Garde d’animaux : notre expérience avec TrustedHousesitters

Nous avons eu notre premier chien en janvier 2010. Nous vivions alors en France et durant les rares congés que nous nous offrions, Eleven était gardé par notre famille, au vert. Lorsque nous avons émigré au Canada, le faire garder est devenu plus difficile. Les logements acceptant les chiens étaient rares et nombre de nos amis ne pouvaient offrir leur aide, sans compter le fait qu’Eleven était un chien très anxieux, difficile à promener et donc à garder en ville. À quelques reprises, l’aide est venue de gardiens individuels – notre préférence – et de pensions canines, au sein desquelles il manquait de la présence humaine dont il avait (trop) besoin mais qui présentaient l’avantage du professionnalisme et des qualifications.

En 2021, nous avions désormais deux chiens. Le coût de la pension canine pour un mois ? 1000 dollars, soit autant qu’un billet pour l’Europe. Nous avons soupesé les possibilités et finalement regardé du côté du gardiennage à la maison. Notre salut est venu d’un site : TrustedHouseSitters.

Le principe du site

TrustedHouseSitters est un site d’échange : un logement contre des services. Ici, des personnes se présentant comme des amoureux des animaux proposent leur service de gardiennage à des individus prêts à leur laisser leur domicile en échange de bons soins envers leurs compagnons à quatre pattes. L’accès à la plateforme se fait par l’intermédiaire d’un abonnement, autant pour les gardiens que pour les propriétaires d’animaux. Les gardiens peuvent avoir des références ainsi que des avis des propriétaires précédents, qui décrivent les services rendus. Chaque gardien fait mention des animaux dont il a déjà eu la responsabilité, ainsi que du type d’animaux dont il est prêt à s’occuper.

L’échange en pratique

En début d’année 2021, nous avons donc souscrit un abonnement annuel afin de proposer notre maison, et nos animaux, en gardiennage. Nous avons rangé notre maison, pris des photos qu’on estimait prometteuses, et mis de l’avant nos chiens, notre domicile ainsi que la ville et les environs. Une fois le tout en place, nous avons rentré nos dates de vacances et publié l’annonce. Rapidement, quelques candidatures ont fleuri. Des gens venant d’Europe et des Etats-Unis se proposaient pour garder nos animaux et notre maison afin de pouvoir, du même fait, visiter le Québec. Un problème se posait cependant : l’incertitude quant aux vols et à la venue de touristes en général, en pleine deuxième année de pandémie. Inquiets de voir nos gardiens annuler leur voyage à la dernière minute faute d’avoir pu embarquer dans un avion, nous avons pris l’initiative de solliciter nous-mêmes des candidats potentiels ici, au Canada. Croyez-le ou non mais des férus d’animaux qui se cherchent un domicile pour un mois afin d’économiser sur le coût d’un logement, il en existe plein ! En peu de temps, nous avons ainsi établi un contact fructueux avec une jeune femme venue de l’Ontario. Après une première rencontre virtuelle, elle est venue à la maison pour un premier contact avec les animaux alors qu’elle se trouvait de passage au Québec. Au matin de notre départ, elle est arrivée directement d’Ottawa, avec sa voiture pleine à craquer. De notre côté, nous avions rangé et briqué la maison de fond en comble afin de lui offrir le meilleur logement possible. Nous sommes partis en France, rassérénés de la savoir présente au quotidien avec nos animaux. Coût de l’opération pour un mois : 169 dollars (l’abonnement annuel).

Est-ce qu’on le referait ?

Oui ! Et c’est même pour ça que je vous en parle ! En 2022, rebelotte, avec cinq semaines de vacances cette fois et un animal de plus : Chester le lapin. Quelques mois avant notre départ, nous réactivons simplement l’annonce avec nos nouvelles dates. De nouvelles candidatures se présentent et cette fois-ci nous prêtons un oeil plus attentif à ceux qui souhaitent venir pour le tourisme. Parmi eux, un couple sort du lot. Ils sont avenants, s’intéressent d’entrée de jeu à nos animaux, ont déjà plusieurs expériences notables et tout un projet de vacances au Québec dans lequel le gardiennage s’inscrirait. Nos échanges virtuels sont chaleureux et nos discussions s’enchainent rapidement via Whatsapp. Arrivés plusieurs semaines avant, ils visitent le Québec en stop avant d’arriver la veille de notre départ. Ils logent alors dans un motel alentour mais passent prendre un verre afin de faire connaissance avec la maison et les animaux. Le jour J, ils se présentent à la maison, s’installent dans la chambre puis proposent de nous emmener à l’aéroport puisque nous leur laissons, cette fois-ci, notre voiture. Durant cinq semaines, nous avons des conversations journalières, des photos, des vidéos, des questions éventuelles et surtout le coeur léger de savoir nos animaux si bien entourés.

À savoir sur TrustedHouseSitters

Le site propose des gardiennages et des gardiens dans le monde entier. Celui-ci est donc principalement en anglais, même si selon les pays, certaines annonces peuvent être écrites dans la langue locale (en France, j’ai vu un bon nombre d’annonces en français). Le coût d’abonnement annuel de base est de 169 dollars CAD et me permet d’avoir accès à tous les gardiens inscrits. Il existe deux autres formes d’abonnement plus avancées, qui permettent notamment l’accès à un soutien vétérinaire téléphonique et à une couverture en cas d’accident. J’ai personnellement l’abonnement standard, celui « du milieu », qui propose certaines protections. L’abonnement est à l’année, alors si vous partez à plusieurs reprises à l’intérieur de douze mois, le gardiennage ne représentera pas pour vous de coûts supplémentaires. Notre projet futur est de devenir à la fois propriétaires et gardiens et le coût de l’abonnement « du milieu » passerait alors à 299 dollars.

Attention, si nos échanges et nos expériences ont toujours été bons, il n’en a pas été de même pour mes parents qui ont eu affaire à une personne au comportement chaotique, erratique et s’est ultimement révélée peu fiable. Soyez vigilants quant aux avis, mais surtout aux échanges que vous avez. Avant d’accepter définitivement une candidature, proposez toujours un ou plusieurs échanges virtuels afin de valider le « fit », comme lors d’un recrutement ! Vous avez des doutes? Rien ne vous oblige à accepter le deal. Vous pouvez repartir à la recherche d’un autre gardien.

Lors de ma première inscription, j’avais bénéficié d’un rabais grâce à des bloggers dont j’avais lu l’avis. Je vous partage à mon tour mon code de référence, qui vous permet d’obtenir un rabais de 25% sur l’inscription, ainsi que deux mois gratuits sur mon propre abonnement. Pour l’obtenir, suivez simplement ce lien.

Alors convaincus ? Est-ce que de votre côté, vous utilisez des services différents pour vos animaux ? Partagez-moi vos bons plans !

-Lexie Swing-

Comment faire de nos filles des femmes accomplies ?

Demain, c’est le 8 mars, l’occasion pour le monde entier de mettre les femmes à l’honneur. Entre rappel des luttes visant à obtenir davantage de droits et promotions sur les bouquets de fleurs, on vit de grands écarts, le 8 mars. Un peu comme entre les hommes et les femmes, finalement.

Mais bref. Demain, c’est le 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes, pour bien la nommer. On ne nait pas femme, on le devient, disait De Beauvoir, et à raison. Dans ma maison, j’ai deux femmes en devenir, petites filles de ce monde, heureusement négligentes et futiles, comme toutes devraient l’être à cet âge. Je me suis parfois demandée comment les aider à construire une bâtisse solide pour leur future moi, comment ancrer des fondations pérennes et des fenêtres si grandes et si hautes que l’horizon deviendrait un champ des possibles. Voici mes propositions.

Ouvrir les possibilités

Avez-vous remarqué comme l’on rend exhaustives des listes qui devraient être infinies ? Les jobs, les carrières, les amours… On enferme très vite les individus dans des cases préconçues, toujours trop étroites et toujours trop rigides. Pire que cela, on enferme très tôt, on envoie les enfants dans des parcours définis à l’avance, vers des voies professionnelles toutes tracées, quand on ne sait pas nous-mêmes, 20 ans plus tard, si l’on a bien fait de devenir informaticienne ou si l’on aurait pas préféré devenir mécanicienne. Et d’ailleurs, qui nous aurait vraiment proposé, à nous, anciennes filles, futures femmes, de devenir informaticiennes ou mécaniciennes. Savait-on seulement que l’orthographe se décline aussi au féminin? Ouvrons les possibilités, demandons-nous – à voix haute s’il le faut – si nous avons assez de fantaisie pour les emmener au-delà de ce qu’on jugeait possible pour nous. Oui, on peut être informaticienne, ingénieure, technicienne, mécanicienne, comme on peut être professeure, adjointe, boulangère, éducatrice. La seule limite, c’est celle de notre imagination.

