Les filles, leurs défauts et nous

imageMiss Swing se plaint, comme sans cesse. Elle est indécise, mais méticuleuse, parfois trop. Tempête est une tornade, sans peur, qui bouscule, dérange et pique des colères aussi soudaines que brèves.

Elles ont leurs défauts. Et leurs défauts sont bien souvent les nôtres. Il a fallu un peu de recul pour que je m’aperçoive que B. s’était mise à se plaindre lors de ma période un peu down. Alors que je répétais sans cesse « ça ne va pas » et que la complainte du « on est en retard », « rien n’est rangé », « j’en ai marre » reprenait en boucle chaque nouveau matin, ma jolie poupée d’alors 3 ans se faisait mon écho, s’agaçant d’une chaussette mal mise et faisant volontiers le bacon sur le parquet du salon parce que la botte n’était pas lacée comme elle l’aurait souhaité.

Elle est soucieuse du moindre détail, et indécise, comme son père l’est encore parfois. Quand elle reste le nez en l’air, et la vie en suspens, il se reconnaît dans ses rêveries, dans ses absences momentanées.

Nos défauts, ceux qui transparaissent dans le comportement de nos enfants, sont les plus durs à gérer. Ou pas. Peut être que certains trouvent ça facile, se disant « je comprends par ce que je suis pareil ». De notre côté, ça nous renvoie plutôt à nos propres faiblesses, à nos incohérences. Mon sens aigu du bordel ne devient vraiment réel que lorsque l’une des filles laisse un jouet dans un endroit incongru et file vers autre chose. Et rien ne m’agace autant que d’entendre Miss Swing se plaindre d’un bobo de 1 millimètre par 0,5 comme s’il s’agissait d’une blessure de guerre.

J’ai le goût de m’affaler sur le plancher et de me plaindre « cette migraine est insupportable » parce que j’ai mal au sourcil droit depuis un bon dix minutes.

Il faut savoir prendre soin de ses défauts…

-Lexie Swing-

Ton petit titre (ou le Miroir aux alouettes)

imageDans ma vie d’avant, l’année dernière quoi, j’étais journaliste. C’est chouette journaliste. Les tapis rouges, les gens célèbres – Brad Pitt at least, Bruno Solo à tout le moins – les invitations, les déjeuners de presse aux petits oignons, les articles inspirés, les scoops et les récompenses.

Vous vous en doutez, je crois, ou j’espère, ce n’est pas la réalité. C’est la réalité de certains, une poignée, et seulement une part de la réalité. La mienne, c’était : beaucoup de remplissage, des brèves pas folichonnes, des articles sur le loto de Saint-Jean-les-Alouettes, quelques stars inabordables parce qu’accaparées aussitôt par les vieux briscards de la rédaction, des politiques machos, des horaires à rallonge et beaucoup de faits divers pas ragoûtants. Il y avait du bon aussi, des articles où j’ai pu laisser aller ma plume sans qu’on me censure. Mais la raison en était moins l’appréciation de mon bon travail que le fait que l’article n’allait être vu que par une poignée de personnes qui, après avoir lu seulement le titre et la légende, allaient s’en servir comme support pour ramasser les épluchures des patates le dimanche suivant.
J’avais le titre. Journaliste. J’ai même été rédactrice en chef. For real. J’étais pas mal la seule rédactrice en fait, mais ça le titre ne le dit pas.

Car justement, le titre, ça ne dit pas grand chose. Ca ne dit pas que tu te tournes les pouces depuis deux heures faute de travail à accomplir. Ça ne dit pas non plus que tu abats plus de travail à toi seule que les trois bonhommes pour lesquels tu œuvres. Ça ne dit pas que tu écris des discours que d’autres lisent à voix haute. Ça ne dit pas que tu prêtes ta plume à quelque célébrité qui signera l’ouvrage de son seul nom. Ça dit rarement les responsabilités que tu prends et le travail dont tu as la charge. Ça révèle encore plus rarement la vacuité de ton poste, le grand titre pour des prunes, le titre qu’on t’a donné pour te contenter, pour enjoliver l’organigramme et rallonger ta carte de visite…

