Being a feminist

Feminism on the wall./ Photo DR Lexie Swing

Feminism on the wall./ Photo DR Lexie Swing

Les féministes, ce sont toutes des femmes poilues. Avec des seins nus. Parfois elles ont un sein coupé. Ce sont des Amazones. Des guerrières impitoyables. Elles ont les cheveux courts, les féministes. Les idées aussi d’ailleurs. Elles n’en ont qu’une : écraser l’homme à coups de Santiags – définitivement trop fifille, la Louboutin – mais pas avant de lui avoir extirper sa précieuse semence, histoire de perpétuer l’espèce.

J’aime bien cette vision. Elle est un poil néandertalienne mais assez réjouissante. Je n’aime pas trop ça les poils sous les bras et je porte les cheveux longs. J’aime bien les hommes. Pas toujours c’est vrai. Les libidineux ventripotents au rire gras et à la main baladeuse me donnent des accès de violence mais je vis en parfaite harmonie avec les 99% restants et moins voyants de la population masculine.

Je suis féministe. Parce que dans féministe il y a le mot femme. Je ne sais pas comment on peut être une femme et ne pas être féministe. A vrai dire, à moins d’être un parfait idiot, je ne sais pas non plus comment aujourd’hui on peut être un homme et ne pas être féministe. C’est comme si nous menions ensemble une barque avec deux pagaies. Ça fait des siècles que celle de droite est cassée et que l’on tourne en rond autour du nombril d’un groupuscule masculin qui méprise les femmes, certes, mais souvent aussi les autres hommes, ce qu’on oublie parfois. L’homme est devenu misogyne par intérêt et non par conviction. Juste parce que ça éliminait d’office 50% de la population au moment du partage.

Certains. Certaines surtout, pensent que le féminisme, c’est la pagaie de droite qui frappe la pagaie de gauche et va nous faire tous chavirer. Une vision réductrice souvent prônée par celles et ceux qui préfèrent le confort d’un monde déjà défini et bien compartimenté («les femmes s’occupent des enfants, les hommes ramènent de l’argent») à l’incertitude d’une société à déconstruire, et ce même si ça lèse 50% de la population. Le féminisme, c’est cette conviction qui tente de réparer la pagaie cassée pour que l’on arrive enfin à aller droit et à avancer, au lieu de faire du sur place. Sans le féminisme, c’est toute la chaloupe qui menace de prendre l’eau à chaque instant. Ce sont les femmes qui sont laissées en plan, mais aussi de nombreux hommes finalement. Parce qu’ils sont les conjoints de femmes malmenées, dénigrées, discriminées. Parce qu’en raison du fossé salarial de genre, le couple supporte un manque-à-gagner important.

Je suis épatée par toutes ces femmes qui renient le féminisme. Pour moi, c’est comme si elles refusaient l’égalité. Le féminisme est un mouvement prônant l’égalité et l’extension des droits et du rôle des femmes dans la société. Comment est-il possible de désavouer un tel mouvement en tant que femme à moins d’être une courge absolue ?

Je sais qu’elle est la réponse : beaucoup d’entre elles ne se reconnaissent pas dans les porte-paroles les plus visibles du féminisme, ces Amazones des temps modernes parfois vulgaires qui revendiquent des droits à grands coups d’actions fracassantes. Les mouvements, les conceptions, ne sont pas les gens qui s’en déclarent, ils sont ce qu’on en fait. Le féminisme a mille visages. Celui des Amazones, certes, mais aussi celui des femmes engagées, des travailleuses sociales, des politiciennes et des juristes qui travaillent pour lutter légalement contre les discriminations. Il a le visage des parents qui poussent leurs enfants à voir l’autre comme son égal, quel que soit son genre. Le visage des femmes qui creusent leur place dans la société, qui prennent ce qui leur revient de droit, qui refusent de se laisser classifier, enfermer dans un rôle. Il a le visage des femmes au foyer, qui ne travaillent pas par choix et non parce que cela leur a été imposé. Le visage de celles qui ne veulent pas d’enfants et résisteront à la pression sociale, parce que leur désir individuel prévaut sur le désir communautaire. Et bien sûr le visage de tous ceux qui s’identifient comme hommes, et considèrent la femme comme leur égal, en tous points. Comme une collaboratrice. Comme une partenaire. Comme une alliée avec qui pagayer.

Et l’amoureux, relisant l’article, déclarera sûrement, amusé : «Tu parles, te connaissant, je serais seul à ramer!»

Mais c’est parce que, c’est toujours moi qui lit la carte.

#teamswing

-Lexie Swing-

14 réflexions sur “Being a feminist

  1. #jesuisfeministe ! Revendiquer le droit de prendre mes propres décisions, revendiquer le droit de faire mes propres choix, revendiquer le droit de faire des erreurs, revendiquer le droit d’être une femme, simplement.

    Ne pas avoir à demander la permission, ne pas avoir à me justifier, ne pas avoir à quémander, ne pas avoir à suivre une route toute dessinée pour moi, ne pas avoir à subir les humiliations, les préjugés, ne pas avoir à me cacher.

    Comme dirait ma fille : « On joue en harmonie ! ». Voilà.

      • Évidemment, nous avons encore des batailles à faire. Mais, je penses que de manière générale les hommes québécois sont assez « open », même féministe…

        Il est évident que le terme dérange encore certaines femmes, peut-être justement en raison de l’image de la femme Amazone ;-) Mais, le féminisme n’est pas une guerre contre les hommes ou une quête de supériorité sur les hommes. C’est juste une question de droit et de d’équité.

  2. C’est vraiment un sujet qui me tient a cœur, comme toutes les discriminations. Je ne comprends pas ceux qui disent qu’on a plus besoin de se battre contre le racisme, l’homosexualité etc. Le fait que l’on naisse / ai un sexe / un couleur de peau / une sexualité différente de l’autre ne veut pas dire que l’on ne soit pas égal. Nous avons tous le meme potentiel et devrions avoir les memes droits / privileges

    • Moi je ne comprends pas comment à notre époque on peut encore se penser supérieur aux autres en raison de leur âge, leur sexe, leur culture ou leur couleur de peau. Ca me dépasse mais c’est un autre sujet lol

  3. Moi j’ai vraiment du mal à me revendiquer féministe. Pas dans les faits, hein, c’est le terme qui me bloque. Je ne suis pas claire dans ma tête à ce niveau. D’un côté, évidemment que je crois en l’égalité de l’homme et de la femme, et pis au droit de disposer de son corps, à la liberté, etc. Mais, de l’autre, je crois aussi en des différences entre les sexes. Qui dit différences ne dit pas supériorité ou infériorité, hein!

    • Et pourtant le concept originel de féminisme revendique l’égalité et non une supériorité qq conque, c’est un amalgame qui a été fait depuis pas mal d’années

  4. L’image des féministes ne donne pas forcément envie il faut dire…Même si aujourd’hui je peux dire que je le suis, féministe. A 100% pour l’égalité, mais pour l’égalité acquise main dans la main avec les hommes, pour avoir le choix de gérer ma vie comme je l’entends, de prendre les décisions qui me conviennent. Je suis juste contre tous ceux qui rangent les femmes et les êtres humains en général dans des cases bien définies avec interdiction d’en sortir. Pour la liberté et la chance d’avoir le choix.
    Et je dois dire que nous avons encore pas mal de travail à faire de ce côté là. Féministes de tous pays unissons nous!!

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