Les rendre indépendantes…

Je vais être honnête avec vous : les gens qui en 2023 disent des phrases comme « trouve-toi un bon mari », même pour plaisanter, me hérissent le poil. Estimer que pour être une femme qui existe, qui vaut, qui mérite, il faut être une concubine, est tellement dépassé que cela pourrait être drôle si ça n’en était pas navrant. Le monde regorge de femmes qui réussissent, qui sont des cheffes de familles, des mères seules parfois, des entrepreneures, des employées sur lesquelles repose tout un fonctionnement. Des femmes, surtout, qui ont réussi à mener de front plusieurs vies, et à le faire bien. L’avenir de nos filles, ce sont elles-mêmes, les femmes indépendantes et épatantes qu’elles vont devenir, pas la personne qu’elles vont épouser (ou non).

… et montrer l’exemple

S’il y a un secret de polichinelle dans la parentalité, c’est bien celui-ci : les enfants apprennent par l’exemple. Ils s’expriment comme nous, embrassent nos expressions et nos attitudes, reprennent nos convictions et nos pensées, jusqu’à s’en défaire éventuellement. Demander à nos filles de devenir indépendantes et attendre papa pour changer une ampoule, c’est contre-productif. Montrons l’exemple, apprenons leur qu’on peut tout faire, pour autant que l’on s’informe et que l’on apprenne. Construisons, cuisinons, calculons, cousons, peignons, abattons et dansons, soyons toute entière et embrassons toutes nos capacités. Que nos petits arrangements de couple, entre vilaines araignées et chaussettes trouées, soient des choix et non des défaites.

Comprendre ce qui se joue dès le départ

J’y reviens sans cesse mais il y a eu un moment clé dans ma compréhension de la société (vue sous un angle dichotomique) : j’ai interviewé en 2011 ou 2012 un professeur de CP qui avait réalisé une étude dans ses classes, en partenariat avec le Planning familial du département. De son étude, étaient ressorties plusieurs situations, disons, intéressantes. Par exemple, dès 6 ans, de nombreux enfants dans sa classe avaient intégré des possibilités très genrées : les petites filles voulaient être maîtresses, les garçons voulaient être mécaniciens. Pourquoi pas, me direz-vous? Oui mais voilà : ceux à qui l’on avait dit qu’ils pourraient être, s’ils le souhaitaient, instituteurs ou infirmiers, avaient aussitôt rétorqué que « c’était des trucs de filles ». Quid des fillettes à qui, vous le devinez, les intervenants avaient suggéré de devenir elles-mêmes mécaniciennes, médecins ou ingénieures? Plusieurs (plusieurs!), âgées seulement de 6 ans, avaient alors répondu : « je pense que ce serait trop difficile, c’est plutôt un truc de garçons ». Un autre fait surprenant : le professeur avait remarqué une évolution frappante dans l’attitude des enfants lors des interrogations orales. En début d’année de CP, à tout juste 6 ans, les enfants se partageaient l’espace de discussions et de réponses selon leur personnalité, tout genre confondu. En fin d’année, une différence notable se manifestait, qui perdurerait, selon les retours d’autres professeurs, dans les classes supérieures : les garçons participaient activement, levant la main sans nécessairement connaître la réponse, relativement indifférents au fait de se tromper et prenant beaucoup de place dans l’espace de communication, les filles, quant à elles, se mettaient de plus en plus en retrait, ne levant la main qu’après s’être assurées que la réponse qu’elles allaient donner était bien la bonne. C’est intéressant de constater que ces fonctionnements interviennent très tôt dans la construction des individus car ce sont des attitudes qui s’ancrent et qui perdurent dans l’espace sociétal par la suite, les hommes prenant la parole et les femmes agissant dans l’ombre.

Leur apprendre à dire non…

Être une femme en devenir, en 2023, c’est aussi vivre dans une certaine insécurité, plus ou moins grande selon le pays dans lequel on évolue. Apprenons leur les codes, enseignons leur la liberté d’être, le droit de se tromper et celui de dire non. Disons leur bien qu’elles ont le droit de contrôler la narration, qu’il n’y a pas à fléchir si l’on souhaite autre chose. Mais aussi que l’on a le droit de se tromper, que dire oui n’est pas de la frivolité, que l’on peut être celle que l’on veut tant que cette volonté est nôtre et pleine et nous procure la joie d’être et l’excitation de vivre.

… et à réclamer leur dû

En 2023, on voit encore beaucoup d’écarts salariaux et de promotions pour lesquelles des hommes sont préférés aux femmes par le seul fait de leur genre. On voit aussi des lycéennes être orientées vers des parcours différents de leurs homologues masculins pour les mêmes raisons. Marteler aux filles qu’elles ont autant de droits que les garçons est un travail de tous les jours. Car c’est sur la scène professionnelle que se jouent ensuite les différences; des écarts conscients, internalisés, trop souvent acceptés. Un salaire se négocie, une promotion se réclame et une discrimination flagrante se dénonce. Les garçons apprennent très tôt le jeu des négociations, des contacts d’affaires, du réseau que l’on crée, maintient et enrichit. Enseignons à nos filles les règles du jeu, qu’elles en deviennent des joueuses-clés et non des pions, ballotées au gré des coups de chances, du sort et des tricheries, condamnées sans cesse à passer leur tour. Je ne doute pas qu’elles sauront faire bon usage de ces connaissances et j’ai hâte de connaître ce monde où elles auront enfin, toutes les cartes en main.

-Lexie Swing-

Photo : JP Valery

Relâche 2023 : idées de sorties sur la Rive-Sud

Cet article a été rédigé en février 2023. Tenez compte des changements éventuels si vous lisez cet article à une date ultérieure.

Dans mon entourage, certains ont prévu de partir dans les Caraïbes, d’autres au Costa Rica, et les plus nombreux prennent la direction du Mexique. Nous, nous avons prévu de prendre la route pour… la ville voisine, probablement. On est un peu jaloux, surtout de les savoir tous en maillot quand il fait de nouveau -15 degrés par ici, mais notre tour viendra (un jour) (peut-être).

En attendant, c’est la relâche, les enfants sont en vacances et il faut bien trouver quelques sorties pour se changer les idées. Je suis en congé de mercredi à vendredi, j’ai donc trois jours pour nous remplir la tête d’un peu de magie. J’ai fait le tour des idées de sorties bon marché ou gratuites des environs, si vous êtes un peu en retard comme moi, ou si vous êtes drôlement d’avance pour de prochaines vacances, je vous livre mes bons plans. N’hésitez pas à me partager les vôtres afin que l’on perfectionne cette liste d’idées pour les années et vacances à venir.

Montérégie

  • L’Electrium, à Sainte-Julie. Ce lieu, mis à la disposition du public par Hydro-Québec, permet aux enfants d’en apprendre davantage sur l’électricité, les circuits électriques, les champs magnétiques, etc. Ponctuellement, et notamment pendant les vacances, des ateliers sont proposés. Cette semaine, nous avions ainsi le choix entre Air et atmosphère, Insectes et autres arthropodes, Circuits électriques, Réactions chimiques, et Robotique. La visite est conseillée à partir de 6 ans. Réservation obligatoire. Accès gratuit.
  • Le cinéma RGFM, à Beloeil. Pour la relâche, le cinéma de Beloeil propose des matinées spéciales. Cinq films sont proposés et seuls les +de 13 ans paient! Attention, les films débutent à 10h et pour avoir une place, mieux vaut arriver tôt. Gratuit pour les enfants, 8,5$ pour les plus de 13 ans.
  • La fermette aux petits miracles, à Saint-Césaire. Au sein de la fermette, Cindy Guertin, technicienne en travail social, éducatrice spécialisée et zoothérapeute, propose des visites découvertes gratuites sur réservation, ainsi que des ateliers de gestion des conflits, de développement de l’empathie ou pour améliorer les interactions sociales. Visites gratuites et ateliers payants, prix à confirmer.
  • Le Récréoparc, à Sainte-Catherine. Depuis janvier et jusqu’au 5 mars, le Récréoparc de Sainte-Catherine propose ses Rendez-vous polaires : pentes à glisser, sentiers glacés et sentiers multifonctionnels. L’accès est gratuit pour les résidents de Sainte-Catherine et Candiac. Pour les autres, les tarifs varient. On paiera par exemple 22 dollars pour le stationnement et la location incluse de deux tubes (pour glisser) ou de deux paires de patins.
  • Le Centre d’interprétation du Haut-Richelieu. Le CIME propose des rendez-vous durant lesquels des naturalistes offrent des balades guidées. L’activité de cette relâche s’intitule « Les oiseaux en hiver » et permet de découvrir les secrets des oiseaux qui survivent aux grands froids québécois. Accès payants, incluant la visite guidée et l’accès aux sentiers. 12 $ pour les 18 ans et plus et de 8 $ pour les 17 ans et moins, taxes incluses. La visite est conseillée à partir de 8 ans.

