On a adopté Culiniste

Miss Swing aux commandes./ Photo DR Lexie Swing

Miss Swing aux commandes./ Photo DR Lexie Swing

Culiniste, c’est le gars qui te prépare ton épicerie et te dit quoi en faire. En gros. Sauf qu’ils sont probablement plusieurs gars. Et filles. Et que c’est un peu plus fancy que ça.

Il y a quelques mois, mes blogs québécois préférés se relayaient pour annoncer la bonne nouvelle : une nouvelle tendance venait de voir le jour, celle de proposer à messieurs-dames tout le monde de devenir d’excellents cuisiniers d’un jour, à domicile, dans sa propre cuisine. Grâce à mon amie A., j’ai bénéficié d’une offre pour tester l’un d’entre eux : Culiniste. J’aurais pu vous en parler d’entrée de jeu. Donner ma première impression. J’ai voulu faire un peu plus que ça : vous annoncer que ça y’est, nous étions conquis! Car nous avons déjà commandé de nouveau, par deux fois. C’est une preuve non?

Comment ça marche?

Carton, ouvre toi!/ Photo DR Lexie Swing

Carton, ouvre toi!/ Photo DR Lexie Swing

Culiniste, pour notre famille, c’est trois repas pour deux-trois personnes par semaine, pour 59 dollars. La livraison se fait le mardi, directement sur notre perron. Les aliments sont emballés par recette, avec un sac particulier pour les viandes et poissons, dans un grand carton réfrigéré prévu pour conserver ainsi les produits pendant 24h. Ceci dit, avec le temps qu’il fait depuis lundi, un trou dans le jardin aurait suffi.

Chaque semaine, avant le mercredi, un choix de six recettes est proposé sur le site. Trois sont présélectionnées, en fonction du profil que vous aurez enregistré au moment de votre inscription (viande, poisson, végétarien, envie de tester des recettes exotiques, etc.). Mais vous pouvez les changer comme bon vous semble.

Attention, il faut penser à « sauter la semaine » si vous ne souhaitez pas en bénéficier, sinon vous serez prélevés et recevrez les trois repas présélectionnés.

Chacune des recettes est présentée sur une fiche de papier cartonné, avec les étapes à suivre et des photos pour les accompagner. Il n’y a plus qu’à retrousser ses manches et à s’y mettre.

Saumon grillé, nouilles ramen et soupe miso./ Photo DR Lexie Swing

Saumon grillé, nouilles ramen et soupe miso./ Photo DR Lexie Swing

Est-ce que c’est cool?

C’est awesome! Si le carton arrive suffisamment tôt le mardi, on remonte nos manches et c’est parti! Miss Swing sort méticuleusement chaque ingrédient tandis que son père et moi découpons. Elle a le droit de mélanger et d’ajouter les épices. Une vraie team!

On aime particulièrement le fait que chaque ingrédient soit dans une quantité précise, tout comme les épices ou encore les crèmes. Aucune perte! Autre point intéressant : on a pu tester quelques recettes d’ailleurs, qui nécessitent des ingrédients que l’on trouve parfois difficilement. Pas de gros sac d’épices que l’on ne réutilisera pas, pas de temps perdu à arpenter Montréal à la recherche de l’ingrédient magique : il est dans le carton, dans son mini-sac, pesé au gramme près.

Depuis qu’on utilise Culiniste, je me rends compte que notre façon de cuisinier a un peu évolué. On pense au fond de viande pour faire une sauce, on réutilise la même poêle entre nos préparations pour un même plat, on met plus d’échalotes et d’oignons, et aussi plus de moutarde. On a découvert des aliments, ou de nouvelles façons de les préparer, et on refait maintenant certaines des recettes qui nous ont vraiment plu.

Des points négatifs?

