je crois, à me remettre.

Organisation : toujours bonne. Nous avions prévu cette semaine une « journée pédagogique », donc une journée de congé puisque j’avais moi-même congé. Je profiterai certainement des prochaines pour proposer quelque chose de spécial à mes filles, un peu à l’image des journées à thèmes de Deborah. Mais en attendant, nous en avons profité pour passer du temps dans le jardin, grâce à une météo particulièrement ensoleillée, et c’était déjà une bonne entrée en matière avec la belle saison.

Couple : uni. Je dois dire que l’on se sent chanceux de pouvoir compter l’un sur l’autre en cette période compliquée.

Point d’orgue : notre commande Décat’ est enfin arrivée, deux semaines après son avis d’expédition. Un panier de basket trône désormais dans notre cours, pour le plus grand plaisir des enfants. Nous y avons ajouté un hula-hoop et une corde à sauter, avons ressorti pour l’occasion les ballons de soccer et les frisbees. Tout pour s’occuper en attendant d’être déconfinés.

A la télé : on a fait découvrir à nos filles le dessin animé Pixar « Là-Haut » (Up). Elles étaient déjà très émues devant l’histoire accélérée du protagoniste et de sa femme. Sans surprise, j’ai enfanté des hypersensibles (comme moi).

Sous mes yeux : j’ai fait de la boulimie de lecture cette semaine, en commençant par J’aurais aimé être comme vous, d’Anne Bezon, suivi d’un autre Cecelia Ahern : How to fall in Love. J’ai terminé par un roman retrouvé dans ma bibliothèque et que je n’avais pas encore lu : Loin, d’Alexis Michalik (que j’ai adoré).

Vague à l’âme : tarifs exorbitants, fermetures des frontières… à l’heure du coronavirus, l’immigration prend tout son sens. On est celui qui est loin, et qui ne pourra pas passer « faire un coucou » lorsque le confinement sera terminé.

Point bonus : la météo de cette fin de semaine, qui apporte un peu de douceur à ces moments particuliers.

Les bonnes idées de la semaine : réduire sa consommation de l’actualité au strict minimum.

À l’aube de la semaine 8, nous avons déjà confirmé – via sondage – que notre fille aînée ne retournera pas à l’école le 19 mai. Du même fait, il est probable que sa soeur ne reprendra pas la garderie. Si l’ainée semble avoir adopté ce mode de vie un peu particulier, sa jeune soeur se plaint de plus en plus fréquemment de ne plus voir ses amis. Et si nous tâchons de lui promettre de faire notre possible pour qu’elle les retrouve avant de commencer la maternelle, l’incertitude quant à une date officielle de retour et, plus encore peut-être, l’inquiétude qui entoure les conditions dans lesquelles se feront ce retour, commencent à nous peser.

Je vous souhaite une belle 8ème semaine, puisse-t-elle nous apporter des réponses, des projets, ou quelques fou-rires, à tout le moins.

-Lexie Swing-

Journal d’un confinement – Semaine 6

Six semaines d’écoulées. Mon chum se demandait justement combien de semaines nous avions déjà passées ainsi confinés… Deux de plus et nous aurons fait l’équivalent des grandes vacances. Si l’on m’avait dit un jour que je travaillerais à la maison, tout en faisant des leçons et en proposant des activités à mes enfants, le tout en restant principalement chez moi, durant deux mois (et plus), j’aurais ri. Le cauchemar s’est avéré réalité et finalement il n’était pas si pire que ça.

Humeur : bonne. Sauf que j’ai pris (encore) un kilo. La faute à toutes ces recettes que je teste, juste pour vous préparer un article récapitulatif. « Juste » pour ça.

Organisation : avec le temps qui s’adoucit (ça arrive tard ici au Québec), les récréations se font désormais dehors. Elles s’allongent à mesure que notre avis de « faire cours » se réduit. Les devoirs à rallonge comme ont à gérer certaines de mes amies en France est une galère sans nom, mais le « pas de devoirs » quand tu veux que ton enfant garde un peu le niveau est difficile aussi. Bref, #jamaiscontents.

Couple : on a réparti aussi la préparation des repas et ça c’est le bonheur.

Point d’orgue : l’un de nos restos préférés – le Charlotte – a rouvert ses portes la semaine dernière pour permettre les commandes à emporter. On a soupé d’un fish & chips (ce n’est pas du tout végé j’en conviens), d’un aligot (oui oui ici au Québec) et d’une poêlée de légumes, et c’était (presque) doux comme une sortie de couple un soir d’été.

À la télé : deux de mes séries ont sorti des nouvelles saisons, soit Brooklyn 99 et After Life. On a commencé avec After Life parce que l’humour anglais m’émeut. On s’en est tenu à « seulement » deux épisodes et la scène entre Ricky Gervais et son amie prostituée autour d’un plat de pâtes (dégueulasse, apparemment) était juste parfaite de spontanéité. Insolemment juste, malgré le contexte improbable. J’ai aimé aussi le film Love the Coopers qui a récemment rejoint Netflix Canada. Le scénario est gentillet, mais ce sont surtout les scènes d’Olivia Wilde, absolument sarcastique, qui sont savoureuses.

Sous mes yeux : j’avais besoin d’une lecture douce, j’ai cherché un bon Cecelia Ahern, une romancière irlandaise (type Chick Lit) que j’aime beaucoup. J’ai donc choisi « Thanks for the memories » – je la lis en VO – et c’était juste parfait.

Vague à l’âme : j’ai lu un titre du Monde qui disait quelque chose comme « Foie, reins, etc. que touche la Covid-19? » et j’ai fermé l’ordinateur pour ne pas savoir.