J’ai découvert le métier d’adjointe en travaillant sur un média qui leur était consacré et je n’ai jamais été autant surprise des tâches qu’elles abattaient, des connaissances qu’elles avaient, de leur méticulosité et de leur professionnalisme, le tout pesant finalement peu face au maigre salaire. Ceux qui les connaissent savent qu’ils ou elles ont réponses à (presque) tout, maîtrisent certains dossiers aussi bien que leurs auteurs, pour les avoir rédigé, amendé et relu mille fois, à défaut de les avoir signé. Ils savent qu’elles sont les gardiens du temps et qu’elles ont toutes les clés. Le tout pour un maigre titre : « adjointe », voire « adjointe exécutive ou de direction » pour les plus cotées. Le bon patron les désignera en disant « ma collaboratrice » quand le mauvais dira, d’un air gourmand et propriétaire, « ma secrétaire ». Mais aucun ne révélera finalement l’étendue de leurs connaissances…

On dit souvent qu’il n’y a pas de sous métier, il y en a d’autant moins qu’on ne sait jamais ce qu’un poste renferme et ce qu’un titre honore.

Laissons leur chance à tous.

-Lexie Swing-

PS j’ai vraiment interviewé Bruno S. ;)

Crédit photo : Tom Hussey

Et que vous soyez heureux…

imageJe pourrais vous souhaiter des voyages, des grossesses, de la richesse, mais ce serait croire qu’il n’y a qu’une seule façon d’être heureux. Et que ce qui me fait rêver moi vous fait rêver vous aussi. Cela voudrait dire que l’on se retrouverait tous en Patagonie un matin de mai et il n’en est pas question!

Chacun de vous souhaite des choses différentes. Peut être même que certains ne savent pas encore ce qui leur ferait du bien, ce qui leur apporterait la paix et la sérénité. A ceux-ci je souhaite de trouver les réponses.
Aux autres, à vous les copains, je souhaite du bonheur. En masse, dans tous les petits moments, et surtout les plus improbables. Je vous souhaite de rire vraiment, et de réussir à garder le sourire même dans le plus gris des quotidiens. Je vous souhaite de juguler le stress quotidien et de retrouver la sérénité.
N’oubliez jamais que nous sommes (plus ou moins) maîtres de la façon dont nous réagissons aux événements qui jalonnent notre vie, à défaut d’en contrôler le cours. Respirons un grand coup, 2017 n’attend que nous. Je vous souhaite une grande année!

À la nôtre!

-Lexie Swing-

Road-trip en famille

imageVendredi nous avons pris la route, direction la Floride! 23h30 de route pour atteindre Venice, près du Golfe du Mexique, où vit mon frère.

On a pensé à l’avion mais rapidement la perspective du road-trip s’est profilée. On a toujours aimé ça, nous, prendre la route. Mais avec deux jeunes enfants? Au premier arrêt, à la pharmacie de notre ville, Miss Swing a demandé si on était arrivé. J’ai dégluti. Lire la suite

Et puis changer de job

workJe n’avais plus le goût d’écrire. C’est parti comme ça, un soir d’été. J’avais quelques chapitres de mon projet de roman de côté, des piges à terminer, des articles de blogue commencés… Et j’ai perdu le fil, l’inspiration. L’ombre a envahi d’autres sphères, teintée de noir chacune de mes heures, rendant les levers difficiles, les matinées brumeuses, les après-midi ennuyeuses et les soirées interminables.

La fille qui vivait en apnée, c’était moi.

Ça m’a pris des mois de tâtonnement pour définir ce que je voulais vraiment faire dans la vie, de ma vie. J’avais fait 8 ans et quelques errements d’études pour sortir par la porte de service? J’avais l’impression de prendre la fuite et la tangente avec. Mais c’est finalement par la grande porte que je suis sortie, la tête haute, le souffle court mais le coeur déterminé.

Il m’a suffi de fermer ce chapitre-là de ma vie pour retrouver la lumière. Ce fut aussi instantané que déconcertant. Le poids est tombé de mes épaules sans bruit et il a disparu.

Ce que je fais désormais n’a rien à voir avec ce que je faisais, ce que j’avais créé pour moi comme vie professionnelle. C’est un monde étranger où tout est à réinventer.