Il n’est pas noté l’origine des produits sur les contenants. Je voulais leur poser la question mais j’oublie à chaque fois. Est-ce de la viande issue de l’élevage du coin ou est-elle importée d’ailleurs? J’avoue que j’aimerais savoir. En tout cas, les produits sont frais.

Autre petit défaut : selon le secteur où l’on se trouve, le livreur (mais cela ne dépend pas de Culiniste en vérité) ne peut passer qu’en toute fin d’après-midi. Pas facile de préparer une des recettes le soir même lorsque le carton est livré à 18h30.

Le principe du site fait que, si l’on oublie de « sauter la semaine », il n’est plus possible de faire marche arrière et les recettes sont alors livrées, et notre compte débité. Parfois, cela tombe bien. D’autres fois, les recettes qui débarquent ainsi ne sont pas du tout à notre palais et tendent à nous dégoûter un peu du système (mais c’est le jeu ma pauvre Lucette!).

Dans l’ensemble, sur trois commandes, nous avons été conquis! A tester donc

-Lexie Swing-

Et de deux!

Aéroport de Montréal./ Photo abdallahh

Aéroport de Montréal./ Photo abdallahh

Deux ans. Le 25 août 2013, chargée comme une mule de trois bagages, d’un bébé et d’un chien, je passais les portes de l’aéroport de Montréal. Derrière celles-ci m’attendait mon amoureux, prêt à commencer cette nouvelle vie ensemble, de l’autre côté de l’Atlantique.

Deux ans plus tard, nous avons encore migré. De l’ouest de l’île de Montréal, où nous louions notre premier condo, nous avons déménagé sur la rive-sud, et sommes devenus du même fait propriétaires. En même temps que l’immigration, c’est notre vie d’adultes que nous avons entamée. Nous avons laissé derrière nous les études, les jobines, les appartements croches de la région toulousaine, les cautions parentales, l’insouciance de la vie à deux; pour entrer à toute allure dans le tunnel  des responsabilités parentales, des vrais boulots qualifiés, des prêts avec intérêts modérés et des soucis de propriétaires.

En deux ans, nous avons…

  • Changé de voiture, deux fois, toujours pour une Subaru Forester.
  • Loué un condo
  • Acheté une maison
  • Eté trois fois aux USA
  • Fait l’aller retour une fois pour la France
  • Trouvé trois garderies pour Miss Swing
  • Trouvé un boulot, pour moi
  • Trouvé un boulot, puis un autre, pour mon amoureux
  • Eu un deuxième enfant, in extremis pour être comptabilisé dans nos deux années de vie canadienne.

Et encore, ce n’est rien quand on pense à toute cette vie que l’on reconstruit, aux mille démarches administratives, aux aller-retours chez Ikea car on n’a rien de rien, pas même une cuillère pour manger son yogourt, aux amitiés à reconstruire, aux jobs à trouver, aux enfants à confier, à la routine à réinventer, aux produits que l’on cherche désespérément dans les rayons des supermarchés, aux habitudes locales que l’on ne comprend pas toujours, au coeur que l’on met à défendre sa nouvelle patrie, qui n’est pas si américaine, pas si « pleine d’obèses », pas si en retard, pas si libérale, pas si pro-OGM, pas si dévastatrice de l’écologie. On en vante les mérites, on en reprend les expressions, on dit « nous » en parlant d’ici, et souvent « nous » aussi, en parlant de là-bas, on se félicite de notre choix d’être partis, même s’il est parfois difficile d’accepter la distance. On se reconstruit, on s’impressionne nous-mêmes du chemin parcouru, de cette incroyable capacité à tout recommencer.

Deux ans donc, et certainement de nombreuses années encore.