Montréal

  • L’exposition de paléonthologie au Musée Redpath, à Montréal. Le musée Redpath propose une activité spéciale pour la relâche : une exposition de paléonthologie avec une présentation sur l’excavation. Parfait pour tous les aventuriers en herbe qui connaissent tout sur les dinosaures et les fossiles. Visites en français et en anglais (selon l’heure choisie), pas de réservation requise, 6$ pour les enfants et 10$ pour les adultes.
  • Montréal en lumière, Place des arts, à Montréal. Jusqu’au 5 mars, plusieurs activités sont proposées gratuitement à la Place des Arts dans le cadre de Montréal en lumière : initiation au cirque, ateliers de bricolage, contes fantaisistes et musicaux, mais aussi un sentier de luminothérapie, un glisse-vite ou encore un sentier de patin en hauteur. Accès gratuit.

Bien sûr, il existe d’autres options intéressantes : les arénas des petites villes ont des horaires de patins grand public, certains parcs proposent des pistes de glissades avec prêt gratuit de tubes et patinoires extérieures, les bibliothèques ont également des programmations intéressantes à petit prix et plusieurs lieux offrent des ateliers gratuits durant la relâche, à l’image du parc Michel-Chartrand, de Longueuil. Votre ville propose de chouettes activités durant la relâche ? Prévenez-moi !

-Lexie Swing-

Crédit photo : Lexie Swing

Les bébés ont grandi

Les joues sont encore rondes et les voix haut perchées; les ongles noirs de terre courent le long des murets, à la recherche des petits riens, des trésors dissimulés et des lézards véloces abrités sous les pierres. Les genoux amochés provoquent encore des pleurs, et les nuits trop noires leur petit lot de terreurs.

Mais par-delà les rondeurs, à l’horizon des certitudes, un autre âge prend son envol. Soudain, dans ma cuisine, une main agile fait la vaisselle, tandis qu’une autre mesure et soupèse, multipliant de tête et soustrayant au besoin. Soudain, dans ma voiture, une voix m’indique le Nord, quand l’autre calcule les minutes qui nous séparent de la destination. Soudain, dans mon salon, un esprit affûté décrit les mécanismes météorologiques quand, à ses côtés, une âme d’artiste peint et dépeint l’orage en demi-tons.

Les bébés ont grandi, se déplacent en catimini dimanche venu, se félicitent qu’il soit 8h à l’horloge du grand four. Chut, ne les réveille pas, chut je te dis, c’est toi qui fais du bruit à dire chut, viens on va en bas, c’est quoi le code de l’ordinateur, on avait dit que je choisissais le premier épisode, t’as fait quoi de la télécommande. Les bébés ont grandi, ils marchent sur leurs deux pieds, interpellent, interrogent, demandent à la dame deux croissants s’il vous plait, ça fait combien ça, dis est-ce qu’on a assez ? Les bébés ont grandi, ils ont appris qu’ils étaient une unité, et non un tout indivisible, une peau commune avec la nôtre. Ils pensent et rétorquent, ils savent, parfois mieux que nous. Ils s’entêtent, refusent de croire, dis donc Saint Thomas, c’est pas ton père, dis-moi. Les bébés ont grandi, ils sont encore dans le nid, mais leur regard se porte désormais par-delà les branches, à l’intersection des possibles.

Je n’ai rien vu venir. Je la portais sur mon dos, assise sur un muret, je l’enjoignais de grimper, et avec précaution je refermais sur son corps gigotant la protection de toile. Je la félicitais, tu es grande, lui disais-je. Elle était si petite alors, ses mollets moelleux refermés sur mes hanches. Ensemble, nous bravions le soleil, et les tempêtes de neige, remontant la rue par tout temps. Je suis bien en peine désormais de la jucher sur mon dos. Son corps est resté léger mais ses jambes de serin m’enserrent jusqu’aux genoux. Elle était grande lui disais-je, mais si petite à la fois, elle n’était pas encore une grande soeur, elle n’était pas encore à l’aube de l’adolescence.

Je ne l’ai pas vue grandir. Elle souriait à la volée, tournant sa tête pour trouver la musique, cherchant des yeux la nouvelle image. Elle galopait sur le parquet neuf, elle nourrissait le chien à grandes poignées de croquettes, indifférente aux coups de langues sur son nez retroussé. Je lui disais pas si vite, descends d’ici, dors veux-tu, je suis là, je veille sur toi. Elle a couru plus vite, elle a grimpé plus haut, elle n’a jamais vraiment dormi. Elle a eu l’âge où l’on s’extasie enfin. Qu’elle aille si vite, si haut, si loin. L’âge où elle devrait dormir mais toujours pas vraiment, l’âge où je l’entends et où elle m’accueille d’une voix ensommeillée et me dit « va te recoucher Maman ne t’inquiète pas, je sais que tu es fatiguée ». Elle était minuscule, dans ses combinaisons d’été que j’ai égarée, ses petites jambes maigrelettes qui cherchaient le soleil. Elle est faite si forte désormais, si présente, si solaire.

Dans mes souvenirs, il n’y a pas de progression. Le train était en gare d’Ostend et nous sommes rendus à Stuttgart, en voie express direction l’Orient. Je n’ai rien vu passer, je me suis endormie en route, quand je me suis réveillée, les bébés étaient partis. Je les ai cherchés, dans leurs voix moqueuses et leurs pitreries, dans leur éloquence et leurs descriptions soignées, dans leurs dessins poétiques et leurs petits mots envolés.

Et puis un soir, alors que le crépuscule engloutissait la cabine et qu’un film jouait sur l’écran fatigué; un soir deux têtes se sont appuyées sur mes épaules, deux têtes aux cheveux longs et au parfum d’enfance. Des cils courbés ont chatouillé ma peau, un nez mutin s’est enfoui dans ma clavicule, et quand mes bras ont enserré les corps chauds, je me suis souvenue. Des étapes, des danses, des cris, des nuits, des matins, des repas, des devoirs, des apprentissages, du chemin. Je me suis souvenue du chemin. De la route, des moments de joie, de la torpeur, de l’abattement, du désespoir, des lueurs d’espoir, des mains tendues, des premières fois où elles nous ont regardé bien en face, pour nous dire pardon, pour dire je t’excuse, pour dire qu’elles comprenaient, pour dire merci. Pour dire qu’elles ne voudraient pas d’autres parents que nous. Je n’avais pas oublié. Et je n’ai rien regretté.

-Lexie Swing-

Crédit photo : Andrew Apperley

Trois jours à Sutton (Cantons de l’Est) en hiver

Ma belle B. a eu dix ans. Dix ans ! Vous vous rendez compte ? Moi, pas encore tout à fait… Pour l’occasion, nous avions réservé de longue date un petit chalet dans un secteur que nous adorons : les environs de Sutton, en Estrie. J’aime beaucoup cette région, probablement parce que ce que j’en perçois me rejoint : les grands espaces, les belles forêts, les grands lacs, les activités d’extérieur, mais aussi un penchant certain pour les petites enseignes indépendantes, les cafés cozys, les bons restaurants, la bière locale, la culture bio.

Le projet initial était de faire une sortie en chiens de traîneaux proche de la frontière américaine, chez Aukaneck. Mais les 5 degrés et la pluie qui tombait depuis la vieille ont contrarié nos plans. La pluie ! Un 10 février ! Alors qu’il faisait -30 degrés la semaine d’avant…

Nous sommes donc arrivés le jeudi soir sous une pluie battante, et sur une route glissante, ce qui a fait dire à B. qu’on commençait « par une mésaventure », et la richesse de ce vocabulaire m’a fait sourire. Nous avons heureusement été accueillis par des lumières extérieures, un chalet éclairé et chauffée, dans lequel on s’est senti tout de suite à la maison, ce qui nous a fait rapidement oublier notre « mésaventure » de la route, donc.

Le chalet, installé dans les hauteurs de Sutton, était à la fois extrêmement simple, extrêmement chaleureux et extrêmement tranquille. Pour la première fois depuis que nous en louons, nous sommes convaincus que nous y retournerons de nouveau. Pour le découvrir, c’est ici. Il nous a permis d’emmener Poppy, le chien, mais aussi Chester, le lapin.

Le matin du jour J, soit le lendemain de notre arrivée, il a donc bien fallu se rendre à l’évidence : la pluie ne tarissait guère et avec elle s’éloignait la perspective de faire notre balade en chiens de traineaux. Anniversaire oblige, je suis partie en voiture pour Sutton, à 10 minutes, afin de trouver de quoi faire un brunch digne de ce nom. Comme je connais un peu la ville, j’ai pris le partie de me stationner devant l’un de mes endroits préférés : La Rumeur affamée. L’endroit regorge de produits locaux, avec un coin fromagerie, des plats préparés sur place et un espace boulangerie-pâtisserie. Les gens y sont particulièrement sympathiques, de bons conseils et surtout patients, quand on sait que j’ai fait quinze tours de boutique en disant « mmmh j’hésite encore ».

