
Vue de dos./ Photo Cristian
C’est une vraie fille. Une vraie fille. Elle est douce et câline. Elle aime les poupées et jouer à la cuisine. Une vraie fille. Une fille à son papa, qui aime se lover dans ses bras. Une sœur aimante et tendre, aux gestes méticuleux et aux cheveux longs. Une vraie fille. Qui aime les princ… Merde? Elle n’aime pas les princesses ? Quand il a fallu porter un chapeau de fête « de fille » à la garderie, elle a dit « non, je veux Flash Mécouine ». Et le jour où j’ai sorti une jupe, elle s’est mise à pleurer. Elle voulait des baskets et ses chandails d’été. Ceux qui sont larges et à manches courtes, et qu’elle porte par dessus des t-shirts aux manches trop longues. Je lui ai dit « mais regarde la jupe tourne! » Alors elle s’est mise à tourner. Elle a ri et applaudi. Ouf, une vraie fille! Elle a pris « gros bébé », elle lui a fait un câlin. Elle l’a puni au coin et elle s’est mise à chanter. Faux.
Sa sœur est arrivée. Les cils ourlés. Des cils de fille. Une peau douce. Un sourire d’ange. Elle portait du bleu. Une dame m’a rassuré « même si elle est habillée comme un garçon, avec son joli visage, on voit bien que c’est une fille ». Elle a grandi. Elle s’est mise à crier, à rouler, à tempêter. Elle a saisi des cheveux et donné des coups. Elle a eu pâle figure en rose. Elle a porté du rouge, beaucoup, parce que ça lui va si bien.
Je suis une vraie fille. Avec des émotions exacerbées et la colère en bandoulière. Enfant discrète, adulte silencieuse, qui regarde le trottoir pour ne pas avoir à soutenir les regards. Je suis une cuisinière, une couturière, une littéraire. Je suis une vraie fille.
Qui ne porte pas de bijoux. Qui ne se fait pas les ongles. Qui porte du parfum un jour par semaine, souvent le vendredi. Qui aime les beaux vêtements et les beaux talons. Qui ne pousse pas de cris suraigus, ni pour la peur ni pour la douleur. Qui pleure devant tous les films, surtout les dessins animés. Qui ne pleure pas aux enterrements. Qui déteste porter du rose. Et encore plus du violet. Qui aime les beaux mots et la belle musique. Qui n’a jamais chanté devant un miroir armé d’une brosse à cheveux.
Qui lutte depuis 15 ans contre les clichés, contre les stéréotypes, contre les cases, contre les bien-pensants, contre les idées reçues, contre les hommes misogynes, contre les femmes misogynes, contre les « nous les filles » et « eux les gars ».
Et qui ne sait plus, à force, s’il vaut mieux bricoler car coudre c’est trop cliché, s’il vaut mieux piétiner les princesses pour détruire les stéréotypes, s’il ne faut afficher que de la force et de la froideur pour éviter d’être taxée de vraie fille ou de garçon manqué.
Une fille, c’est quelqu’un qui se considère comme telle. En bleu, en rose, en paillettes, en jean-baskets, en pleurs, en cris, en jurons ou en silence. Avec des cheveux noirs, blonds, roux. Ou pas de cheveux du tout. Avec une religion, avec des questions, avec des certitudes, avec des soupçons. Debout, assise ou couchée. Malade ou en bonne santé. En avocate, en coiffeuse, en chômeuse, en ingénieure ou en vendeuse. Avec ou sans enfants. Avec ou sans poils. Avec ou sans amants.
Une fille, c’est 50% de la population mondiale environ. Ça va vous prendre un paquet de cases pour nous ranger dedans…
-Lexie Swing-
Encore réussie ! Ah, la complexité féminine. Est-ce que tu penses que les gars se posent autant de question ;-) Pas certaine.
Avec l’apparition du terme « métrosexuel» et le fait qu’ils prennent de plus en plus soin d’eux je me dis que ça doit être le cas… ils en parlent pas, c’est tout :)
Je n’ai certainement pas un «métrosexuel» à la maison ;-) N’arrête pas de te poser des questions et d’affirmer, ça fait du bien…
C’est tout a fait ca, trop de cases a définir pour nous faire toutes rentrer dedans :) Chaque femme est unique et il n’y a pas une definition de la feminite
Et toi quel genre es-tu??
Je crois que je suis un peu l’archetype de la femme feminine au sens classique: j’aime mettre des jupes (parfois du rose), j’ai la voix douce et je suis delicate et calme. Bon après je ne suis pas a fond dans le maquillage etc. et je ne me laisse pas marcher sur les pieds non plus ;)
Quand je lis ton article, je le trouve magnifique et je me dis qu’on devrait lire ça plus souvent et puis j’essaye de me définir et là! ….. je suis juste moi, pas vraiment féminine (du à mon frère qui m’a dit à 14 ans que j’avais sorti les peintures de guerre, jamais plus eu envie de me maquiller), un métier plutôt masculin et pas mal macho dans mon pays d’origine, des rêves réalisés et encore d’autres à découvrir, je me définis plus comme une personne que comme un genre et ça, je le dois certainement à mes parents qui m’ont éduqué sans préjugés (ou en tout cas pas celui là) et qui m’on dit que tout était possible. Je vais essayer de donner la même éducation à mon fils mais ça va pas être tous les jours facile… Merci encore pour tes articles, ils font du bien!
Raconte, raconte, je suis curieuse, que fais tu comme métier, et où?
Pâtissière-chocolatière, je viens comme toi de France et j’en ai vraiment bavé quand j’ai appris le métier, un monde macho et rétrograde qui m’a fait tombé en dépression et perdre 15kg (et pourtant j’étais entourée de douceurs… je parle pas de mes collègues et patrons), heureusement que j’avais commencé mon apprentissage tard et que j’avais d’autres diplômes, une jeune de 16 ans n’aurait jamais pu continuer..Je ne retournerai pour rien au monde en France y travailler, on est bien mieux au Canada, ils sont plus civilisés et il y a plus de femmes dans les métiers de bouche.( ici au moins on ne te demande pas lors d’un entretien d’embauche si tu comptes avoir des enfants)
Je ne… sais pas du tout ce que je suis! Des fois, ça se voit que je suis une fille qui vit avec des gars, un p’tit et un grand : ils ont des jeux et des réflexes qui ne sont pas du tout les miens. Pourtant, je n’ai jamais été fi-fille princesse, plutôt celle à grimper dans les arbres. Mais j’aime aussi un peu de douceur… Bref, les stéréotypes des sexes sont franchement simplistes, on ne rentre jamais vraiment dans telle ou telle case.
Je suis tout à fait d’accord avec ton message.
Mais ce qui me dérange, avec cette répétition du mot « vraie fille », c’est que cela implique qu’il y ait des « fausses filles ».
Peut-être que tu es plus une « fille vraie » ? ;)
Non je le répète juste pour signifier que c’est ce que j’entends tout le temps. Des qu’une de mes filles touche une poupée, on me dit « ah, c’est une vraie fille ». Comme si, lorsqu’elles jouaient avec des voitures, cela faisait d’elle des « fausses filles » justement, ou des garçons. Je ne crois pas au terme de vraie fille. C’est le sujet justement de mon article ;)
Je vois :) Je trouvais simplement que c’était ambigu au début de l’article.
Je suis totalement pour en tout cas ! Qu’on arrête de dire « métiers d’hommes » ou « jouets de fille », ou même le fameux « tu cours comme une fille », dont je ne sais plus quelle marque avait fait une chouette vidéo. Tout ça, c’est du conditionnement ! Bons jeux de voitures avec tes filles alors ;)