-Lexie Swing-

Crêpanita et le Marché Saint-Jacques

Crêpanita est tenu par un couple de Bretons./ Photo DR Lexie Swing

Crêpanita est tenu par un couple de Bretons./ Photo DR Lexie Swing

Depuis quelque temps, nous n’avons plus de poêle à crêpes. Notre cuisinière électrique a été remplacée par une autre, induction cette fois-ci, avec les accessoires coûteux que l’on connaît. Au vu du prix des casseroles, nous avons donc fait l’impasse sur ladite poêle. Mais cela faisait plusieurs semaines que je me languissais d’en manger. En attendant l’investissement, je me suis abonnée au fil Instagram du restaurant breton-montréalais Crêpanita, histoire de saliver à défaut de dévorer.

Et puis hier, à la faveur d’un post, j’ai découvert que les propriétaires lançaient « L’Oiseau matinal », une formule à 10$ proposée les fins de semaines de 9h à 11h et qui comprend une crêpe sucrée, une boisson froide et une boisson chaude. Nous n’avions rien de prévu le lendemain matin, c’était encore un peu les vacances dans notre tête (nous rentrons d’une semaine aux USA), nous avons donc jugé le moment opportun (enfin j’ai jugé, et vu mon débordant enthousiasme n’admettant aucun refus, Mr Swing s’est incliné) pour tester la petite enseigne, tenue par un couple de Bretons, dont nous avions déjà plusieurs fois entendu parler.

Voici le menu tel qu’il était inscrit sur Instagram et Facebook :

– 1 crêpe beurre-sucre OU 1 crêpe sucre-citron OU 1 hermine (au sarrasin, caramel au beurre salé et pacanes torréfiées OU au froment, caramel au beurre salé et amandes effilées) – 1 boisson froide (jus d’orange ou de pamplemousse fraîchement pressé, limonade à l’eau de rose, jus d’hibiscus, jus de pomme) – 1 boisson chaude (thé, café, jus de pomme chaud à la cannelle, chocolat chaud).

Nous sommes arrivés à 9h30, nous étions les seuls et avons donc pu profiter pleinement de l’endroit, assis autour d’une jolie table en bois, tandis qu’Erwan le propriétaire expliquait à voix basse à son second les rudiments de – je pense – la confection du Kouign Amann (à en juger par le fait qu’ils touraient la pâte, mais je m’avance peut-être lol, c’est parce que je rêve désormais de tester le Kouign Amann, j’y ai vu un signe!!).

La miss au marché Saint Jacques./ Photo DR Lexie Swing

La miss au marché Saint Jacques./ Photo DR Lexie Swing

Nous avons choisi des crêpes (citron et sucre), mais n’avons pas résisté à l’envie de goûter une hermine (un petit gâteau en forme d’étoile filante – superbe… et impossible à photographier puisqu’il a été dévoré sitôt posé sur la table – non non, pas par l’enfant…) à la farine de sarrasin, caramel au beurre salé et pacanes). Les crêpes sont fines et goûteuses, les jus de fruits pressés servis dans de jolies bouteilles à l’ancienne et le café est bon. Je recommande, notamment si vous avez la chance de vous asseoir à la table du fond que Miss Swing a nettoyée en long, en large et en travers durant toute la fin du repas (c’est son plaisir du moment).

Je ne vous referais pas le topo sur tout ce que le resto propose de fameux, notamment la pâte à tartiner et le caramel au beurre salé maison mais vous pourrez en savoir plus en lisant l’article de ma copine Marie (et puis elle, elle a mis des photos des plats ;)).

Avant de rentrer, nous avons voulu voir le marché Saint-Jacques juste à côté, inconnu au bataillon pour nous. Et c’est une sacrée découverte! Le marché – intérieur – est très mignon. Petit mais bien achalandé. Nous avons testé le primeur (et les légumes et fruits goûtés ce midi y sont bons), ainsi que le saucissier allemand qui vend également du Milka (je trépignais) et le boulanger. J’y ai vu aussi un frigo de fromages estampillé « 3 pour 14 dollars ». Une affaire quand on voit le prix du fromage au Québec! Un peu plus loin, un café turc et une très jolie pâtisserie ferment la marche. Vous laisserez vous tenter?