Après le brunch (le pain à tomber, la danoise aux framboises engloutie en quelques bouchées, le délicieux fromage et le gâteau d’anniversaire mascarpone, chocolat blanc, pistaches), nous avons cherché un plan B pour notre miss B. À cet effet, le site internet de Tourisme Bromont s’est avéré particulièrement pratique. Son onglet « météo capricieuse » nous a permis de circonscrire une liste de trois activités qui pouvaient plaire à notre fille de dix ans pour son anniversaire. Nos propositions étaient les suivantes :

  • Le Miniputt intérieur de Granby, ouvert en cette journée pédagogique (le lieu fait aussi lasertag);
  • Le centre d’escalade Backbone à Bromont;
  • Le jeu d’évasion Amedaka Evasion à Granby.

C’est cette dernière proposition qui a remporté son suffrage (le seul qui comptait). Nous avons donc aussitôt choisi notre jeu et réservé (toutes les réservations se font via le site internet) avant de prendre la route.

A 15h tapantes, nous avons donc débarqué avec fracas (rapport à notre fille cadette qui est volontiers bruyante). Après avoir enfilé les pantoufles mises à disposition, nous nous sommes présentés dans la salle dédiée aux explications, dans laquelle on nous a prêté une courte vidéo. Le jeu que nous avions choisi se nommait «Les douze coups de minuit». L’histoire est la suivante : « une fillette doit, à chacun de ses anniversaires, aller jouer avec ses vieux jouets, sous peine sinon de les voir se transformer en monstres. Or il ne reste qu’une heure avant minuit…. » Pas mal pour une fille dont c’était justement l’anniversaire non ?

Mon chum et moi avions eu déjà l’occasion de faire un escape game et appréhendions mieux les dynamiques que la première fois. C’était une première fois pour les filles mais elles se sont rapidement prises au jeu et, avec un peu d’aide, ont su résoudre plusieurs énigmes du haut de leur 7 ans et demi et 10 ans tout neufs.

Je ne vous spoilerais aucune des énigmes mais une seule chose est à retenir : nous avons eu BEAUCOUP de fun à faire ça en famille. Et OUI, nous avons réussi à sortir de la salle avant la fin du temps !

Après ce détour pour Granby, nous sommes repartis pour notre petit chalet, le temps d’enfiler une tenue de soirée et de rejoindre le restaurant La Tartinizza où nous avions réservé. B. souhaitait « un de ces petits restaurants avec des pâtes et des pizzas et des choses italiennes ». Si c’est ce que vous souhaitez également, ce restaurant est l’endroit où vous comblerez votre envie à Sutton. Après deux Shirley Temple pour les filles, et un délicieux vin rouge pour nous, nous avons pu savourer leurs pizzas. Les plats « hors-carte », affichés dans notre dos, semblaient également travaillés, et délicieux. En dessert, j’ai fait honneur à un gâteau au fromage avec de gros morceaux de fraises dans le coulis, mon chum a opté pour un gâteau café-amandes et les filles pour des churros, dont l’un arborait une chandelle pétillante afin de célébrer la fêtée. Une parfaite soirée.

Le lendemain, après une grasse matinée (obtenue grâce à plusieurs menaces en amont), nous avons brunché de nouveau puis avons rejoint Sutton pour y débuter une balade réputée familiale : le sentier village-montagne reliant Sutton à la Marmite aux Sorcières. Depuis l’église, nous avons marché une dizaine de minutes jusqu’à rejoindre le début du sentier. Bien abritée dans la forêt et circulant en surplomb de la rivière, la balade est très agréable et ponctuée de petits bancs où s’arrêter pour une collation. Plusieurs points de vue permettent aussi de prendre de belles photos. A noter que les chiens, tenus en laisse, sont les bienvenus.

Après un nouveau passage à la Rumeur affamée (une soudaine envie de fromage à raclette), nous avons retrouvé notre chalet pour une dernière nuit, avant de rejoindre notre maison principale le lendemain.

En résumé, si vous allez à Sutton, vous pourriez :

  • Loger chez Annly;
  • Faire un tour à La Rumeur Affamée (mais aussi chez Mollies, pour son café et ses gourmandises, chez Snöbol pour déguster une crème glacée, chez Fleurs & Smoothies pour les jolis plantes et les breuvages);
  • Souper au Tartinizza (ou à la Brouerie, au Gato, etc);
  • Aller marcher jusqu’à la marmite aux sorcières (ou faire le Lac Spruce, le Round Top ou encore l’un des sentiers du Diable Vert);
  • Faire une activité intérieure cool comme chez Amedaka Evasion (ou le Miniputt, ou Backbone, ou le Balnea Spa si vous êtes entre adultes).

Et vous, c’est quoi votre go-to en matière de « petit week-end au chalet » ?

-Lexie Swing-

Crédit photo : Lexie Swing

10 années de toi

Dans quelques jours, tu fêteras tes dix ans. C’est tant et si peu à la fois. Dix ans, c’est un âge charnière, le début de quelque chose d’intangible. Soudain, la compréhension se fait plus acérée, les idées plus précises; c’est une balance, suspendue entre deux réalités, entre l’insouciance et la connaissance lucide du monde qui nous entoure. Très lucide, trop lucide.

Tu es ma toute petite fille, aux grands yeux interrogateurs, qui assise au milieu des foules dévisageait et détaillait, imperturbable. Quelque temps après ta naissance, une infirmière qui t’auscultait nous a dit qu’elle n’était pas certaine que tu aies conscience d’être venue au monde. Comme si ta naissance s’était faite avec tellement de douceur et si peu de bruit, que peut-être tu ne savais pas que tu n’étais plus dans ton cocon fragile. Dix années ont passé et régulièrement, nous nous demandons si tu ne voyages pas entre notre réalité et une dimension qui n’appartient qu’à toi. Le geste suspendu, les yeux à mille lieux, le pas arrêté, à la marelle on dirait que tu aurais sauté à pieds joints dans le ciel, et disparu. Alors on te rappelle, on te fait des signes, reviens avec nous, où étais-tu rendue, je te parlais tu sais, je te montrais tu vois, et regarde ta fourchette, les pâtes en sont tombées, et de l’encre de ce crayon, il n’en reste plus rien. Si tu étais un poème, tu serais du Prévert, redevenu oiseau par la grâce des mots.

Sur cette planète-ci, tu es ma fille à moi, notre fille à nous, notre première née, mystérieuse et magnifique, avec ton nez mutin et tes yeux de chat ourlés de velours. Avec tes kilomètres de cheveux dorés, tu n’aurais rien à envier à Raiponce, mais tu ne voudrais guère, indifférente aux belles parures, ennuyée par les mondes de princesses. Tu prendrais le petit animal, ça oui. Et puis tu t’attacherais la tignasse en une choucroute malhabile, parce qu’on s’en fiche d’être beau, qu’est-ce qu’on s’en fiche après tout, pourquoi c’est important? Railleuse de la beauté humaine, charmée par la beauté florale et animale. Je te croyais hors du cadre, quand je m’aperçois grâce à toi que c’est tout un pan de nos pairs qui posent sur le monde ce même regard. Et grâce à toi à mes yeux se découvre une nouvelle multitude. Il est de ceux qui dansent dans des endroits anonymes et dépeuplés, et disent chut aux autres quand ils parlent en forêt, chut, tais-toi, je n’entends pas le chant des oiseaux.

Ton talent pour le dessin se distingue de plus en plus, à mesure que tu remplis la maison de tes productions. Du sol au plafond s’entassent pêle-mêle tes oeuvres et tes projets en devenir. Le royaume des créatifs est une déchetterie pour les autres. Ton trésor est la poubelle de recyclage, que tu vides de son contenu à mesure que nous la remplissons. Les boites en carton deviennent des maisons élaborées, des enclos de zoos ou des aquariums sur mesure. S’y côtoient des peluches élimées et des animaux de plastique, figés dans leur ballet, derrière une vitre de film étirable.

Le monde est ton terrain de jeu. Là où mes yeux s’arrêtent sur la prochaine pancarte, les tiens fouillent l’horizon, à la recherche de quelques héros ailés nichés en haut des arbres. Tes oreilles, aux aguets, perçoivent des bruissements qui te convainquent qu’il existe bien une vie par-delà la barrière de nos sens. Ils sont ton royaume, ton réel et ton imaginaire, tout à la fois. Dans ton espace à toi, il n’y a guère de place pour les personnages fantastiques. Seuls comptent ceux qui sont, ou ont été. Ceux dont on perçoit les traces, tangibles et dont tu découvres l’existence à travers des livres, des documentaires, des expositions, dont tu retiens tout, comme s’il s’était agi d’une comptine mille fois répétée. Bien sûr que je savais que les ours n’hibernent pas vraiment.

