L’automne tire à sa fin et le week-end nous a gratifié des premières neiges. L’occasion de réfléchir aux derniers mois écoulés, qui ont défilé encore plus vite que d’ordinaire. De la dernière valise rangée, en août, au sapin désormais entreposé dans la cour, il a suffi d’un battement de cil pour que l’été laisse place à l’automne, puis aux prémices de l’hiver, le tout sur fond de télétravail, d’école masquée et autres joyeusetés.
J’ai commencé la course à pied
Je me surprends moi-même mais c’est un fait : je cours désormais de manière régulière. Et par régulière, j’entends « trois fois par semaine ». C’est irréel, quand on sait que j’ai passé la plupart de mes années scolaires a cherché une échappatoire à la corvée que représentaient les cours « d’endurance ». Endurance que je n’ai jamais eue, cela va sans dire. J’étais énergique, généralement volontaire, mais endurante, certainement pas. En juin dernier, j’ai cependant eu pour mission de mettre sur pied, avec une petite équipe, un défi « pas » pour mes collègues de l’époque, soit une centaine de personnes. Me prenant au jeu, je me suis mise à marcher quotidiennement, de plus en plus longtemps, écoutant au passage un nouvel album ou le dernier balado mis en ligne. Juillet est arrivé, le défi était terminé mais je marchais toujours, longtemps et beaucoup. Et puis nous avons retrouvé nos proches, réunis à l’occasion de notre mariage. L’un des sujets rassembleurs, ça a été la course à pied. Beaucoup s’y étaient remis, dans cet élan caractéristique des parents trentenaires qui se sont oubliés et cherchent désormais à retrouver un semblant de dynamisme et quelques minutes quotidiennes de précieuse liberté. Je me suis convaincue que moi aussi, je pouvais le faire. En septembre, mon amoureux, mon mari tout neuf, m’a acheté une montre de sport et j’ai chaussé mes souliers de course. Au bout de la rue, mes poumons m’ont rappelé pourquoi je ne courais pas. Mais j’ai tenu bon, jour après jour. J’ai dépassé l’angle de la rue, le premier bloc, les cinq suivants. J’ai couru jusqu’à l’école, jusqu’au parc, jusqu’au terrain de BMX. 11 semaines après ma première course, j’ai couru 5 km, tellement lentement que j’aurais été plus vite en marchant, mais j’ai couru sans m’arrêter, et c’était déjà un défi. Depuis je me suis équipée davantage, j’ai découvert les premiers frimas, les orteils qui se crispent et les pas précipités sur la chaussée glacée. J’attends avec impatience la neige abondante et la course en sentiers. Je ne parcours toujours pas des tonnes de kilomètres mais je cours trois fois par semaine, et ça, en soi, est déjà un exploit.
J’ai changé de boulot
Dans deux semaines, cela fera 5 ans que j’ai fait évoluer ma carrière en rejoignant le département de recrutement étudiants d’une firme d’avocats d’affaires. Dans deux semaines, cela fera également trois mois que j’ai quitté ce cabinet pour devenir chasseuse de tête dans une agence. Le Québec a ceci de formidable qu’une belle ouverture est souvent laissée aux gens qui souhaitent changer de carrière et que l’on y est conscient, voire friand, des compétences transversales, soit les compétences acquises dans un emploi qui pourraient être utiles dans un nouvel emploi, et ce même si le secteur est complètement différent. Grâce à ces compétences, j’ai une nouvelle fois pu évoluer vers un boulot qui me plait.
Mon équipe est petite (moins de dix personnes), hyper soudée et nous travaillons majoritairement de notre domicile. Deux fois par mois, nous nous retrouvons au bureau pour échanger, luncher, rire, partager, et travailler, bien sûr. L’emphase a été mise sur le matériel top notch (un bureau assis-debout!) et une conciliation travail/vie perso à la pointe de ce qui existe aujourd’hui dans les entreprises.
On est devenus des pros de la revente
Mon chum et moi étions passés maîtres dans l’art de garder le moindre objet. Entre sentimentalisme (lui) et flemme (moi), nous glissions dans des recoins de moins en moins subtils toutes ces choses achetées à la va-vite. Ces jouets à peine utilisés, ces cadeaux bien intentionnés, ces achats faits au rabais d’accessoires dont on était persuadé d’avoir tant besoin. On remplissait le sous-sol, bourrant les placards jusqu’à la gueule, attendant d’avoir l’envie (moi) ou la certitude impérieuse (lui) que le besoin n’était plus là. La pente dangereusement ascendante de notre montant de carte bancaire a fini par avoir raison de nos réticences. Forts des conseils entendus chez les vrais épargnants, nous avons pris la décision de n’acheter de nouveaux objets qu’en pouvant couvrir leur coût avec la vente de leurs prédécesseurs. En un mois, les deux commodes Ikea ont disparu, dégageant au passage un espace considérable dans le salon. Une montre de sport a pris le même chemin, bientôt suivie par plusieurs jeux 2 ans et + pourtant maintes fois ressortis des cartons par des petites mains nostalgiques. Un siège auto et des trucs électroniques attendent désormais leur tour.
Je suis devenue hyper efficace dans le rôle de gestionnaire des annonces, affûtant mon argumentaire et tenant la bride courte aux négociateurs les plus acharnés. Certains joueraient leur vie pour obtenir à 1$ de moins une robe de poupée affichée à 3$. J’ai souvent répondu et puis je me suis lassée, préférant désormais les négociations justes au jeu de poker pernicieux, entre coups d’esbroufe et tentatives de rattrapage.
On vit avec la Covid
La pandémie est toujours présente mais le temps a fait son oeuvre. Récemment, B. m’a demandé : « Tu te rappelles quand on ne pouvait pas sortir le soir ? », et la vérité est que j’avais oublié. Une partie de moi ne réalise plus vraiment non plus que les rassemblements n’avaient pas lieu et que l’on comptait le nombre de personnes à l’entrée des magasins. En passant la porte de la pharmacie ce soir, je me suis souvenue qu’il y a quelques mois encore, une personne se tenait à l’entrée pour distribuer du gel hydroalcoolique et ânonner les consignes de sécurité. Désormais, le gel trône en bonne place et personne n’a plus besoin de se faire répéter les règles élémentaires en temps de pandémie. Nos enfants portent quotidiennement le masque à l’école, il n’y a jamais eu de retour en arrière (ou de pas en avant) à ce sujet depuis la rentrée, et s’ils s’en plaignent parfois, ils semblent tous avoir facilement pris le pli. On ne s’interroge plus non plus sur le fait de porter ou pas notre masque dans un espace clos. Les rares fois où il m’arrive désormais de tomber sur quelqu’un de non masqué, mon cerveau m’envoie systématiquement l’information « c’est marrant, on voyait son sourire ». La vaccination pour les enfants a ouvert cette semaine et semble aller bon train. Est-ce que cela nous sauvera d’éventuelles éclosions en milieu scolaire dans le futur ? Pour avoir été dans une école qui a été un foyer important à un moment donné l’an dernier et fermée pendant plusieurs semaines, nous l’espérons très très fort.
J’espère que de votre côté, vous prenez soin de vous ! Donnez-moi des nouvelles !
-Lexie Swing-