-Lexie Swing-

 

OH, les p’tits produits écolos

J’ai été élevée par des parents écolos, amoureux des animaux, et qui se sont volontiers tournés vers le bio lorsque celui-ci s’est démocratisé. Cependant, devenue adulte, ma conscience écolo a été proportionnelle à mon budget courses : faible! J’ai perpétué ce qu’on m’avait enseigné : le tri du papier, les emballages réduits, les petits producteurs, sans pour autant y consacrer beaucoup de réflexion.

On réutilise le même flacon./ Photo Montréal Gazette

On réutilise le même flacon./ Photo Montréal Gazette

J’ai connu OH de Baleco lorsque j’ai voulu, non pas réduire mon empreinte écolo, mais réduire mon budget à l’épicerie. Marre des notes sans fin avec un chiffre équivalent à un abonnement au gym. Alors on a fait le tri dans nos impératifs et on s’est naturellement tournés vers certaines solutions plus économiques. C’est ici que OH fait son apparition.

Dans mon IGA, il est apparu un samedi, trônant entre les Monsieur Propre et les mouchoirs. Quatre bonbonnes pleines de liquide, voisinant des savons pour les mains, des liquides vaisselle ou encore des détergents affublés du même logo. Samedi, après avoir comparé les prix avec nos bonnes vieilles marques, nous nous sommes décidés à tester un savon pour les mains. Un dollar de moins que les autres marques, lorsque nous remplirons notre précieux flacon à ces bonbonnes.

Au passage en caisse, le flacon s’est retrouvé orné d’un autocollant, qui nous permettra désormais de payer le prix faible, le prix du savon pour les mains à la pompe, lorsqu’on le remplira de nouveau. Mention spéciale à l’hôtesse de caisse, à qui j’ai demandé « Et comment ça marche? » (le concept) : « Ben, vous mettez le flacon en dessous de la pompe pis… vous appuyez, comme sur les bonbonnes d’eau… vous voyez? » Je vois…

Le concept est prometteur : écolo (réutilisation des flacons), contenants sans BPA, produits sans paraben, sans parfum, non testés sur les animaux, biodégradables en 28 jours, entre autres. Mieux encore : l’achat est local car OH est une entreprise québécoise.

J’ai lu un test sur ces produits : l’auteur, un habitué des tests de produits sanitaires et ménagers, s’attendait à l’inefficacité habituelle de certains produits écolos, mais il s’est dit agréablement surpris par le liquide vaisselle et la lessive, même si l’absence d’odeur peut-être déconcertante.

À voir sur le long terme donc, mais l’initiative méritait, grandement, d’être saluée. Gamme complète sur le site de Baleco.

-Lexie Swing-

PS Oui j’ai payé de mes piastres propres mon flacon, pas de sponsoring dissimulé ici!

Prendre un cours de couture avec les Triplettes

Direction les ateliers./ Photo DR Lexie Swing

Direction les ateliers./ Photo DR Lexie Swing

Je n’ai pas beaucoup de passion durable dans la vie, en dehors des livres et de l’écriture. Mais je saute joyeusement d’un projet à l’autre, toujours en quête de nouveautés.

Quand j’étais enfant, mon amie A. et moi étions gardées par “Tatie”, une nounou comme vous n’en trouverez plus et qui, de métier, était couturière. C’est donc tout naturellement qu’à 4 ou 5 ans elle nous a appris à coudre. Des boutons sur une forme dessinée d’abord, et puis des choses plus compliquées. À la même époque, j’ai eu ma première machine à coudre (et la dernière à ce jour). Et puis je me suis lassée.