3 ans, c’était assez pour une première fois, pour une première expérience, pour un premier souffle. Il était temps que je le reprenne, mon souffle, et que je saisisse un nouveau tremplin. A quelques jours de Noël, alors que la fête bat déjà son plein, c’est le coeur trépidant que j’ai franchi lundi matin les portes de mon nouveau bureau.

Etait-ce assez, 3 ans? Je trouvais que mon expérience avait acquis l’étape de la maturité, de l’âge adulte. Mes compétences étaient transférables alors j’ai joué mon joker pour rejoindre un métier nouveau et une vie différente. Je suis née dans un monde où tout cela ne faisait pas partie du domaine des possibles. Passer du journalisme à la communication était déjà en soi considéré comme une traîtrise absolue. Mais le Canada n’est pas la France. Et j’ignore s’il existe encore un rêve américain, mais il existe peut-être bien encore un rêve canadien, où il est encore permis de croire que le diplôme ne fait pas la vie professionnelle et que les compétences accumulées valorisent un bon CV.

On devrait tous avoir la chance de casser la routine et de changer de perspective, de rêver un peu grand et de briser le moule. De s’octroyer le droit de croire que l’on est un peu plus qu’un ingénieur, qu’un communicant, qu’un prof, qu’un avocat. Qu’on est un professionnel, avec son gros bagage et sa capacité d’apprentissage. Qu’on ne deviendra pas chirurgien demain, mais qu’on peut au moins essayer.

Un jour, dans six mois, un an, je vous raconterai. Je vous dirai la description de poste qui matchait à 99% avec la liste du poste idéal que j’avais griffonné sur une page blanche. Je vous dirai le coup de poker et l’atout abattu pour décrocher cet emploi qui ne m’attendait pas. Je vous confierai les mois d’incertitude et les multiples phases de la reconstruction. Je vous conterai mon coeur qui bat et mon esprit qui rigole nerveusement lorsque je suis une conversation en franglais, et mon impression de vivre enfin pour de vrai une job québécoise.

Je vous avouerai si j’ai fait le bon choix, si la lumière a demeuré ou si elle continue à vaciller, au gré de mes incertitudes.

Je peux cependant vous ouvrir un peu du recul que j’ai pris : on ne vit bien qu’en avançant, qu’en prenant des risques. Si les minutes à s’interroger sur le bien fondé de son cheminement professionnel prennent le pas sur le temps passé à apprécier son travail quotidien, alors le moment est venu de se demander, vraiment : je veux faire quoi, demain?

-Lexie Swing-, back in the game

 

Ce chien qu’elle aime d’amour

chien et enfantIl vient me chercher, embêté. Me tourne autour, jetant des œillades à sa gamelle assaillie. Elle tente de lui insérer les croquettes une à une, en soulevant une babine. Il ne sait pas comment éviter les dix petits doigts qui grouillent dans sa nourriture. Alors je chasse Tempête, l’intéresse à un autre jouet, mais elle revient toujours, et il ne dit plus rien. Il lui doit beaucoup ceci dit. Elle est celle qui n’oublie jamais une caresse, celle qui lui donne à manger matin et soir, empoignant sa gamelle et tirant, du haut de ses 15 mois, le paquet de croquettes du fond du placard. Elle est aussi celle qui l’escalade pour atteindre les coussins du canapé alors qu’il est assoupi devant. Celle qui lui écarquille la paupière et soulève les oreilles lorsqu’il ne se méfie pas.

Je le croyais indifférent. Il avait toujours été indifférent. Je me souviens du jour où nous avons ramené Miss Swing à la maison et que nous avons posé tout excités le cosy au milieu du salon.

Il ne lui a pas accordé un regard. Il ne l’a jamais fait, lui faisant payer, je le crois désormais, sa présence, alors qu’il avait eu jusqu’ici la place royale de l’enfant unique. Je croyais qu’il n’aimait pas les enfants, et puis il a rencontré Tempête. Tempête l’intrépide qui a fait de sa fourrure un coussin confortable, qui a appris à son contact comment caresser doucement et nourrir à la main, même s’il y a laissé quelques poils…

Elle lui a redonné vie, quelque part, lui qui semblait toujours s’ennuyer dans sa tranquille existence. Elle lui a donné chaud. Ils sont souvent tous les trois, avec Miss Swing,  affalés par terre. Nous passons l’aspirateur trois fois par jour tant l’un d’eux – je ne nommerai personne – perd ses poils. Mais Tempête m’a rappelé pourquoi c’était lui, pourquoi je l’aimais tant. Car au-delà du gros chien tannant maladroit comme dans un jeu de quilles, insortable et couineur, il est ce chien exceptionnel de gentillesse, qui se laisse attraper les dents et tirer les oreilles, qui sert de banc et de poney, qui jette des coups d’œil suppliants lors qu’il se retrouve agrippé sans jamais chercher à se dégager.