Point bonus : j’ai une journée de congé cette semaine… je pense partir en voyage dans mon jardin, bien au fond. Là où je ne suis jamais allée.

Les bonnes idées de la semaine : mon futur article sur les bonnes recettes à tester, qui s’en vient, bientôt!

Au Québec, une reprise des écoles à compter du 11 mai, pour les régions, et du 19 mai pour la grande région de Montréal, vient d’être annoncée. Base volontaire, par petits groupes. On attend d’en savoir plus pour décider ce que l’on fera. Et de votre côté, qu’est-ce qui est prévu? Et que prévoyez-vous faire?

-Lexie Swing-

Journal d’un confinement – Semaine 5

Cinquième semaine et ils sont encore 4! Personne n’a été éliminé! Les votes du public sont unanimes et nous sommes dus pour rester. Impossible de savoir combien de temps cela durera, c’est le jeu le plus long de l’histoire de la télé.

Humeur : top shape! On a trouvé une vitesse de croisière. Plus rien n’est en vue : ni la Terre de départ, ni le lieu d’arrivée. En pleine mer, nous profitons du voyage. La houle est forte par moment mais puisqu’il n’y a pas d’issue, nous apprenons à composer avec le moment. J’ai du mal à m’imaginer reprendre là, demain. Je ne suis plus sûre de comment je faisais avant et pas certaine de comment je vais faire après. J’ai enfin atteint l’état d’acceptation (avant la tempête bien sûr, celle où l’on m’annoncera que je suis coincée avec les mouflets jusqu’en septembre).

Organisation : peaufinée. Désormais, je fais avec les enfants le shift 8h30 – 10h et mon chum le 11h-12h30 (repas inclus). Entre les deux, elles font du sport et jouent. Un appel? On lance une comptine éducative (et un peu neuneu) type « Petit Ours Brun apprend à faire ses lacets ». L’après-midi, on a convaincu notre cadette que la sieste était bonne pour elle, elle fait donc semblant, dans l’espoir de pouvoir regarder « un petit dessin animé en fin de journée ». Je m’en occupe le temps d’un bricolage ou d’une recette, elles sortent avec leur père pour un match de basket ou un entrainement des chiens (occuper les enfants en les faisant s’occuper des chiens, c’est vraiment le concept gagnant-gagnant chez nous), et le soir, quand il fait beau, on enfourche les vélos.

Couple : à l’unisson.

Point d’orgue : on parle peu de l’effet que ce confinement a chez nos enfants. Ils n’ont pas d’autre choix que de subir – comme nous, mais avec encore moins de contrôle sur la situation – et il est clair que ça ne se passe pas au mieux chez tout le monde, si j’en crois les interventions sur certains groupes que je suis. La grande gagnante de ce confinement est sans conteste ma fille aînée. L’anxiété a été divisée par trois, sa gestion des émotions est excellente et elle trouve beaucoup d’apaisement à la présence de ses chiens en permanence autour d’elle. Elle s’occupe de la nourriture des animaux, met la table du petit déjeuner, fait ses devoirs sans rechigner, s’occupe de sa petite soeur et fait des kilomètres à vélo sans se plaindre. Elle fait aussi le pitre et rit à l’unisson avec la famille. Bref, ce n’est plus le même enfant!

À la télé : c’est la dèche! J’ai épuisé ma liste de films pour enfants hypersensibles. Des idées?

Sous mes yeux : Le discours, de Fabrice Caro

Vague à l’âme : comment va -t-on faire pour reprendre une vie normale après tout ça?

Point bonus : les gozlems que j’ai cuisinés hier soir et pour lesquels ma fille a dit « Maman fait les meilleurs du monde ». Elle n’a pas de point de comparaison bien entendu, mais j’aime l’idée que mes enfants pensent qu’il y a des choses que leur mère fait mieux que personne.

Les bonnes idées de la semaine : le site éducatif ortholud.com, qui regorge d’idées d’exercices et l’utilisation des Smart Games pour le cours de maths.

Partout, la vie semble être entrée dans une certaine routine. Les initiatives éclosent moins, pour laisser la place à une sorte de normalité temporaire. C’est à la fois dommage et rassurant.

En France, certains ont pris la décision de suivre le calendrier scolaire et ainsi de passer en mode « vacances ». Il n’y a pas de vacances prévues ici entre mars et l’été, et je ne me sens pas prête à laisser aller notre précieuse routine. Nos week-ends sont pour moi les plus déroutants, et me demandent déjà à chaque fois une sorte d’ajustement. Et vous, qu’avez-vous prévu sous votre toit?

-Lexie Swing-

Parentalité : et parfois se choisir

Semaine 4 – la semaine dernière donc – j’ai commencé à éprouver physiquement les plaisirs du confinement : chaise mal ajustée et rares sorties. Mes muscles se dérobaient à mesure que mon dos se courbait. Laissez-moi enfermée un mois de plus et j’aurais pris dix ans.

A ceci s’est ajouté un ras-le-bol général de la maisonnée alors que mes filles ont commencé à se taper sur le ciboulot (littéralement), que la météo était maussade et les informations inquiétantes.

Est arrivé ce jour particulier où j’ai commencé à ne plus pouvoir maîtriser le volume de ma voix. J’ai lu quelque part que la rage maternelle existe, et je peux vous confirmer que c’est le cas. À chaque nouvelle bêtise, mes lèvres se mettaient à trembler et mes ongles à empaler mes paumes. Éducation bienveillante? Quel est ce mot? Il n’était même plus question d’éducation mais de contention. De mon énervement latent. Prêt à exploser.