Ceci dit, mon amie A., elle, s’y est remise il y a quelques années, et avec talent. Elle a cousu plusieurs choses pour Miss Swing dont sa couverture préférée et la cape de Petit Chaperon Rouge de son dernier costume d’Halloween. Si j’admire énormément ses créations, j’ai vite ressenti moi-même l’envie de faire d’aussi jolies choses. Alors quand ma mère, pour ma fête (oui nous fêtons les fêtes) m’a demandé ce que je voulais, j’étais enfin prête : “un cours de couture”.

Comme mon amie A., je voue un culte au Liberty, un tissu difficile à trouver ici au Canada. Il y a un an, j’avais fini par dénicher le coussin de mes rêves – à plus forte raison parce que c’est un nuage – dans une petite boutique montréalaise tenue par une Française. Elle donne aussi des cours, c’est donc tout naturellement que je me suis tournée vers elle le moment venu.

Marion, la propriétaire, propose plusieurs cours et plusieurs projets à réaliser, comme des coussins, des sacs, des vêtements. Pour ma part, j’ai choisi de réaliser une pochette à dessin pour Miss Swing, en deux cours.

Premier samedi, je me rends donc à Rosemont, dans une bâtisse surprenante abritant de nombreux artistes. Je salue l’autre “étudiante” et me plonge dans les tissus pour choisir avec Marion ce qui sera le plus adapté à ma réalisation.

La pochette terminée./ Photo DR Lexie Swing

La pochette terminée./ Photo DR Lexie Swing

Je mesure, je coupe, et puis il est temps de passer aux choses sérieuses : la machine. J’avais quelques appréhensions et des doutes quant à ma capacité à comprendre des consignes simples comme “passe le fil dans le chas” alors j’ai lu quelques tutos et regardé des vidéos. Heureusement, Marion se charge de remplir ma canette, une étape qui me semble insondable à ce stade.

Finalement, les gestes reviennent, ou s’apprennent, vite. L’aiguille court le long du tissu à mesure que mon pied enfonce la pédale. Je prends les courbes, suis les traits droits tracés au crayon et retiens mon souffle au moment de faire un point arrière pour fixer le tout.

Le cours passe à toute allure, je range mon travail en haut d”une étagère et prend congé. Deux semaines plus tard, retour à Rosemont où mon travail m’attend sagement. Nous sommes un peu plus nombreuses et je pense que mes nombreux appels ont retiré quelques minutes d’attention aux autres apprenties couturières. Mais je suis la seule à réaliser un tel projet et la tâche est un peu plus ardue que prévu. Finalement, c’est avec l’aide et la patience de Marion que mon sac à dessin se terminera.

J’ai hâte de recommencer, peut-être pour un programme complet d’apprentissage (travail des différents points et plusieurs projets à réaliser) et je convoite déjà une jolie petite machine pour mon anniversaire le mois presque prochain…

Les Triplettes, Atelier au 5795 de Gaspé, suite 213 B, Montréal

A partir de 24 dollars le cours.

 

-Lexie Swing-

 

Rive-Sud : prendre le train de banlieue

Au bords des rails./ Photo DR Lexie Swing

Au bord des rails./ Photo DR Lexie Swing

Depuis un mois maintenant nous vivons sur la rive-sud de Montréal. À la faveur d’un achat de maison longuement soupesé – les poids du chien et de l’enfant combinés ne laissaient aucun doute – nous avons rejoint la petite ville de Saint-Bruno-de-Montarville. Parc naturel, pistes de ski, nombreuses activités sportives et de loisirs, coeur commerçant à l’image des gros villages tels qu’on en voit encore en Europe, on pouvait difficilement trouver mieux.

 Si nul ne remet en cause les qualités d’une vie en maison (seuls!!) (pas de voisins bruyants, s’engueulant, claquant ses portes, injuriant leurs femmes et maris, insomniaques, et j’en passe) et celles d’un jardin, on s’inquiète souvent des transports. “Mais comment tu fais pour venir?”, me demande-t-on sans cesse. Mr Swing travaille sur la Rive-Sud, il voyage donc en voiture, et a du même fait la responsabilité de la miss à couettes (matin et soir, jalousez-moi :)) qu’il dépose et reprend à la garderie.