Je n’aurais jamais imaginé mettre au monde quelqu’un comme toi, tu n’es ni mon reflet, ni mon prolongement. Tu es un être unique, qui me montre chaque jour une facette de l’existence que je ne soupçonnais pas. Merci mon chat, d’être si différente de moi. Trinquons alors, avec du champagne dans lequel tu n’aurais que le droit de plonger les lèvres et pour lequel tu nous demanderais mille fois si tu as bien le droit, mais vous êtes sûrs, mais vous êtes fous, vous êtes de drôles de parents quand même. A ses dix années de ton existence, et à toutes celles à venir, très, très nombreuses. Joyeux anniversaire ma bulle de savon multicolore, je t’aime.

-Maman-

Enfant qui dort mal : tests et astuces

Il y a quelques années, je prenais le clavier pour relayer une situation qui pesait sur nos vies depuis la naissance de notre petite dernière : son sommeil en grand-huit et nos nuits erratiques. J’avais décrit, dans un article sur le manque de sommeil, combien mes nuits étaient difficiles alors. J’ai relu cet article, il a la poésie de ceux qui espèrent encore. Tempête avait alors un an. Elle en a 7 et croyez-le ou non, rien n’a changé.

Ou presque. Il faut quand même être honnête. L’enfant de 7 ans n’est pas celui d’un an, et son autonomie joue un rôle fondamental. Le bébé qui pleurnichait a laissé la place à une enfant sachant trouver seule son chemin jusqu’à la salle de bains, ou retrouver la peluche dans laquelle elle espérait pouvoir enfouir son nez. Mais dans ce texte, je me demandais alors comment c’était, les nuits sans réveil, parce que j’avais comme oublié. Et je ne sais toujours pas.

Tempête n’est jamais rentrée dans les cases des enfants au sommeil difficile. Aucune recherche google ne donnait de recette magique, aucune fiche du médecin n’avait de solution toute trouvée. Elle a très vite eu une facilité à sombrer dans le sommeil que certains nous enviaient. Nul besoin de faire le pied de grue à la tête du lit en marmonnant quelques incantations. Aucune volonté de sa part de se glisser entre nous, au beau milieu de la nuit, en raison de quelques cauchemars un peu trop remuants. Le bal commençait alors que son sommeil était déjà bien avancé : les incontournables cris, la tête qui heurte un montant du lit lors d’un retournement plus abrupt, des jeux ou disputes entre amis rejoués à l’infini, les pleurs soudains, les « non, non, non ». Nous avons eu une brève période de terreurs nocturnes – une chose assez terrifiante, entre nous – mais surtout sept années de sommeil haché. Pour elle comme pour nous. L’expression « avoir le sommeil agité » aurait pu être inventée pour elle.

Plus surprenante encore, reste la légèreté de son sommeil. Il suffit d’entrer dans sa chambre pour qu’elle nous demande si ça va, il suffit de l’embrasser pour qu’elle en profite pour demander de l’eau, et il suffit de passer devant sa chambre sur la pointe des pieds pour qu’elle nous interpelle au profit d’un détour par la salle de bains. Ou d’un mouchoir. Ou d’une peluche tombée au sol. Quand elle dormait une minute avant à poings fermés. Mais, aussi fou que cela puisse paraître, je connais cette capacité, et ma mère avant moi. Dormir d’une seule oreille est un atout (tout autant qu’une malédiction) génétique. Si un enfant entre dans ma chambre, je lui demande ce qu’il a. Même s’il est 3h du matin. Si une porte s’ouvre, je sais de quelle chambre il s’agit et j’interpelle la concernée. Même si je dors depuis deux heures. La différence est que je n’ai pas le sommeil agité. Enfin si, depuis sept ans.

Alors, pourquoi ai-je intitulé cet article « Trucs et astuces »? Car en sept ans, nous avons eu l’occasion d’essayer une panoplie de choses, qui généralement ont du succès pour certains, et ont parfois fonctionné pour nous, pour un temps donné du moins.

Le microkiné

Au lendemain d’une nuit particulièrement difficile, nous avons empoigné notre téléphone et cherché, une fois encore, des pistes de solutions pour permettre à Tempête de vivre des nuits moins agitées. L’une des réponses trouvées mentionnait le recours à un microkiné. Cette profession, désormais assez répandue en Europe, se fait rare ici au Québec. C’est donc au détour d’un voyage en France, quelques mois après, que nous avons pris rendez-vous avec un professionnel. Nous connaissions déjà le principe, pour l’avoir expérimenté en tant que jeune adulte. De la même façon, le microkiné a ainsi commencé par nous poser différentes questions sur Tempête, sa personnalité, ses défis, etc. Il lui a ensuite expliqué qu’elle allait devoir s’allonger et qu’il allait passer les mains au dessus d’elle, sur l’ensemble du corps, mais sans jamais la toucher. Après s’être attardé, selon mon impression, au niveau du ventre puis du crâne, il est revenu s’asseoir et nous a expliqué comment il la percevait, ponctuant son discours des termes « stress » et « anxiété de performance », si ma mémoire est bonne. Je me souviens avoir pensé qu’il semblait parler d’une adulte et non d’une enfant qui venait juste de finir son année de maternelle (6 ans), et je le trouvais un peu à côté de la plaque, pour être honnête. Il a dit qu’il avait tenté des interventions afin de changer un peu cette dynamique. Durant un mois, il n’y a eu aucun changement. Et puis soudainement, Tempête s’est mise à dormir. Bien. Et longtemps. Sans se réveiller, sans crier, plus apaisée. Combien de temps l’accalmie a-t-elle duré? Un ou deux mois peut-être? Ensuite, le mauvais sommeil est revenu, accompagné de ses batailles et autres cris. Aurait-on dû y retourner? Dans un monde idéal, oui. Dans notre réalité et les 6000 km nous séparant du microkiné, nous avons fait sans.

L’hypnothérapeute

Lorsque les nuits sont redevenues vraiment très difficiles, il y a quelques mois, nos nouvelles recherches Google nous ont menées vers l’hypnose. La technique est réputée avoir de bons résultats sur les problèmes de stress et d’anxiété, et les enfants sont souvent de bons patients puisqu’ils n’ont pas d’a priori sur la méthode. L’hypnothérapeute que nous avons consultée pour Tempête est réputée dans son milieu et plusieurs personnes de mon entourage avaient fait appel à ses services. Lors de la première séance, trente minutes ont été consacrées à l’explication des difficultés rencontrées, puis la personne nous a décrit le processus qu’elle allait mettre en place et comment notre fille et elle allaient cheminer. Elle l’a interrogée sur ses nuits, ses angoisses, etc. Une fois que j’eus rejoint la salle d’attente, elle lui a demandé de fermer les yeux, lui a expliqué comment elle pouvait se détendre la nuit, sur quoi elle pouvait s’appuyer lorsqu’elle avait des angoisses, lui a fait visualiser un endroit apaisant, un animal protecteur, etc. Elle devait aussi, lorsqu’elle se sentait en situation d’apaisement, effectuer une pression entre le pouce et l’index, pression qui, la nuit venue, donnerait à son corps le signal qu’il pouvait s’apaiser. Nous avons recommencé le processus deux semaines plus tard. Des résultats ? Absolument aucun, pas le moindre, aucune réceptivité de la part de notre fille, pourtant réputée imaginative. Je pense que l’écueil est venu du fait que pour être réceptif, l’enfant doit faire preuve d’un certain calme, ce qui n’est que rarement le cas de Tempête. Autre difficulté : les fameux cauchemars, décrits à l’hypnothérapeute par notre fille comme étant des ogres, des monstres, etc. Or, pour bien la connaître, ses cauchemars sont presque toujours tournés vers le très réel. Petite fille dotée d’une grande maturité émotionnelle, Tempête a toujours anticipé des situations précises et réalistes, loin des monstres sous le lit parfois décrits par les enfants. Est-ce un échec complet ? Pas si sûr. Une combinaison des astuces données, avec les techniques transmises par la professionnelle suivante pourrait peut-être donné des résultats intéressants.

La massothérapeute

Je patientais un jour chez ma massothérapeute lorsque j’ai lu sur un petit document d’informations que les massages pouvaient être bénéfiques pour les enfants anxieux, très actifs, etc. J’ai donc pris rendez-vous pour Tempête, gageant qu’elle allait apprécier le concept. Elle a dit qu’elle avait vécu le meilleur moment de sa vie (à égalité avec sa visite à la pizzéria et sa sortie au centre d’amusement) et a donc souhaité y retourner très vite. Depuis, elle a droit à quelques séances, par-ci par là, lorsque le besoin de détente se fait sentir. Outre de relâcher les tensions, la masso lui apprend à respirer, à se recentrer, à trouver l’apaisement par certaines palpations, etc. Point de miracles mais quelques techniques fort appréciables qui contribuent aujourd’hui au meilleur déroulement des nuits.