Il y a dû y avoir un sifflement de trop car tout à coup, mon amoureux a réuni la petite troupe et il a poussé tout le monde vers la voiture. « Allons faire un tour », a-t-il dit. Et puis : « Maman a besoin d’être seule ». Les enfants se sont accrochés à moi, dans une confusion toute enfantine dans laquelle se mêlaient les « Excuse-moi maman », les « Mais je veux rester avec Maman », et les « Maman je ne veux pas partir sans toi ».

La culpabilité a embarqué. Je les mettais de côté, je leur refusais mes bras, je me choisissais moi.

Et puis, profitant du calme retrouvé, je me suis rendue compte que j’avais le droit, de me choisir parfois. Que leur avoir donné la vie me rendait responsable, mais pas redevable. Que notre génération de parents a bien compris que les enfants devaient être traités comme des individus, mais que la génération de nos enfants semble oublier que nous sommes, nous aussi, des individus, avec nos occupations, nos envies et nos humeurs. Que ce ne sont « que des enfants », mais qu’il n’y a pas d’âge pour inculquer le respect de l’autre. Et qu’il est inacceptable de déclarer « t’es méchante tu veux jamais rien faire avec moi » à sa mère qui se lève pour vérifier un courriel après avoir passé 45 minutes à découper des coeurs, coller des étoiles et gérer la colle scintillante. On a le droit d’être déçu mais pas désagréable, ni impoli. Et ça, c’est un apprentissage qui leur servira toute leur vie car on sait – ô combien le sait-on – que ça manque encore à certains.

Les profs sont unanimes : « Pas besoin de faire trop de travail scolaire, les petites choses de votre quotidien seront déjà une belle forme d’apprentissage ». C’est bien noté, je vais aller prendre un bouquin, faire couler un bain, fermer la porte à clé et les laisser apprécier cette leçon : « Dans la vie, il faut aussi savoir se choisir quand le besoin s’en fait sentir ».

-Lexie Swing-

Crédit photo : Sarah Pflug

L’âge de raison

img_4058Il y a un instant à peine, nous t’accueillions parmi nous. Dans mes souvenirs, se mêlent les chuchotements des sage-femmes, la tendresse de ton père, et puis tes pleurs, soudains, qui déchirent le silence.

La suite de notre aventure est un enchevêtrement d’instants et de ponctualité photographiée. Notre retour à la maison avec Led Zep en fond sonore. Notre aller retour à Bordeaux pour la visite médicale qui allait te permettre de partir au Canada – déjà. Mes tentatives pour te faire asseoir, alors que tu te retenais maladroitement sur tes poings. Nos premières vacances. Notre vol Toulouse-Montréal, en tête à tête, et ton calme olympien.

Ton histoire est celle du premier enfant, de la première née. Celle pour laquelle je posais tant de questions et souffrais de comparaison. Étais-tu en retard pour la marche ? Que penser de ta dextérité précoce avec les puzzles ? Aurais-tu dû connaître ton alphabet à 3 ans ? Est-ce tous les enfants qui comprennent si vite les calculs ?

Je me souviens du bébé que tu fus, de la petite fille que tu es devenue. De ce temps où l’orage grondait tellement dans ton cœur que je pensais que jamais plus je ne nous retrouverais, ensemble.

Je me suis trompée mon ange.

À tes maux, nous avons offert nos bras, et d’autres t’ont ouvert leur porte. Tu y as déposé ton bagage, tu y as livré tes douleurs. Pour repartir plus légère. Alors, nous t’avons retrouvée.

Tu as 7 ans et tu es incroyable. Ton intelligence est vive, ton sens du sarcasme infini. Ta sensibilité est à fleur de peau, tellement connectée aux autres que tu te fermes parfois à leur présence, comme pour te protéger. Je te l’ai dit hier, je me sens chanceuse de t’accompagner dans cette aventure. Ça ne sera pas la plus facile, nous le savons toutes les deux.

Il y aura des obstacles, il y aura des cris. On se plantera de chemin. C’est certain, tu le sais. Tu me le dis souvent. « Maman, tu t’es trompée de route ». Et tu sais ce que je te réponds toujours ? « Mais non, je sais où je vais ».

Je sais où je vais. Je ne sais pas encore comment. Mais je suis avec toi. Nous sommes avec toi.

-Lexie Swing-

Faire voyager son enfant par avion

airplane-195062_1920Cet été, pour la seconde fois, B. prendra l’avion pour aller passer ses vacances en France. Nous sommes très chanceux que ses grands-parents et sa tante puissent ainsi la recevoir et lui offrir de vraies vacances. L’an dernier, plage et piscine étaient au programme. Un été riche en souvenirs pour elle, qui a pu partager des jeux avec ses cousins et apprendre les prémices de la nage.

L’an prochain, c’est avec sa soeur que nous espérons l’envoyer, pour leur éviter ainsi quelques semaines de camps d’été et nous offrir une pause bien méritée. Être parent lorsque l’on est immigré ou expatrié représente souvent une job à temps plein et les pauses sont rares! À nous les restos, le cinéma et surtout la débauche ultime : aucun lunch à préparer pour le camp d’été ou l’école.

Reste que la procédure peut paraître floue. À 7 ans, B. ne peut guère voyager seule. Pas même avec l’assistance offerte par les compagnies aériennes, service offert généralement à partir de 8 ans. Comme nous n’allons pas en France cet été, il nous a donc fallu trouver des accompagnants. Sa grand-mère viendra ainsi nous rendre visite deux semaines en juillet, puis repartira avec notre grande. Trois semaines plus tard, ce sont mes parents qui l’embarqueront dans leurs bagages, direction Montréal d’où ils partiront ensuite visiter la Gaspésie avant de passer du temps avec nous.