J’ai fait l’addition de ses qualités récemment et pris la mesure de sa présence. Je ne l’aurais jamais échangé contre un autre, amoureux des grands espaces mais qu’il m’aurait fallu surveiller à l’intérieur comme le lait sur le feu. Ces deux-là sont heureux, le reste attendra.

-Lexie Swing-

Les jours fériés

imageOn s’est levés un peu tard, un peu signifiant qu’il ne faisait plus nuit noire. C’est un jour particulier, pour nous c’est un jour férié. On a déposé les filles à la garderie, sans dire que sous nos habits et nos cheveux défaits, nous portions encore nos vêtements de la nuit. C’est qu’aujourd’hui, le temps ralentit. Nous avons choisi de traîner un peu, de prendre des bains trop longs et un brunch au milieu de la journée. Nous magasinerons tandis que les autres travaillent et nous testerons tous les fauteuils, sans rencontrer personne.
Nous rentrerons avant les premiers bouchons, érigerons un gâteau digne de ce nom, et lorsque le jour commencera à baisser, nous reprendrons le chemin de la garderie. Nous aurons le temps de nous attarder, puisque le temps s’est arrêté. Nous ferons le chemin à pas lent, au rythme des enfants. Sans minutes à compter, sans menace à proférer ou de main à tirer, pour aller un peu plus vite, toujours.

Chaque année, pour nous, le 26 octobre est un jour férié. Joyeux anniversaire mon amour!

-Lexie Swing-

Brèves d’automne

autumn-1072827_640Des tas de choses me passent par la tête, des choses dont je voudrais parfois vous parler mais qui ne méritent pas vraiment un article. Ce sont des sites internet croisés au détour d’une soirée à légumer devant l’ordinateur. Des recettes pas compliquées ou des idées décos. Des projets réalisés et d’autres qu’on rêverait d’achever. Des films, des bouquins…  Sur le principe du Bits and Bobs d’Hélène, j’ai décidé de vous créer un medley saisonnier. Attention, ici point de logique, juste des feuilles d’automne ramassées au hasard.

Un film : Sully, de Clint Eastwood

Sully

On a eu une soirée de libre. What? You? Parents? Et oui! Incroyable! Profitant de cette pause, nous avons filé un soir de semaine à 21h au ciné de Saint-Bruno pour s’asseoir dans une salle où nous étions COMPLÈTEMENT seuls. Je sais, c’est trop romantique. On s’est assis confortablement au dernier rang tout au milieu pour profiter de notre – désormais – projection privée : le film Sully, petit dernier de Clint Eastwood. Les 20 premières minutes, 30 peut-être, j’ai trouvé le temps long. Je me suis retournée plusieurs fois vers Mr Swing en me demandant si nous n’allions pas finir par nous en aller. Un comble pour un Eastwood. C’est peut-être ça, justement, qui nous a fait rester. Et le fait que le film était porté par son acteur principal : Tom Hanks. L’histoire est celle de cette actu de janvier 2009 : un pilote de l’American Airlines, fraîchement décollé de LaGuardia, aéroport de NY, se pose en catastrophe sur l’Hudson River. Alors qu’il est porté en héros par le peuple américain, le bureau des enquêtes l’interroge sans relâche pour savoir pourquoi il n’est pas retourné à l’aéroport, faisant le choix d’un amerrissage dans lequel auraient pu périr l’ensemble des passagers. Ce qui est étonnant c’est que je me souviens parfaitement de la photo de l’avion posé sur l’eau qui avait fait la une de nos journaux en France, rubrique «  photo d’actu ». Mais nous n’avions rien su, ou presque, de la controverse que cet atterrissage héroïque avait pu amener dans son sillage. Alors voilà, au bout de trente minutes, le rythme s’est accéléré, l’enquête aussi. On est revenu dans le moment, les faits, la prise de décision, les passagers qui s’agitent, les pilotes qui s’aperçoivent des moteurs qui lâchent, et l’Hudson River, droit devant. Mon moment hot du film : quand les hôtesses scandent sans relâche : « Position de sécurité, tête sur les genoux, position de sécurité, tête sur les genoux» (ou quelque chose du genre) et la rivière Hudson qui se rapproche à toute allure.