La psycho-éducatrice

Puisque l’anxiété semblait l’un des principaux enjeux, nous avons profité de l’une de nos visites à la psycho-éducatrice qui suit Tempête dans un cadre davantage scolaire pour aborder le sujet. Avec elle, notre fille décortique ses inquiétudes, les dessine et les réinterprète. Elle en fait des brouillons qu’elle jette et des mots qu’elle déchire, afin d’apprendre à naviguer à travers tous ces sentiments qui prennent tant de place. L’impact à court terme est moindre mais gageons que savoir appréhender son stress ne pourra être que bénéfique à long terme.

Et puis le reste…

Il y a nombre de choses que l’on peut essayer pour aider un enfant qui dort mal. Parmi elles, nous en avons testé certaines : la veilleuse, la petite musique apaisante, la porte ouverte, la porte fermée, les repas pris tôt, la limitation du sucre, l’exercice poussé, les sorties au grand air, l’absence d’écrans. Nous avons très ponctuellement eu recours à la mélatonine, quand ses difficultés à rester endormie ne lui permettaient plus de se reposer. Nous aurions pu tester la couverture lestée, pour laquelle les avis sont partagés, et des médicaments spécifiques bien entendu, mais nous n’en sommes pas là.

Aujourd’hui, nous errons toujours à la recherche de la bonne réponse, avec de moins en moins de certitudes. Est-ce qu’il existe une réversibilité à tout ça ? Alors à défaut d’une solution véritable, on procède par petites touches : la coucher plus tôt car la fatigue importante provoque toujours des difficultés, souper également plus tôt, ne pas regarder la télé en fin de journée, la faire sortir le plus possible. Est-ce qu’un jour on testera une solution en la présentant par la suite comme miraculeuse ? Qui sait ?

Est-ce que vous, vous l’avez déjà trouvée ?

-Lexie Swing-

Crédit photo : John Kline

Trois jours à l’auberge du Lac-Taureau (Lanaudière)

Durant nos congés de fête, nous avions prévu de rester l’ensemble des vacances à notre domicile pour se reposer et profiter des environs. Seule exception : les trois jours réservés à l’Auberge du Lac-Taureau entre Noël et le jour de l’an. Ça faisait longtemps que l’auberge nous attirait : de belles activités, un domaine au bout du monde et la possibilité d’emmener son chien. Puisque nous n’avons désormais plus que Poppy, nous avons pu charger la voiture en conséquence et prendre la route pour Lanaudière.

2h45 plus tard, après une pause pipi dans la neige et beaucoup de monde sur la route, nous avons atteint le village de Saint-Michel-des-Saints. De là, ce sont encore vingt minutes de route qui sont nécessaires pour atteindre l’auberge, située aux tréfonds du domaine du Lac-Taureau. Le bout du monde, on vous dit.

Quand nous arrivons, la nuit est tombée et la fatigue se fait sentir. Nous débarquons enfants, chien et bagages sur le stationnement tout proche, avant de pointer à la réception. De là, on se dirige vers l’aile réservée aux chambres canines, où nous sommes accueillis par un petit pitou qui aboie furieusement dans la chambre à-côté. La porte poussée, nous découvrons la même chambre que sur les photos : deux grands lits, de jolis mots au mur, une petite salle de bains très propre. Le tout semble cependant quelque peu obsolète et dû pour des rénovations, que je me verrais plus tard confirmées comme étant à venir. La chambre est au rez-de-chaussée et donne sur l’allée qui serpente autour de l’auberge et sur une petite terrasse qui doit être fort agréable à la belle saison. La porte fermant mal, le sol est cependant gelé et nous sommes contraints de coucher Poppy en hauteur pour qu’elle ne gèle pas sur pied pendant la nuit. Un aller-retour au village plus tard, nous soupons sur le pouce et profitons d’un repos bien mérité.

Jour 2

Le lendemain, nous nous réveillons avec enthousiasme. Le site regorge de belles activités et nous sommes curieux de voir ce que nous pouvons explorer. Je sors promener Poppy, qui étrenne ses toutes nouvelles bottes, et tombe nez-à-nez avec une meute de chiens de traîneaux solidement harnachés. A peine le temps de nous jeter sur le bas-côté, et les voici qui nous dépassent en trombe, galopant sur la plage du lac, recouverte de neige. Remises de nos émotions – nous n’étions pas sur le bon chemin, d’où la rencontre impromptue – nous entrons dans l’espace dédié aux locations, Poppy faisant sensation avec ses bottes, son manteau et les tremblements qui se manifestent dès que quelqu’un la regarde de (trop) près. Le personnel nous confirme alors ce que nous espérions : beaucoup de locations sont gratuites, comme les skis de fond, les raquettes, les tubes de glisse ou encore les patins. Les fatbikes sont payants, mais à un prix très accessibles, et seules les sorties en motoneige et en traineaux à chiens restent une dépense conséquente pour qui souhaite vivre la grande aventure. De notre côté, rien de si fou. Notre sortie en traîneaux à chiens est prévue pour plus tard dans l’hiver et les motoneiges ne sont guère autorisées aux mini-pouces qui nous accompagnent.

Revenues à la chambre, Poppy et moi déjeunons enfin, avant de repartir toute séance tenante : ce matin, ce sera raquettes ! La chienne sera de la partie – sa présence est la bienvenue sur les sentiers en autant que l’on ramasse ses crottes – et nous sommes rapidement sur le chemin pour notre première balade. J’ai moi-même fixé les raquettes sur les pieds des enfants, et me trouver ainsi agenouillées à tenter de négocier la position de leur pied tandis qu’elles persistent à me parler d’autre chose, le nez en l’air, me rappelle avec nostalgie ces moments où je tentais de clipper mes chaussures à mes skis, sous la direction de mon père, qui tapait vigoureusement pour faire tomber la neige qui, coincée dans les recoins, persistait à bloquer le mécanisme.

La balade est belle, entrecoupées de photos et de plaintes de Tempête qui ne voit pas l’intérêt de marcher ainsi à travers la forêt. Elle se fait plus difficile lorsque la neige se fait plus épaisse et le vent plus fort, nous contraignant à rebrousser chemin. Nous revenons finalement, émerveillés par la plaine de neige qui s’étend à perte de vue. Les promeneurs se font rares et le sentiment d’être minuscules face à l’immensité, bien réel. Après avoir reposé le matériel, nous filons au pub-restaurant ouvert sur l’heure du midi. La file est un peu longue mais une table se dégage finalement pour nous. Au menu, poutines et bières, forcément. Nous ne sommes pas devenus Québécois pour rien. Après ce repas réconfortant et une longue pause, nous repartons pour le centre de location pour nous équiper, cette fois, de ces énormes tubes qui permettent de glisser en toute sécurité sur les pentes aménagées.

Poppy est embarquée malgré elle dans l’aventure et c’est cahin-caha que nous rejoignons les pentes indiquées. En fait de pentes, une seule longue piste a été creusée pour l’occasion. A l’abri des regards, elle est pentue à souhait et permet aux plus rapides (et plus lourds) d’entre nous, de s’arrêter sans encombres grâce au tas de neige accumulé pour l’occasion. Dès le premier test, la chienne saute en marche, galopant à perdre haleine dans mon sillage et bondissant dans mes bras à l’arrivée. Rapidement, la nuit qui tombe éloigne les rares familles qui s’étaient attardées, nous permettant de jouir sans retenue de la piste.

A notre tour, nous quittons finalement les lieux, retraversons la zone abritant les chiens de traîneaux où je supplie Poppy de se taire, de crainte d’une embuscade canine, et nous rejoignons notre chambre. Chose promise, chose due : c’est en maillot que nous en ressortons finalement, pour emmener notre petit monde à la piscine intérieure de l’auberge. Nous arpentons les couloirs en peignoirs, pour le plus grand ravissement des filles. À la piscine, l’eau est « bonne », donc trop froide pour moi. Heureusement ce n’est pas le cas des bains extérieurs et du jacuzzi, dans lequel je choisis de me prélasser en évaluant mentalement combien de temps me serait nécessaire pour m’en extirper si quelqu’un coulait. Après une heure et mon jacuzzi envahi par trop d’enfants (deux, mais gigotant), nous retrouvons la chambre, pour grignoter un souper sur le pouce avec les restants du supermarché de la veille. Fin de soirée oblige, nous décidons de jouer les prolongations au bar, où les enfants sont les bienvenus et nous offrent, console à l’appui, une pause alcoolisée bien méritée.

Jour 3

Au diable l’avarice, le jour 3 est celui où nous décidons de tenter le petit déjeuner de l’auberge. La salle à manger, pourvue de grandes fenêtres, est très lumineuse, et la pièce décorée de peintures autochtones. La serveuse qui nous installe gagne facilement le coeur des filles en leur ramenant des chocolats chauds, agrémentés de crème fouettée. « Ça, c’est vraiment les vacances », déclarera l’une d’elle, avec de la crème jusqu’aux sourcils. Le petit déjeuner fait le bonheur des enfants, rapport au fait que c’est un buffet et qu’il y a un monsieur qui peut te préparer des crêpes ou des omelettes à la demande. Le point d’orgue n’est pas la délicieuse omelette fromage-champignons mais bien les céréales Lucky Charms édition spéciale en libre-service. Chacun son palais.