Un seul enfant mais des accompagnants différents, c’est là où le casse-tête commence. Nous aurons désormais fait le test avec Air Transat puis cette année avec Air Canada. Grâce à Delphine, j’avais pu commencer à démêler l’écheveau l’an dernier. Forte de ces dernières expériences, dont une réservation toute récente, voici un bref pas-à-pas.

1) Soyez sûr de vos dates. La partie la plus longue est certainement celle qui consiste à constituer le calendrier de l’été en jonglant entre vos vacances, les camps d’été et les disponibilités des accompagnants. Vérifiez les dates des camps, synchronisez-vous avec les parents des amis de vos enfants, vérifiez les disponibilités de la famille ou des proches qui accueilleront vos enfants, ainsi que leurs projets pour l’été à venir. Solliciter ainsi les gens en décembre pour l’été suivant parait un peu contre nature mais à l’ouverture des camps – dès janvier ici pour certains – tout le monde sera content d’avoir anticipé.

2) Demandez aux accompagnants de prendre leurs billets. C’est la base de tout. Si vous n’avez pas les billets des personnes qui accompagneront votre enfant, vous ne pouvez pas prendre son propre billet, puisqu’un enfant ne peut voyager seul. Assurez-vous qu’ils voyageront tous avec la même compagnie (ça aide!).

3) Une fois que les accompagnants vous ont transmis leurs billets, appelez la compagnie aérienne. Choisissez le service de réservation simple et expliquez que vous appelez pour réserver le billet d’un enfant. Vous aurez besoin du nom des personnes avec qui votre enfant va voyager, de leurs numéros de réservation, des dates et heures de vol des segments sur lesquels ils accompagneront votre enfant; ainsi que de leurs numéros de siège, s’ils les ont choisis. Si vous voyagez avec Air Transat, pensez à indiquer que votre enfant fait partie du Club Air Transat (ou inscrivez-le au Club si vous ne l’avez pas encore fait, c’est gratuit!).

4) Demandez à recevoir par courriel la confirmation avant de raccrocher. Et soyez vigilant! Si vous pouvez faire relire une tierce personne en même temps que vous c’est l’idéal. À titre personnel, j’ai toujours connu des erreurs dans les premières versions des réservations. Notre enfant à un nom de famille difficile à écrire, un prénom un peu original, et il est normal – en tout cas pas du tout inconcevable – que l’agent qui saisit le nom puisse faire des erreurs. Quant aux dates, heures de vol… elles devraient être préservées des incohérences, l’agent jumelant le vol de votre enfant avec une réservation déjà existante, mais si l’accompagnant est quelqu’un qui confond souvent les dates (moi par exemple), prenez soin de bien tout vérifier deux fois.

5) Vérifiez les passeports, demandez éventuellement des visas et rédigez des autorisations de sorties du territoire. Selon le pays dont partira votre enfant, celui dont il est originaire, celui à travers lequel il transite, etc, vous pourriez avoir besoin de fournir des documents supplémentaires. N’hésitez pas à vous y prendre tôt!

C’est fait? Respirez… appréciez… Dans quelques mois, votre enfant partira vivre des vacances bien méritées… pendant que vous profiterez des vôtres (si si, le boulot aussi ça peut être des vacances, surtout quand on peut prendre son temps pour rentrer le soir). Vous avez peur de sa réaction? Vous ne savez pas comment bien le préparer au voyage? On s’en reparle bientôt!

-Lexie Swing-

Christmas Craziness

Décembre touche à sa fin et les vacances de Noël sont bientôt là. On croit (à tort) que décembre sera une promenade de santé sur la côte basque : aérée et sans un chat à l’horizon. C’était compter sans la masse de travailleurs tout aussi à la ramasse que moi qui ont vu arriver le 15 décembre avec l’inquiétude d’une biche traquée. On aurait dû savoir pourtant… la folie de Noël avait commencé tôt, dès les premières requêtes grand-parentales «pour savoir c’est quoi qu’il veut le petit». Je parle pour les autres bien entendu, mes parents ne parlent pas comme ça, ils font des phrases construites et complètes. T’inquiète pas Papa, tu peux fermer l’article c’est bon, l’honneur est sauf. (Je sais déjà que mon père s’apprête à répondre : « De toute façon tu sais bien que ce n’est pas moi qui m’occupe des cadeaux»).

Bref, il a donc fallu faire une liste fissa. Sans catalogues – le Dieu du zéro-déchet et de la parentalité avisée remerciera ici les autorités locales qui interdisent la distribution desdits catalogues : moins de jouets visualisés signifie moins de jouets non-nécessaires (communément appelés «p***** ta mère et ses idées à la con» chez tous les couples de ce monde) (ma famille n’est pas visée ici, celle de la femme que j’ai entendue se morfondre à ce sujet dans le train oui par contre). Sans catalogues disais-je, nous avons fait une liste rapide basée sur les jouets des amis + les jouets entraperçus au magasin + les dessins animés récemment visionnés – l’obligatoire amendement parental + les ajouts réputés pédagogiques (aka, les puzzles), et nous avons divisé le tout par le nombre de membres de la famille.

En parallèle, les bureaux ont commencé à se remplir de décorations à moindre sou et de chocolats Ferrero. Les courriels saisonniers sont arrivés, ponctués d’exclamations retentissantes et de souhaits en tout genre, visant à soutirer la moitié de ton treizième mois pour une aubaine dont tu ne savais même pas avoir besoin. Les repas de Fêtes du boulot se sont enchainés, les échanges de cadeaux ont été orchestrés, et les chandails hideux portés.

Le calendrier de l’école est arrivé sur ces entrefaites. Lundi, accessoires de Noël, mardi, échange de livre, mercredi spectacle, jeudi pique nique… Celui de la garderie y a fait immédiatement écho : Pyjama, père Noël, dessins animés, re-pyjamas, petit déjeuner…

Le dimanche venu je harcelais déjà mes copines : c’est quoi déjà demain? Et mercredi? Non mais pour l’école ok, mais pour la garderie? Attends, la petite dit qu’ils se sont trompés, que la peluche, c’est mercredi qu’il faut l’amener?