Une découverte Twitter : Xploding Unicorn

exploding unicorn

Ça fait quelque temps déjà que je suis Exploding Unicorn, les tribulations d’un Américain papa de … 4 filles âgées de 6 à 1 ans. Il les cite, revient sur ses constatations à titre de peur et ses désillusions, avec énormément d’humour. Comme le laisse deviner la capture ci-dessus. Pour le suivre, c’est ici. Et il a aussi un compte Facebook, un Instagram, un site web et que sais-je encore.

Un livre pour enfants : les p’tites poules

ptitespoules

Il est arrivé soigneusement empaqueté un jour, comme ça, brut, juste à découvrir. C’était le livre préféré du moment de ma belle filleule de cœur et de sa petite sœur. Mon beau-père, qui avait été désigné durant son séjour pour lire l’histoire du soir, le connaît désormais par cœur. (Un peu trop?). Dans notre cas, nous avions les 4 premiers tomes regroupés, mais je sais qu’ils existent sous forme individuelle. Ce qui m’a plu (et à Beau-Papa aussi), c’est la double lecture : pendant que B. suit Pitikok, ou son fils Carmelito, et l’ami Bellino (il y a beaucoup d’animaux dans ce livre), nous rigolons de voir une poule tomber sur Christophe Colomb ou découvrir les étoiles avec « le vieux monsieur qui regarde le ciel dans son tuyau machin chouette » (Galilée). Les auteurs jouent avec les expressions comme « quand les poules auront des dents » et la petite sœur de Carmelito n’a rien d’une poule mouillée. Je l’a-dore. Et B. aussi, au point qu’on se fait une histoire complète chaque soir désormais. Un site web est consacré à la collection ici.

Une création : une bouillotte sèche

bouillotte seche

J’ai deux mains gauches, je vous l’ai déjà dit? Par contre j’ai une imagination débordante et j’adore faire des choses de mes mains. Le résultat est rarement à l’image de ce que je voyais dans ma tête, cela me prend donc un peu plus de temps que les autres pour venir à bout de mes créations. J’adore notamment coudre, j’avais appris enfant et me suis rééquipée récemment d’une machine à coudre. Pour la shower d’une amie, en plus du cadeau principal, j’ai réalisé une petite bouillotte sèche en forme de cœur. À l’intérieur, un drap en coton découpé en cœur, cousu endroit contre endroit, retourné, gonflé de graines de lin (astuce entonnoir : une petite bouteille d’eau vide coupée pas trop loin du goulot) et recousu dans le bon sens pour limiter les chances que des graines s’échappent (pour éviter de coudre sur les graines, tenez les à distance en piquant tout au long du cœur avec des épingles). C’est la partie qui pourra aller au micro-ondes, il faut donc une matière qui ne brule pas, comme du coton ou du lin. Pour l’extérieur, j’ai un tissu poilu et un tissu avec des motifs. J’ai réalisé une encoche pour pouvoir glisser le sac vert dedans. Et voilà :)

Et de votre côté, quelles sont vos découvertes d’automne?

-Lexie Swing-

Changements de voies et carrières wow

Dans mon métier, j’ai la chance de croiser, rencontrer et interviewer des gens bardés de diplômes aux parcours souvent incroyables. Il y a les profils types, un bacc (équivalent d’une licence), parfois une spécialisation et hop sur le cheval du boulot. Et puis ceux qui ont pris quelques chemins de traverse pour arriver où ils en sont maintenant, le tout en ficelant bien serré un package de compétences comme seul le Canada sait le valoriser.