L’estomac bien rempli, nous enfilons nos vêtements d’hiver pour notre première sortie familiale en skis de fond. Mon amoureux et moi faisons des démonstrations d’emboitage de skis de fond, qui ne remportent que peu de succès. Les genoux une nouvelle fois dans la neige, nous guidons donc les souliers dans les fixations, avant de prendre la route, Tempête en tête. L’esprit de compétition de cette enfant étant sans faille, elle met tout son coeur à rester la première, avançant avec entrain et tombant avec le sourire. La balade est agréable et personne ne râle, sauf moi (parfois), quand je dois déchausser pour tracter les enfants dans les côtes. Force est de constater que le ski de fond, c’est super sur le plat, challengeant dans les montées. Suis-je tombée en descendant des pentes à (très) faible dénivelé ? Absolument. Ai-je accusé la ridicule étroitesse de mes skis ? À 100%.

A notre retour, je vais faire un tour au centre de soins pour voir si des places de dernière minute sont disponibles. Rien du côté des massages, qui se réservent plusieurs jours à l’avance, mais les chaises longues du « Neurospa » sont libres. Le concept est simple : de la musique dans les oreilles, un bandeau sur les yeux, et des mouvements du siège censés rendre possible la relaxation. Je suis sceptique, mais je ne suis jamais contre un moment pour moi-même. Je m’équipe, je ferme les yeux, et après je ne sais pas, car je me réveille brutalement trente minutes plus tard. Mission accomplie. Je rejoins la chambre afin de délivrer mon amoureux, qui regarde un Astérix en famille et prend le relais tandis qu’il part arpenter les environs au pas de course.

Dans l’après-midi, nous décidons de faire un essai sur les patinoires extérieures aménagées. La glace est assez abîmée et difficile à pratiquer, mais le plaisir est là. Au milieu de nous, de petits groupes tentent leur chance, le nez penché sur des lignes destinées à la pêche blanche. En fin de journée, nous quittons l’auberge afin de faire route vers le village de Saint-Michel, toujours situé à 20 minutes en voiture. Notre objectif : le Bistro des Saveurs, où nous avons réservé une table. Il y a quand même un bel achalandage pour le jour de la semaine, la nourriture y est bonne et le personnel très sympathique. Un endroit à recommander, certainement. Nous retrouvons l’auberge et profitons de notre dernière soirée, au coin du feu, sous la neige qui tombe abondamment.

Le lendemain, c’est déjà le départ pour nous, non sans avoir une dernière fois fait un tour au buffet du petit déjeuner, Lucky Charms obligent. On repart enchantés, ressourcés, et avec plein d’idées d’activités à faire pour l’hiver.

Vous aimeriez passer quelques jours au Lac-Taureau ? Voici quelques infos utiles :

  • Le Lac-Taureau est situé à environ 2h20 de Montréal, dans la région de Launaudière.
  • Nous avions choisi un forfait chambre + accès villégiature, qui nous donnait ainsi accès à un certain nombre d’activités gratuites, comme le ski de fond, le patin ou les raquettes. Le matériel est alors prêté gratuitement.
  • Les chiens sont autorisés à de nombreux endroits dans l’auberge et sur le domaine. Les chambres canines sont peu nombreuses, alors ne réservez pas trop tard ! Un maximum de deux pitous par chambre est autorisé.
  • Lors de notre séjour, en décembre 2022, un manque de personnel a conduit l’auberge à restreindre son offre de restauration. Le petit déjeuner et le souper étaient alors offerts en buffet, pour un coût de 22$ par adulte pour le déjeuner et de 43$ par adulte pour le souper. Les enfants paient moitié prix. Le midi, c’est le pub-restaurant qui offre un service de restauration. Il est également ouvert en soirée, mais principalement pour boire des verres.
  • Des rénovations sont déjà en cours et plusieurs autres sont attendues.
  • Une salle de jeux est disponible pour les enfants.
  • La ville la plus proche est à 40 minutes aller-retour – comptez une heure si vous le faites comme moi de nuit, en pleine tempête.
  • Outre les chambres, d’autres types d’hébergements sont proposés sur le domaine : les condos, les chalets et les Coolbox.

Alors, séduits ? Connaissez-vous des endroits similaires qui offrent l’opportunité de tester plusieurs activités ? Je veux TOUT savoir.

– Lexie Swing –

Crédit photo : Lexie Swing

Les Derniers jours de Rabbit Hayes, d’Anna McPartlin

J’ai vu pour la première fois « Les Derniers jours de Rabbit Hayes » à sa sortie en français, courant 2016, sur les étagères de ma librairie préférée. J’avais saisi le livre, attirée par la couverture fleurie, convaincue par la nationalité irlandaise de l’autrice. La première ligne de la quatrième de couverture commençait ainsi « Quand Mia, surnommée affectueusement Rabbit, entre en maison de repos, elle n’a plus que neuf jours à vivre. » J’avais dégluti. La suite expliquait que Rabbit était mère célibataire et que ses parents étaient incapables de lui dire adieu. J’ai reposé le livre comme s’il m’avait brûlé les doigts. Une fille de mon âge, mère, en phase terminale, était une lecture au-dessus de mes forces.

Je vais vous confier une difficulté : ma sensibilité et mon empathie exacerbées me rendent pénibles toutes lectures dont les personnages vivent une souffrance émotionnelle palpable. La difficulté atteint son point d’orgue si je peux m’identifier, par mon âge ou ma situation, à ce que vit le personnage. Ici, le thème recoupait deux grandes peurs : être la mère qui part trop tôt et avoir un enfant qui part avant soi. Double identification sur le front empathique qui a eu raison de ma motivation à le lire, malgré tout mon amour pour la littérature irlandaise.

Flash forward six ans plus tard, mon regard tombe sur ce livre, mis en avant dans une allée de ma bibliothèque. Je reconnais la jolie couverture, la calligraphie enlevée du titre, je le saisis comme la première fois. Me trottent dans la tête quelques commentaires dithyrambiques lus à son sujet dans les dernières années. Les sentiments forts, les personnages incroyables d’humanité, l’humour ravageur. J’hésite et je me dis qu’il faut bien grandir. Grandir et affronter ses peurs, surtout si c’est avec humour. Je prends le livre et l’ouvre sitôt rentré chez moi.

Je ris, je pleure et je trouve ça dur. Je développe une technique émotionnelle particulière : je le lis jusqu’au coucher du soleil seulement. Une fois la nuit tombée, les sentiments ambivalents qui m’habitent sont plus difficiles à gérer. Trois jours plus tard, je le referme; je l’ai dévoré. Je n’ai pas vu le temps passer, je tourne la dernière page alors qu’il fait noir dehors et j’ai la gorge serrée. Je décide d’aller promener la chienne à la lumière des lampadaires, vaguement perdue.

La nuit passe et elle résout ces sentiments avec cette cohérence que seule la nuit sait apporter. L’émotion laisse place à la conviction que ce livre-ci est une perle. Voici son histoire.

Mia, surnommée Rabbit donc, vit dans la petite ville irlandaise qui l’a vue naître avec sa fille de douze ans, qu’elle élève seule. Ses parents et sa grande soeur sont tout proches, sa meilleure amie aussi. Seul son grand frère a traversé l’Atlantique pour s’établir de longue date aux Etats-Unis. À la fin de sa trentaine, lors d’un contrôle de routine, son médecin découvre une masse dans son sein. Mastectomie, traitement, Rabbit attaque cette bataille avec ferveur et la relaie sur son blogue. Quelques mois plus tard, elle en sort victorieuse. Lorsqu’on la retrouve, plusieurs années se sont écoulées et son cancer est revenu. Elle entre, soutenue par sa mère, dans la chambre qui l’attend à la maison de repos où elle recevra des soins palliatifs. Nous, lecteurs, le savons avant elle : il lui reste neuf jours à vivre. Ces neuf jours sont ses derniers, mais aussi les prémices d’une vie sans elle pour ses proches, qui refusent de l’accepter. Ces neuf jours, entrecoupés de flash-backs, se déroulent à fleur de peau. En filigrane, l’humour, terriblement irlandais, résonne, joyeux, jusqu’à la toute fin. L’humour comme lien, l’humour comme arme, l’humour comme témoin de l’amour qui les unit. Car c’est ce qui reste, ultimement, de ce livre. Cet amour puissant entre Rabbit et ses proches.

Extraits :

« A l’adolescence, elle s’était acheté un bouddha en terre cuite rouge dans une boutique de charité, et quand sa mère lui avait demandé pourquoi, elle avait répondu qu’elle aimait mieux regarder un gros dieu rigolard qu’un maigrichon en train de mourir. »

« Tu n’imagines pas combien c’est dur d’élever des gosses. Tu n’as jamais eu personne qui dépende de toi, continua celui-ci.

