Au changement de saison s’est imposée l’urgence du tri des commodes. Si je fais fi du ménage de printemps et des vide-greniers estivaux, je ne peux décemment pas ignorer les piles de pulls qui débordent des commodes l’hiver fini, ni les mains bleuies de mes enfants une fois l’automne installé. Ayant affronté avec commisération la vision des enfants dûment gantés et chapeautés dans la cour d’école il y a quelques jours – tandis que ma propre fille tentait tant bien que mal de retenir sa capuche tout en gardant ses mains au chaud dans les poches de son imperméable – je suis passée à la vitesse supérieure et ait attaqué le rangement des placards à vêtements.
Je déteste trier les commodes. Je ne sais que faire des vêtements trop petits, j’en ai trop pour tous les stocker et oublie fréquemment de les porter à un repreneur quelconque. Je fais des sacs de jolies choses pour les enfants plus petits de mes amis, que j’oublie de leur donner. L’hiver est à l’horizon et les sacs abritent encore des shorts souples et des t-shirts manches courtes. Tempête étant plus grande que sa grande sœur au même âge, et les filles ayant seulement deux ans et demi de différence, je transvase désormais avec une joie non feinte les vêtements d’une commode à l’autre. Restent les affaires hors-saison et tout le trop-petit.
Les piles, finalement, s’ordonnent. Jeans et leggings en deux tas alignés, t-shirts manches longues, jouxtant les t-shirts manches courtes, jupes et robes suspendues dans la penderie et pulls maladroitement pliés. Je savoure un instant ce tableau cubique.
Il ne durera qu’un instant, justement.
Mon tableau cubique est devenu une peinture baroque. Il s’en est suffi d’une journée, et d’un habillage matinal pour que les piles soient retournées. Je suis toujours fascinée par cette facilité déconcertante qu’ont les enfants de jeter un vêtement froissé au milieu d’un tiroir, sans un atermoiement sur l’impossibilité subséquente à trouver un vêtement à porter. «J’ai rien à me mettre», se plaint l’adolescente accro au shopping en lorgnant sur votre porte-monnaie. «Commence par ranger ta commode», ai-je envie de rétorquer.
Cela fait quelques jours à peine, et les tas sont sens dessus dessous. Les culottes prises dans les cols des chandails, les gilets dissimulés sous les pantalons. Le tiroir des chaussettes est une masse informe de cœurs solitaires et ma fille porte avec bonheur des couples dépareillés (mais unanimement rayés, parce que j’achète des amoureux en série).
Le placard de sa petite sœur, pourtant plus récemment trié, n’est d’aucun secours. Si seules les cases les plus basses – pyjamas et sous-vêtements – lui étaient initialement accessibles, son penchant pour les hauteurs, et l’escalade des meubles en tout genre, a eu raison des cases «t-shirts» et «pantalons», qui tombent dans la panière de linge sale en fonction de ses dédains.
Et sinon, est-ce nécessaire d’épiloguer sur les 90% de vêtements de leur garde-robe qu’elles ne porteront jamais parce que «c’est moche», «ça gratte» et «c’est trop serré»?
Bref, je me retiens de tout brûler. Mais je sais qu’il y a parmi vous des ordonnés compulsifs. Alors dites-moi tout : quel est votre secret?
-Lexie Swing-
Plus de dix jours sans publier. Les idées ne manquent pas mais le temps oui, cruellement. Hier il était 5h45 quand je suis sortie de la maison, 22h quand j’y suis revenue, et la pause de midi s’était faite entourée de documents et de collègues armés de questions et de calendriers.