La perspective de la dernière semaine avant les congés m’a rappelé que nous n’avions pas témoigné de notre gratitude à toutes les profs et éducatrices qui s’occupent de nos chères filles. Je passe outre le débat «faut-il faire un cadeau aux maîtresses?» ici, parce que vous faites bien comme vous voulez honnêtement, mais mon âme à moi ne se sent légère qu’une fois son éternelle reconnaissance envers les susmentionnées établie. Ainsi, les filles et moi avons pris soin – avec le soin dont sait faire preuve un enfant de 4 ans on s’entend – de réaliser des tablettes de chocolat maison qu’elles ont ensuite distribuées à leurs destinataires. Moins l’une d’elle, qui n’en verra probablement jamais la couleur parce que tu comprends : elle est entourée d’autres enfants, je vais pas la déranger, je l’ai oublié dans mon casier, etc.

À quelques jours de Noël, je me sens désormais encore plus épuisée que durant mes mois de travail les plus occupés. Les cadeaux sont presque bouclés, la liste d’épicerie bien engagée, restera donc – je l’espère – à seulement profiter.

Alors, à tous ceux qui courent encore, à ceux qui devront se taper les magasins de jouets le 24 au matin, à ceux qui ne savent pas s’ils auront un train, à ceux qui seront bientôt dans l’avion, à ceux qui reçoivent et à ceux qui apportent, à ceux qui cuisineront, à ceux qui emballeront, à ceux qui soutiendront, à ceux qui supporteront (le vieil oncle raciste, macho et goguenard), à ceux qui dormiront peu et stresseront beaucoup, n’oubliez pas de prendre un instant pour vous arrêter. Posez vos appareils photos, saisissez votre verre de vin (oui c’est le matin, mais il faut bien fêter la naissance de ce môme dans sa grange), et prenez le temps d’embrasser la scène. Respirez profondément, notez mentalement chaque détail, car c’est de ça dont vos souvenirs, loin des objets depuis longtemps remisés, seront faits.

Bonnes Fêtes à tous!

-Lexie Swing-

 

Photo : Nicole De Khors

L’épuisante routine du soir

Au tournant de décembre, la routine a pris un tour de plus en plus difficile. Si la fatigue est présente, ce n’est rien à côté de la fatigue mentale que représente la routine quotidienne et le fait de jongler entre la garderie, l’école, le boulot et la maison. Ajoutez à ça les activités des enfants dès potron-minet le samedi et vous comprendrez pourquoi mon Spotify est branché en boucle sur la chanson « When I’m gone »…

Chez nous, c’est moi qui gère la routine du soir, mon chum s’occupant de celle du matin. Et sans fard, mon soir, ça ressemble à ça :

– 16h57 : je débarque du train et je cours. Je veux être dans les premiers à arriver à ma voiture pour ne pas pogner le trafic de la seule sortie du stationnement. J’arrive à la voiture en soufflant comme un veau.

– 17h05 : j’ai déjoué le trafic et réussi à tourner dans le sens inverse du mouvement global – toujours une gageure à l’heure de pointe – je saute de ma voiture et cours chercher ma fille cadette.

– 17h06 : ma fille pleurniche parce qu’elle venait juste « de commencer à jouer ». Après quelques tractations, elle accepte de me suivre.

– 17h17 : après dix retours dans son local pour un dessin qu’elle avait oublié, trois parties de cache-cache dans les manteaux et deux je-vous-salue-Marie, Tempête est enfin prête et harnachée dans son habit d’hiver. Je sacre à mots couverts en l’attachant dans la voiture: les bretelles de ceintures ne sont jamais assez longues et je me gèle les doigts.

– 17h28: je me gare devant l’école

– 17h32 : B. arrive du gymnase, elle évite sa soeur qui lui tend les bras, sa soeur hurle, je veux réconforter la soeur mais B. la pousse parce que « toi t’as déjà eu maman c’est mon tour ». Trois respirations profondes (Maman), deux tapes (les filles entre elles), et une menace d’être privées de chocolat pour le dessert et la vie reprend son cours. Tempête disparaît dans un couloir et B. raconte sa journée par le menu, une botte à moitié mise et la tuque de travers. Je m’extasie sur des dessins inachevés tout en poussant le talon fin dans la botte récalcitrante. Tempête réapparaît armée d’une luge. B. glapit que c’est la luge de L. Je prie intérieurement pour que les parents de L. ne soient pas dans les parages et pars en quête du casier dépossédé, aidée par mon aînée toujours à moitié chaussée…

– 17h54 : je descends les enfants de la voiture en leur demandant de rentrer et d’enlever leurs affaires «comme d’habitude». Je fais douze allers retours entre la voiture et l’entrée pour décharger le lot de gants, bonnets, boites à lunchs et dessins qui s’éparpillent dans la voiture. Sur le chemin je rappelle qu’il faut rentrer retirer son manteau. Je ferme la voiture. Je ferme la porte en disant «puisque c’est comme ça, vous n’avez qu’à rester là». Cris d’orfraies des concernées qui jurent leurs grands dieux qu’elles n’avaient pas entendu la consigne les 23 premières fois.

– 18h02 : je mets l’eau des pâtes à chauffer.

– 18h04 : je plonge le nez dans la feuille des devoirs. B. dit qu’elle n’a pas envie et qu’elle travaille déjà trop. Je lui propose d’en faire seulement une petite partie. Nous avons 10 mots à écrire en attaché.