– Je sais, je sais. Je n’ai jamais eu ne serait-ce qu’un chien…

– Un chien ! Tu n’as jamais eu une plante verte ! Non, je retire ça. Tu as eu une plante, on l’a fumée et Louis a eu la chiasse. »

Conclusion ? Ce livre est un bijou, je vous le recommande chaudement. Armez-vous de soleil et de douceur car il en faut, pour accompagner Rabbit dans ses derniers jours. Et si le sujet est trop brûlant et difficile pour vous, gardez ce livre pour plus tard, pour des temps plus lumineux où l’humour et l’amour qui se chahutent la première place de ce livre extraordinaire sauront vous émouvoir davantage que la fatalité que représente la mort, inexorable, de Rabbit Hayes.

-Lexie Swing-

PS J’ai découvert qu’il existe depuis tout récemment une suite « Sous un grand ciel bleu », définitivement sur ma liste !

Crédit photo : Lexie Swing

Le dixième hiver

Dix hivers, voici le temps que nous avons déjà passé sur ce côté-ci de la planète. Il y a eu des tas de changements, de belles évolutions et notamment l’obtention de la citoyenneté canadienne pour nous trois (Tempête l’avait de naissance, à sa grande fierté), mais cette simple idée me stupéfie : une décennie d’hivers.

Je me souviens avec précision des blogs que je lisais à l’aube de notre immigration. Je découvrais les mots de Français qui, avant nous, avaient fait la grande traversée. Ils étaient installés depuis quelques mois, ou déjà plusieurs années pour certains. Mon goût pour l’aventure dans l’habitude – tout un concept – me donnait l’envie de pouvoir moi aussi être de ceux qui ne sont plus dans la nouveauté, mais bien dans une forme d’habitude confortable donnée à ceux qui ont l’expérience des années. Sans surprise, beaucoup des gens que je lisais alors ont cessé de partager sur leur immigration, et plusieurs sont même repartis en France, depuis. Moi, je m’inscris désormais dans une décennie saisonnière. L’hiver est revenu et je ne cesse de m’en émerveiller. Mais que retire-t-on finalement, de l’expérience des hivers passés ?

Le froid est relatif

Le Québec est une province où il fait froid vivre, bon vivre mais fraîchement donc. La neige y est abondante, l’hiver est long et -20 degrés Celsius est une température relativement commune. Le pire, ce n’est pas la température affichée, c’est son ressenti. Un -10 degrés peut te transformer en glaçon si le vent est de la partie. A l’inverse, un -15 degrés bien sec passe relativement bien. La légende dit qu’un gars croisé dans le Nord du Québec a juré ses grands dieux (ou pas, parce qu’on ne fraye pas trop avec la religion icitte) qu’il avait eu plus froid un automne en Bretagne qu’au Saguenay (Québec) en plein hiver.

Être habillé comme si tu allais au ski est commun

Ce que j’aime dans notre petite ville de banlieue, c’est que lorsqu’elle se pare de son manteau neigeux, elle ressemble volontiers à ses petits villages de station que l’on trouve dans les montagnes françaises. On y croise des gens qui soufflent au dessus de chocolats chauds fumants, de la neige sur les trottoirs et surtout, des tuques et bottes de neige en abondance. L’habillement complet comprend donc la tuque et les mitaines (le bonnet et les gants, en France), de grosses bottes chaudes qui accrochent bien sur la neige et un bon cache-cou. Personnellement, je ne pars jamais en forêt l’hiver sans mon pantalon de neige, soit un pantalon de ski, que j’enfile par dessus des leggings. Pour les enfants, c’est l’habillement quotidien, récréation oblige. Autant dire qu’après 4 mois d’hiver, tous les parents du Québec lorgnent avec espoir sur la remontée des températures.

-30 degrés Celsius ce n’est pas si intense

Rapport au premier point, le froid est relatif. Les habits sont faits pour lutter contre le grand froid mais face au froid sec, le corps est finalement relativement résistant. Ainsi, lors de notre premier hiver, nous avons passé le 31 décembre dans un chalet pourvu d’un spa. Pour rejoindre celui-ci, il suffisait d’enfiler son maillot, et de traverser la cour au pas de course pour sauter dans l’eau chaude. Le petit défi supplémentaire ? En cette fin d’année 2013, les températures dans Les Laurentides affichaient -30 degrés. La parfaite température pour affronter l’extérieur en maillot de bain.

Durant l’hiver, les températures ne descendent pas si fréquemment à -30 degrés à Montréal ou dans sa proche banlieue. Mais quand cela arrive, ce n’est pas si intense, ni si difficile. Tant et aussi longtemps que le vent ne se mêle pas de la partie.

La glace est partout

Le secret de l’hiver canadien, c’est d’avoir de bons patins. Avec de telles températures, les lacs et rivières gèlent facilement et les patins sont donc un parfait investissement. La plupart des endroits extérieurs sont gratuits, mais les arenas des petites villes aussi et ça c’est top. La plupart des parcs ont leur patinoire extérieure et même des particuliers relèvent le défi d’en créer une dans leur cour. La glace se forme aussi volontiers sur les routes, et c’est là où ça peut devenir franchement rigolo. Par exemple, notre rue n’est pas déglacée l’hiver et les vents y sont particulièrement actifs. J’ai des souvenirs émus de tentatives plus ou moins réussies pour rejoindre l’autobus au bout de la rue, bras en croix et espoir vif. Depuis, j’ai investi dans des bottes avec crampons.

Avoir un service de déneigement privé est courant

Neige abondante oblige, un bon nombre de résidents, surtout en banlieue des grandes villes, choisissent d’investir dans un service de déneigement privé. Ces armées de déneigeuses miniatures débarquent généralement dès potron-minet pour déneiger les allées des maisons avant que le commun des mortels ne se lève pour aller au bureau. Ils rejettent la neige ainsi ramassée dans les terrains, créant des montagnes de plus en plus hautes à mesure que l’hiver, et ses tempêtes, avance.

Quelques conseils en vrac si vous prévoyez immigrer bientôt au Québec ou si vous êtes là depuis peu :

  • Choisissez vos bottes et manteaux avec soin, ils seront votre quotidien au minimum 4 mois par an, autant ne pas lésiner sur le confort ET le style;
  • Pensez aux bottes de neige pour les pitous, il y a du sel partout sur les routes;
  • Mettez-vous aux sports d’hiver; la saison est longue pour ceux qui ne l’apprécient pas et courte pour les mordus de ski alpin, ski de fond, raquettes, descentes sur tubes et patins;
  • Ne sous-estimez pas le froid, prévoyez des étapes, du chaud, des couches supplémentaires et des balades courtes. On n’a pas la même résistance au froid lorsque l’on est né dans des contrées au climat différent, et ça se sent !
  • Vous n’êtes pas obligé de souscrire un service de déneigement, déneiger quotidiennement remplace volontiers une inscription au gym;
  • Ne vous laissez pas miner par ceux qui disent être tannés de l’hiver, vous avez le droit d’être heureux et émerveillé de voir la neige tomber.

Des activités à faire l’hiver :

  • Du patin, partout, mais notamment au Vieux-Port de Montréal (payant), sur le sentier glacé de Magog (gratuit), à Lac-des-loups (payant) ou encore sur la rivière l’Assomption à Joliette (gratuit);
  • Des raquettes, notamment dans les parcs de la Sépaq qui peuvent même vous louer le matériel;
  • Du ski de fond, qu’il est possible de faire même à Montréal, au Mont-Royal;
  • Du ski alpin – à ce titre, la station de Saint-Bruno est actuellement accessible en autobus, depuis la station Longueuil-Université de Sherbrooke, grâce au skibus;
  • Des descentes en tube, dans les parcs des municipalités (gratuit) ou dans des lieux spécifiquement dessinés pour ça (payants), comme à Piédmont;
  • Des balades avec des chiens de traineaux, dans un endroit respectueux des animaux. Tu peux le faire en traineau ou en ski (ski-joering) si t’as le goût du risque. Bientôt, on va tester Auckaneck, dans les Cantons de l’Est, on vous en redonne des nouvelles !
  • De la pêche blanche, pour ceux qui aiment, est une activité facile et courue. Elle est possible à plein d’endroits, et notamment dans plusieurs parcs de la Sepaq;
  • De la motoneige, dispendieuse mais proprement grisante. J’ai eu la chance d’en faire en Laponie il y a quinze ans et je rêve de faire essayer à mon amoureux. Parmi les endroits qui en proposent, nous avons eu une bonne expérience, pour des activités plus automnales, avec Aventures Plein Air, dans les Laurentides;
  • Et puis enfin, dans le lot des activités plus inédites, j’ai recensé aussi le canot à glace, le canyoning et l’escalade de glace, ou encore le snowkite. La liste complète est à découvrir sur Aventure Québec.

Et vous, c’est quoi LA principale activité qui occupe votre hiver (à part Netflix bien sûr) ?

-Lexie Swing-

Crédit photo : Matthew Henry