Et moi ? Moi j’ai découvert le transport en train. Que j’appréhendais, je dois le reconnaître. Sera-t-il à l’heure (une vraie question à se poser lorsqu’il fait -23 comme aujourd’hui) ? Ressemble-t-il à un RER parisien ? Trouverais-je une place assise ? Et puis combien de temps ça me prendra pour arriver au travail ?

 Dire que j’ai été agréablement surprise est un euphémisme (quoique les euphémismes sont d’ordinaire réservés aux idées négatives il me semble). La gare de Saint-Bruno est située un peu en dessous de la ville, sur le chemin de Mr Swing, mon chauffeur particulier! En fait de gare, il s’agit vraiment de quelques abris dispersés le long de la voie de chemin de fer, située à même hauteur que nous. Une vraie gare de campagne! Le train arrive à petite allure, nous montons, le chauffeur observe les passagers debout sur le marchepied. Lorsque les retardataires ont rejoint leurs sièges, il redémarre, toujours à petite allure (50 km heure environ).

 A l’intérieur, c’est neuf, propre et riche en places assises. En montant à Saint-Bruno, peu de chances de se retrouver debout, les sièges ne manquent pas! On s’assoit confortablement, pour un court voyage, au son des gens qui pianotent et des pages de livres qui se tournent. Deux nouvelles gares et nous attaquons la traversée du fleuve Saint-Laurent par le pont Victoria. Un moment assez magique.

 

Traversée du pont Victoria./ Photo DR Lexie Swing

Traversée du pont Victoria./ Photo DR Lexie Swing

25 minutes après notre départ, nous entrons en gare de Bonaventure, tout près du métro du même nom. Les passagers sortent en rang d’oignons, laissant patiemment s’intercaler les voyageurs des autres wagons. Nul ne peste et tout le monde attend son tour, encore un peu endormis que nous sommes par le doux voyage.

 10 minutes et une petite balade à pied – dont une partie en souterrain commercial – plus tard, je rejoins la rue Peel où je travaille. À cinq minutes près, mon temps de voyage est donc équivalent à celui que j’avais en provenance du quartier d’NDG à l’ouest de Montréal, mais je n’ai aucun changement et j’ai toujours une place assise.

 Le soir, trajet retour. Un bus attend les passagers pour remonter en une dizaine de minutes vers le centre-ville où je demeure.

 Un bémol ? Les trains ne circulent qu’aux heures de travail, c’est-à-dire entre 7 et 9h (en gros) et entre 16 et 18h le soir. Un trajet se fait à midi entre la gare et Saint-Bruno mais je m’y suis deja laissée prendre : aucun bus n’attendait à l’arrivée et la gare étant décentrée, j’ai dû finir par appeler – après moult péripéties – un taxi. En journée, le trajet se fait donc par bus, directement vers la station Longueuil depuis laquelle on rejoint la station Berri Uqam. Comptez une heure au moins…

 

 

-Lexie Swing-

 

Back in France

Aéroport nous voilà./ Photo  abdallahh

Aéroport nous voilà./ Photo abdallahh

7 heures d’avion et au bout du chemin la France. Et mes parents à l’arrivée. Depuis 18 mois nous avons fait moults fois le trajet aller et retour pour l’aéroport. Attendre. Empêcher Miss Swing de lécher les poteaux qui retiennent les cordons. Apercevoir nos proches. Sourire. Trépigner. Serrer dans nos bras. Prendre des nouvelles du vol. Présenter Montréal. Vivre de doux moments. Revenir à l’aéroport. Serrer encore dans ses bras. Retenir ses larmes. Ne pas s’attarder.

