Je suis un peu à la bourre. La faute à nos multiples projets du moment. Il n’empêche que jeudi dernier, comme tous les Canadiens de nom ou d’adoption, je me suis endormie avec en tête les images d’un jeune militaire tué par un homme qui avait des pensées extrémistes. Ça, c’est la version courte. Mais comme c’est aussi la version que la plupart de mes concitoyens et moi-même retiendrons, prenons celle-ci.
Je me suis endormie sur ces images et réveillée avec une vague amertume. Et puis dans la brume matinale – la semaine dernière a eu son lot de pluie battante, on en a pris pour tout l’automne j’espère! – j’ai croisé une ado. Elle portait un slim, des boots et un sac à dos. Une ado comme tous les ados. Sauf qu’elle portait un voile. Elle regardait par terre et je parierais que c’est simplement parce qu’elle est timide. Parce que moi aussi je regardais souvent par terre en marchant dans la rue. N’empêche…. n’empêche j’ai eu un peu pitié. Car d’instinct j’ai su qu’elle, ou sa soeur, ou leurs copines d’école, seraient stigmatisées. Et qu’au moins l’une d’entre elles, ou l’un d’entre eux, serait pointé du doigt, ce jour-là, et tancé d’un « c’est de ta faute ». Comme si son voile était cousu de fils de culpabilité.
On dit que les gens comprennent, que les gens soutiennent, mais c’est faux. Il suffit de voir les regards courroucés et les accusations à peine dissimulées; il suffit de voir des femmes voilées courber l’échine, et leurs maris fuir les regards. Il suffit de voir les grossièretés qui surgissent sur la toile depuis que des Canadiens qui se revendiquaient de l’Islam s’en sont pris à des militaires. Comme s’il suffisait de lire le Coran pour cautionner les pires actions. Comme si moi, je donnais raison à n’importe quel comportement extrémiste lorsqu’il était commis par un Français.
Quand il s’agit de justifier ses actes, on se raccroche à l’idéologie en vogue, au courant de pensée ou à la religion qui fait la une des médias. Il y a 1000 ans, dans la folie des croisades, les extrémistes se disaient catholiques. Et puis il y a plus de 25 siècles de ça, on commettait les pires atrocités au nom de Zeus ou de Jupiter. Même les athées, comme moi, pourraient un jour se voir sacrifiés au nom d’une violence assumée.
Et comment nous identifiera-t-on alors? Serais-je un jour amenée à dire « Non, je ne suis pas cette athée-là » ou plus probablement : « je ne suis pas cette Française-là »? Devrais-je me mettre à nue sur la toile en brandissant un hashtag qui dit combien je me dissocie de cette folie répandue en mon nom? Ou est-il possible que les esprits changent et que le troupeau ne soit plus mis en danger par un loup déguisé en brebis galeuse ? Il ne suffit pas de revendiquer pour appartenir. Et à la communauté musulmane, clairement, ces loups-ci n’appartenaient pas.
-Lexie Swing-
Il faut sûrement du temps aussi. Quand on réagit à chaud, encore dans l’émotion, on n’est pas toujours très logique.
Ah mon humble avis ce n’est pas encore pour demain….. mais on partage le même souhait, c’est déjà ça !!!
La musulmane que je suis te dit MERCI ! 1000 fois <3
Ces choses méritaient d’être dites. Je crois qu’il faut continuer à se battre pour que les mentalités évoluent. Même si les amalgames sont encore trop présents dans notr quotidien de gens qui se prennent pour des « bien pensants ».