– 18h06 : Tempête réclame des devoirs. B. dit qu’elle est trop petite. Tempête dit que non. B. dit qu’elle est un «bébélala». Tempête s’insurge et me prend à parti.

– 18h12 : Tempête a écrit son nom, résolu trois exercices de mathématiques et dessiné un lutin comme demandé. Elle quitte la table, satisfaite. B. dit que «c’est pas juste, c’était trop facile» et jette son crayon.

– 18h15 : je pense enfin à mettre les pâtes dans l’eau.

– 18h17: B. a fini ses devoirs et part jouer à son tour.

– 18h32 : les filles mettent la table et tout un tas de peluches censés partager leur repas avec nous.

– 18h33 : sous les huées de la foule, je déplace les peluches sur le canapé.

– 18h35 : les pâtes sont (trop) cuites

– 18h42 : mon amoureux arrive. Le temps qu’il quitte ses affaires et accueille le lot d’histoires, requêtes et reproches diverses, je commence à débarrasser le lave-vaisselle.

– 19h13 : après 8 levers de table, trois jets de sopalin, un verre d’eau et deux cuillères de sauce tomate renversés, nous quittons la table.

La suite vous la connaissez : c’est celle de la table à débarrasser, du lave-vaisselle à remplir, des boites à lunchs à préparer. C’est le brossage des dents à surveiller, l’histoire à raconter, les demandes d’eau et de mouchoirs qui faudra combler. Ce sont les nouvelles qu’on échange entre deux portes. Les «je t’ai pas dit, à mon boulot, Martine s’en va», ou les «j’ai eu ma mère au fait, il faudra qu’on…», sans parler des «t’as vu le message de l’école? Il faut penser à rapporter des rouleaux de papier toilette vides / à signer la dictée / à emmener un jeu de société / à l’inscrire à la journée pédagogique…» (rayez la mention inutile). C’est la brassée de linge à laver. C’est la pile de la veille qu’on a pas encore plié. C’est cette ampoule qu’il faut absolument changer. C’est ce truc de boulot qu’il faudrait vraiment terminer. C’est aussi ce temps qu’on voudrait pour soi. Ou ce moment qu’on voudrait pour nous. Et la routine qui recommence dès le lendemain.

Après un (soit-disant) énième article d’une collaboratrice de « La parfaite maman cinglante » sur la difficulté du quotidien, les réponses n’ont pas tardé à se faire acerbes. Les mères d’aujourd’hui donnent une vision de la maternité « déplorable » et ne font « que se plaindre », alors « pourquoi ont-elles même eu des gamins on se demande ».

Je suis navrée de souiller ainsi l’image d’Épinal érigée en vérité de la maternité pendant des siècles mais être parent aujourd’hui, père ou mère peu importe – est difficile. Ça l’était hier et ça l’est depuis toujours. Il n’y a juste plus d’omerta à ce sujet. C’est crevant, il n’y a aucune pause et c’est aliénant. C’est aussi un lien incroyable qui te porte au quotidien et te définit en partie. Ce sont des moments si doux que tu te sais choyé d’avoir eu la chance de les vivre.

Mais ça n’empêche pas l’essoufflement, ça n’empêche pas l’isolement, ça n’empêche pas les jours qui n’en finissent plus et les cris qui viennent faire vriller le fond même de l’âme et les dernières ressources.

On oublie ce que c’était d’avoir un bébé, d’éduquer un deux-ans, d’accompagner un six-ans, de guider un dix-ans ou de côtoyer un ado. On oublie et on juge. On juge sans savoir et surtout on juge sans contexte. Qu’en sait-on de la routine, des difficultés financières, des couples qui vacillent, des troubles enfantins et de la santé mentale de ceux que l’on juge aussi? Que sait-on de ce qui fait leur vie, de ce qui les tient debout et de ce qui les fait plier?

Quand un enfant de 6 ou 7 ans fait des crises de colère, l’éducation bienveillante prêche sans faillir l’incontournable vérité : « il faut aller au delà de la colère, car celle-ci est souvent une façon d’exprimer une souffrance ». Et vous savez quoi? C’est encore vrai pour n’importe qui. Alors quand vous voyez quelqu’un vaciller, tendez la main, plutôt que de donner la dernière bourrade.

-Lexie Swing-

Mon enfant dort mal, que faire?

Sous ce titre digne du meilleur magazine de parentalité éclairée, se cache une réalité sournoise : celle du parent qui ne dort pas. Car si vous êtes arrivé jusqu’ici en googlant avec férocité « sommeil enfant solutions », nous savons vous et moi que ce n’est pas le sommeil de l’enfant que vous voulez sauver, c’est le vôtre. Et c’est normal. Et c’est sain. Et personne ne vous jugera pour ça. Parce que l’enfant a encore ses siestes pour récupérer mais vous, vous avez un 9h-17h à accomplir et un open-space qui ne vous laisse guère fermer l’oeil. Vous avez sommeil, et faire dormir l’enfant est votre solution. C’est un pari risqué, l’enfant est un allié fourbe, mais vous n’avez guère le choix.

Pourquoi me faire confiance à moi, alors qu’il est de notoriété désormais publique – si mes cernes n’avaient pas vendu la mèche depuis 4 ans – que mon enfant dort mal? Parce que nous, parents d’enfants insomniaques, nous avons de l’expérience. Que sait le parent d’un enfant qui dort? Rien, c’est un parent qui n’a pas vécu, un parent qui n’a pas souffert (vous l’entendez, la voix d’Édouard Baer là-dedans?). C’est un parent chanceux voilà tout! Je le sais, j’ai fait partie de la gang. Je claironnais, cheveux au vent et yeux reposés, que mon premier enfant avait fait ses nuits dès l’âge d’un mois et demi. Officiellement, je me taxais de chanceuse. Officieusement, je mentionnais volontiers mon talent de nouveau parent qui avait tout compris au fonctionnement nocturne du nourrisson.