Pour la première fois nous sommes ceux qui arrivent, ceux qui repartiront. Nous débarquerons à l’aéroport de Montréal en taxi, chargés comme des mulets et nous installerons dans l’avion en croisant les doigts pour que Miss Swing hurle moins que les dix autres petits enfants aperçus dès l’enregistrement. Le vol se passera. Nous arriverons à Amsterdam, avant de rembarquer pour Toulouse. On nous aura attendus, en trépignant peut-être. Avec le sourire sûrement.

On est contents d’être pour une fois ceux qui partent, ou qui arrivent. Ceux qui sont de passage. Même si l’une de nos valises portera 20 kilos de linge sale… Parce que notre récent déménagement et quelques péripéties avec l’électroménager ne nous a pas permis de faire tourner assez de machines.
Notre agenda est celui d’un candidat à la présidentielle, et la liste de plats gras-au fromage que l’on a prévu de manger effrayante. Ce sera intense, joyeux, éreintant, sûrement triste un peu aussi…. Et puis nous rentrerons nous reposer au travail en janvier.

Et vous, que faites-vous pour les fêtes ?

 

-Lexie Swing-

J’ai signé l’achat de ma maison, c’était un mercredi et il neigeait

Nouvelles clés./ Photo Linus Bohman

Nouvelles clés./ Photo Linus Bohman

Rendez-vous à 18h. Nous prenons la route sous la poudrerie, cette neige fine et battante qui fait des siennes depuis 24 heures. Les rues sont bouchées, les principales artères impraticables, il est 18h10 quand nous passons la porte du notaire.

Ils sont plusieurs à nous attendre déjà : le notaire donc, mais aussi le vendeur et son courtier. Le nôtre, gardien bienveillant, nous rejoindra plus tard, lorsqu’il aura lui -même dompté la tempête.

“Madame, Monsieur…”. Devant tant d’importance, Miss Swing est saisie. Elle profite de l’occasion pour attraper un crayon gras et retapisser le bureau en bois verni du notaire. J’essuie discrètement les traces d’un index humidifié, sans trop de succès.

On nous présente le bâti, les plans, précise que l’occupante a laissé les rideaux. Et puis une pelle, un escabeau, quelques plafonniers, bien trop pressée de partir après des mois d’une succession difficile. “Voici le papier qui vous rend propriétaires”, souligne le notaire. La tension est à sa comble, Miss Swing n’en perd pas une miette, dévorant avec force bruits et postillons une viennoiserie à l’érable dénichée au fond d’un sac et qui devait revenir à son père.

“Signez ici Madame”. Je transfère enfant, sac et miettes à Mr Swing et saisis un stylo au hasard – le notaire en a une bonne trentaine absolument identiques sur son bureau – et signe d’une main et d’un oeil, tandis que l’autre tente d’identifier les possibilités qu’une petite main graisseuse se pose sur le papier au moment où je vais glisser celui-ci vers mon co-signataire.

 Et puis il est l’heure de sortir. On nous tend les clés sans cérémonie. De toute façon, l’un de nous est déjà parti à la recherche d’un nain repu égaré dans le couloir. On se retrouve sur le parking un peu hébétés, nos nouvelles clés carillonnant dans nos mains. Un détour par une boutique de sandwichs pour s’approvisionner et nous traversons lentement la petite zone de commerces située au dessus de la maison. La neige continue sa valse tourbillonnante et le sol uniformément blanc donne à Saint-Bruno un petit air de village de ski.

 On a fêté notre achat accoudés (ou assis, selon nos tailles respectives) aux meubles de la cuisine, avec des sandwichs chauds, des chips (les premières pour Miss Swing dont l’appétit était déjà revenu) et du jus de pomme. Un pique-nique improvisé dans notre maison vide et silencieuse, toute prête pour notre nouvelle vie.

 

Ensuite Miss Swing a découvert les placards où se cacher, les escaliers à descendre sur les fesses, la chasse d’eau que l’on peut tirer quinze fois de suite, les poignées de porte à sa hauteur… Et le spectacle a commencé.