Ô combien étais-je naïve.

J’ai eu un deuxième enfant, qui a fait ses nuits à un mois. Un mois, Mesdames et Messieurs, ceci confirmait mes capacités hors du commun en tant que mère. A deux mois, les reflux ont commencé à se faire douloureux et la douleur a emporté dans sa poche nos si belles nuits. Lait adapté, lit surélevé, l’enfant a grandi, les douleurs ont fait place aux cauchemars, les cauchemars aux terreurs nocturnes, les terreurs nocturnes aux réveils fréquents et à l’agitation. Ces temps-ci, ma cadette crie sans se réveiller. Et dans mon malheur, c’est mon nom qu’elle hurle toujours en premier, comme si, au fond de sa mémoire ensommeillée, elle connaissait déjà la profondeur du sommeil de son père. Bref, 4 ans de recherches, d’observation vaillante à 2h du matin, de dosage d’homéopathie et d’incantations chimériques pour produire des résultats invérifiables. Voyons voir…

« Il faut laisser du temps au temps » : ta copine qui ne sait pas ce que c’est que d’avoir un gamin qui ne dort pas parce que le sien roupille de 19h à 7h du matin, 3h de sieste et une grasse mat’ le dimanche.

Laisser du temps au temps, comme son nom l’indique, est un procédé qui demande de la patience et du renoncement. Tout ce dont dispose un parent qui n’a pas dormi depuis des mois et tient debout grâce à huit cafés bien serrés et la menace de perdre son emploi. C’est une forme de deuil, celle du sommeil donc, dans sa dernière phase : celle de l’acceptation. Vous avez accepté que vous ne dormirez jamais plus. Adieu, donc.

« Fais lui sauter la sieste » : ton bon copain qui n’a pas de gamin et donc une logique encore intacte

Comme 2+2 font 4, ton bon copain suit une idée logique : si ton enfant ne dort pas, c’est qu’il n’est pas fatigué. Arrête de le faire dormir la journée et il dormira en soirée. C’est une idée qui n’est d’ailleurs pas inintéressante, surtout si l’enfant a surtout de la peine à s’endormir le soir. Une difficulté que l’on expérimente à loisir par chez nous, avec nos garderies jusqu’à 5 ans accompagnées de leurs siestes obligatoires. Cependant, le jeune enfant qui ne dort pas la journée n’est pas forcément celui qui dormira la nuit. Aucune garantie, ni repris, ni échangé. L’enfant ainsi vicié est un enfant double peine : il s’endort mais se réveille au pire moment, celui où l’on commence tout juste à se pelotonner entre ses draps. Pas de répit pour les braves. Et si en plus il est sujet aux terreurs nocturnes et que vous l’avez couché trop fatigué, vous touchez le jackpot.

« Essayez l’homéopathie » : ton pharmacien qui ne veut pas que tu files un somnifère à ton enfant derrière son dos

L’homéopathie, ça ne marche pas (disent les chercheurs), mais ça ne coûte rien d’essayer (dit la pharmacienne qui a oublié que les précieuses pilules se vendent 10 dollars le tube dans nos contrées). Ça a surtout un merveilleux effet placebo, notre cadette faisant « de tellement beaux dodos » (selon ses mots) depuis qu’elle en prend. Après un mois de traitement, nous arrivons donc en phase de désintoxication, une pilule à la fois. La nuit dernière a connu son lot d’appels à l’aide, course effrénée dans le lit et requêtes pleurnichantes. Le sevrage sera rude.

« Fais-la dormir avec toi » : ta soeur qui en a élevé 5 et apprit à dormir sur un rectangle de 2 (mètres) * 15 (centimètres).

Passées la toute petite enfance et la crainte d’écraser son poupon tout neuf, on peut choisir d’allonger les nuits en partageant son lit. Nul doute que celles du bambin seront allongées, royal qu’il sera à cheval sur vos deux oreillers. En témoigne ce choix éclairé fait par Tempête pas plus tard qu’hier soir : alors que nous lui proposions de se remettre de son cauchemar dans notre lit (où nous n’étions pas encore), mon conjoint lui a demandé si elle voulait être « du côté de papa ou de celui de maman ». « Entre vous », a-t-elle répondu sans hésitation. Car l’enfant qui maudit vos nuits est un enfant qui sait ce qu’il veut. Votre lit, entouré de corps qu’il pourra labourer comme bon lui semble.

 « Fais le 5-10-15 » : une inconnue sur Doctissimo

Le 5-10-15, qui se compte en minutes et pas en secondes comme certaines mères qui ont un peu trop le doigt sur la gâchette, que dis-je, la poignée de la porte, semblent l’ignorer. 5-10-15 minutes donc, qui correspondent au laps de temps que tu laisses entre chaque moment où tu entres dans la chambre pour parler-sans-le-regarder-mais-avec-bienveillance-surtout à ton enfant. Ça c’est la loterie. Soit tu as un enfant qui se lasse vite, soit tu as un monstre qui devient hystérique et n’hésite pas à tambouriner sur le mur pour finalement sortir de sa chambre, les poings sur les hanches, pour t’haranguer tel un pilier de bar après la quatrième tournée : « Ben là, ça fait dix minutes que j’t’appelle! ». Je vous laisse deviner quelle version j’ai enfanté.

« Crie-lui « mais tu vas la fermer bon sang » : mon système lymbique après 4 ans d’insomnies.

Ça défoule. Mais ça ne marche pas. Pire : ça les amuse. Vous voulez d’un perroquet qui répète « mais tu vas la fermer bon sang » pendant une heure au milieu de votre nuit? N’hésitez plus !

Alors on fait quoi? Vous, je ne sais pas mais moi j’attends le début de l’école, l’année prochaine, avec une ferveur toute naïve. Je mise tout sur les récrés à rallonges et l’absence de siestes.

A l’année prochaine (et bonne insomnie à tous!)

-Lexie Swing-

 

Nouvelles du front

Depuis quelques semaines, je suis prise dans un tourbillon boulot-enfants-dodo. Les journées de travail sont pleines à craquer, et la routine s’installe dès la porte de l’école passée. Mes seuls moments de pause sont les trajets de train, quand je ne passe pas ceux-ci à faire mon épicerie en ligne ou à commander des bottes de neige pour la petite dernière.

Dire que je rêve d’écrire et que l’application Notes de mon téléphone ne désemplit pas des idées foisonnantes que j’ai pour le blog serait vous mentir. Ma jauge d’inspiration est inversement proportionnelle au taux de remplissage de mes journées actuelles : proche de zéro.

Alors, parce qu’on se connait depuis déjà 7 ans (pour certains), et que j’ai horreur de ces pages abandonnées qui trainent comme des zombies mal suturés sur la Toile, j’ai pris le parti – à défaut d’un article structuré – de vous donner des nouvelles.

1)    Numéro 1, ma grande fille de 6 ans et demi, est d’une humeur particulièrement joviale ces jours-ci. Hier j’ai dit «tu peux aller prendre ta douche s’il te plait?», et elle a répondu «bien sûr Maman, j’y vais tout de suite et je viendrai finir mes devoirs après». C’est bien simple, il y a encore une version fantomatique de moi, bouche bée au milieu de la cuisine, qui ne s’est pas encore remise de cet échange.

2)    Il y a un principe (pseudo) scientifique selon lequel : si et seulement si l’enfant numéro 1 s’assagit brusquement, alors son cadet prendra sa place comme maître des enfers. J’ai pour projet de faire floquer un chandail taille 4 ans «Here comes Trouble» (« les ennuis arrivent »). Elle qui avait traversé le Terrible two et le Threenager avec la grâce d’une colombe à l’Armistice se borne désormais à rouler sur le chemin de la vie comme un automobiliste saoul : elle engueule les autres et s’entête à prendre les chemins de traverse, même s’ils sont recouverts de moquette et qu’elle porte des bottes de neige souillées. Elle ne veut que l’assiette rose, les vitamines rouges, les t-shirts avec un bonhomme au milieu, deux tresses et pas une, et surtout pas de légumes. Bref, c’est un charme.

3)    La neige est arrivée mardi – pour une fois Météo Média ne s’était pas trompé. Depuis c’est la file chez le garagiste, nos sacs de feuilles minutieusement ramassés dimanche sont sous 15 centimètres de poudreuse et il a fallu acheter des bottes de neige aux enfants en urgence parce que les anciennes étaient deux pointures trop petites.

4)    On a fêté la Saint de mon prénom, provoquant au passage l’incompréhension de mes amis et collègues. Ici l’anniversaire se dit la Fête, et les fêtes ne se fêtent pas. Autant dire que fêter ma fête à l’automne alors que je suis née au printemps paraissait peu opportun. Finalement, nous nous sommes tous accordés pour dire qu’avoir deux journées à soi au lieu d’une est une richesse que nul ne devrait laisser passer. J’en ai profité pour raconter à mes filles d’un ton énamouré comment, dans mon enfance, la dame de la météo annonçait chaque soir le nom des personnes qu’on allait fêter le lendemain. Leur désintérêt a été aussi vif que ma nostalgie!

5)    Notre fille de 4 ans (la Trouble susmentionnée) (prononcée Troubeul, parce que c’est en anglais) ne semble toujours pas décidée à passer des nuits apaisées. Elle attend systématiquement que j’ai éteint ma propre lumière – s’accordant à l’heure à laquelle je décide de le faire, elle n’est pas difficile – pour hurler mon nom dans son sommeil, réduisant à néant mes efforts dantesques pour repousser mon schéma d’organisation mentale visant à optimiser la réalisation du ménage et l’abaissement de la note d’épicerie. Sommeil : 0; organisation du ménage : 1 (Trouble : en forme, mais cernée).

6)    Lassée de dévouer nos (courts) week-ends au ménage, j’ai créé un schéma (mental donc) de réalisation hebdomadaire. Samedi dernier, j’ai ainsi pu enfiler mes pantoufles et attraper un livre avec la paresse d’un chat sous valériane. Après 7 années à attraper l’aspirateur de bon matin le samedi, je n’en reviens tout simplement pas.

7)    Je regarde présentement pour faire évoluer mes compétences en effectuant ce qu’on appelle ici un certificat (30 crédits). Après 8 ans d’études, j’ai longtemps dit «plus jamais», mais mon changement de carrière il y a trois ans m’a forcé à reconsidérer les choses. Gestion des ressources humaines, gestion de projets, management… les possibilités ne manquent pas, seul le temps (et l’argent) reste un potentiel obstacle. J’avoue avoir peut-être aussi envie de me confronter aux études avec un œil nouveau et une autre maturité, ayant passé l’essentiel de mes études post-bac à attendre d’arriver au bout sans jamais voir l’intérêt des connaissances apprises et du chemin parcouru.

Sur ces 7 points pas nains, je vous laisse. Et vous connaissez la formule : dans l’attente de vos nouvelles, je reste à votre disposition pour de plus amples informations.

Si vous me cherchez, je serais sous mon plaid. Il fait -12 degrés, ressentis – 22, et mes sourcils vont probablement tomber.

-Lexie Swing-