 

-Lexie Swing-

 

Mères et pairs

Tribu./

Tribu./

Chaque matin, je trace ma route sur le trottoir de l’avenue Monkland, après avoir embrassé conjoint et fille devant la maison. Sur mon chemin, je croise des habitudes similaires, des mères qui fendent la foule des écoliers de NDG pour aller prendre le métro, des pères qui remontent la rue en sens inverse, leur progéniture accrochée aux épaules, arrimée à la poussette ou tirée à l’arrière d’une bicyclette. Particularité du quartier? Peut-être. Dans le Monkland Village, les hommes convoient, les mères ramènent. Ou c’est mon imaginaire qui se satisfait de ce partage des affaires équitable.

J’aime cette idée que nous avons atteint un intérêt commun pour la vie que nous avons créée. Que ce ne soit plus seulement un problème de femmes. Je l’ai portée en moi mais il est le premier à l’avoir portée dans ses bras. Allongée sur moi pour notre premier peau à peau, c’était lui qu’elle regardait.

J’aime cette chorégraphie d’un père et d’une mère, de deux mères ou de deux pères, de deux individus qui s’accordent ensemble pour jouer la même mélodie. Elle rattrape l’enfant, il sort le mouchoir, elle essuie, il jette, elle pousse le carrosse, il transporte comme un baluchon leur petit dernier. Et son torse bombé n’est plus le synonyme d’une fierté de jeune premier mais le refuge de l’enfant qu’ils ont porté.

J’aime ce chemin que nous faisons désormais à deux, reliés par un, deux, trois enfants ou plus, encadrant et protégeant ensemble cette famille qui est la nôtre. L’égalité est là, pas dans le partage de l’aspirateur ou la capacité à faire un lit au carré, mais dans la possibilité d’être deux pour aimer, et s’entraider.

-Lexie Swing-

In french please

Not a word./

Not a word./

Montréal, c’est cette belle ville résolument francophone, joyeuse et fière de faire résonner dans ses rues la langue de Molière. Montréal, c’est aussi une ville où l’on peut passer 60 ans à parler anglais sans avoir jamais appris autre chose que « merci » ou « au revoir » en français.

Ce paradoxe me fascine. D’ailleurs ça fait 4 fois cette semaine que je raconte la même histoire et nous ne sommes que jeudi.

Tout s’est passé lundi, dans le bus bondé qui m’entrainait vers mon quartier. Une coreligionnaire, qui me sait francophone, m’a ainsi demandé la traduction de « brain » en français. Je la lui donne donc un peu étonnée, avant de lui dire « Mais vous parlez bien les deux langues vous non? » (C’était l’impression que j’avais eu à force d’observation – le bus de 4 heures est mon territoire d’enquête privilégié). Et celle-ci de m’expliquer que, malgré sa naissance il y a 60 ans en plein cœur de Montreal, elle n’a jamais eu le loisir d’apprendre autrement le français qu’au travers de l’heure hebdomadaire de cours durant laquelle on faisait ânonner le passé simple à des élèves fatigués de tant de théorie grammaticale. Elle a fréquenté les écoles anglophones, atterri dans une entreprise qui l’était tout autant, puis une autre, et a filé ainsi à travers les années sans vraiment maîtriser les rudiments de cette langue consœur. Et ce – tenez vous bien – alors qu’elle a épousé la vingtaine à peine sonnée un montréalais francophone! Mais visiblement peu patient, et certainement bilingue, il a fait de l’anglais la langue officielle du couple, remisant aux oubliettes le partage de cette langue qui était la sienne de naissance.

Le voyage s’arrête là, mon arrêt est le prochain. Je ne saurais pas si leurs enfants ont pu glaner quelques rudiments de français du côté paternel, ni comment on fait lorsqu’on grandit dans une province majoritairement francophone. On verra demain peut-être, au prochain trajet.

-Lexie Swing-