Succès - carrièreMes préféré(e)s : ces femmes restauratrices anciennes sportives de haut niveau, ces fleuristes ex-partenaires d’affaires dans une banque de renom, ces juges anciennes professeures et ces instit’ ex-recherchiste pour des émissions de télé gros budget ou chargée de communication dans de grosses boites parisiennes (clins d’œil à mes copines ici).

J’aime ces femmes qui ont réussi à prendre des virages aussi improbables et physiquement dangereux que la trajectoire de leur Cessna le laissait supposer. Qui piquent du nez, et rétablissent l’altitude, qui prennent une accélération soudaine pour effectuer un looping parfait à la barbe des « je t’avais bien dit que … » et des non moins courants « quand on a un CDI on le garde ».

Il y a quelques jours j’ai décroché mon téléphone pour ce qui devait être une courte entrevue. Récompense au mérite, félicitations pour la belle carrière. J’ai peu d’infos, le web est muet et LinkedIn sourd à mes supplications.

Elle répond, enjouée. Elle me dit que oui, elle est contente quand même, elle trouve qu’elle a eu une belle carrière jusqu’ici. On ne se doute pas forcément de la portée de ce qu’on fait, quand on est dedans, ajoute-t-elle. C’est une ancienne directrice de club de sport, devenue avocate de haut vol. Qui a mis au monde 4 enfants, entre le début de son droit, et son assermentation.

Il y a cette autre, une femme, découverte sur Châtelaine. Qui a lâché le monde de la banque pour devenir fleuriste. Et tous ceux à qui je parle au quotidien, qui ont deux ou trois bacc, qui sont d’anciens sportifs, qui ont été chefs d’entreprise, qui font du bénévolat en plus de leur shift de juriste de 70h semaine. Ces gens inspirants, ces femmes qui soulignent toujours, avec de l’exaspération même parfois, qu’elles ont des enfants oui, mais qu’ils ont un papa.

Ces gens pour qui le temps semble sans limite et qui repoussent l’impossible aux confins du réel. Quand je les écoute, quand ils me racontent, je comprends qu’ils n’ont jamais entendu parler de voie tracée, qu’ils ont fait fi des prédictions, qu’ils ne croient pas aux certitudes.

Que la vie n’est qu’un poney de bois qui attend qu’on l’anime. Quelques cennes suffiront, et le reste suivra.

-Lexie Swing-

Le temps de l’insouciance

TrinquerBecky G. Vous connaissez? À la faveur d’une lecture aléatoire de clips sur Youtube, je tombe sur un air que je connais et un rythme entraînant. Une chanson entendue à la radio, captée entre deux annonces dans les grands magasins. Curieuse, j’affiche l’onglet de ma vidéo. Et je déconfis.

Elle a douze ans. Environ. (19 en fait, j’ai vérifié).

Je chantonne un air scandé par un bébé à l’aube de sa vie. Une minette en chandail à bedaine qui mime le grand amour sur fond de piscine et de fête alcoolisée. Pis ça m’agace.

Je regarde la vidéo et j’envie un peu cette insouciance. Je me demande si on en a profité. Profité comme ça. Si on a suffisamment pris la mesure de ce que cela signifiait, grandir, vieillir. On voulait déjà le grand amour, les responsabilités, le premier chèque de paie, la première facture. On débattait politique avec des arguments nés dans la bouche de nos parents, en versant dans nos gorges suffisamment des cocktails de pisang ambon ou de manzana pour oublier qu’on avait pas encore 20 ans. On riait d’avoir encore le temps, autant de temps.

30 ans, ce n’est pas assez grand pour observer la vingtaine avec sérénité. On la regarde avec beaucoup de suffisance, un poil de condescendance et certainement une grosse bâche d’envie. On la regarde avec incrédulité aussi, en découvrant que de bons acteurs de films, les chanteurs en vue du moment et les sportifs les plus médaillés, sont désormais nés bien après nous.

Et puis on se souvient, de la tristesse en filigrane, de l’incompréhension, des hormones qui jouent les troubles-fêtes et des relations sociales difficiles. On se souvient des amours vaines, des amitiés qui s’éparpillent, des trahisons et de l’angoisse latente de finir seul. Pas ses jours, mais sa récréation ou son repas de midi. Et on garde de ces années une vague appréhension à l’idée de dîner seul au restaurant entre deux rendez-vous.

On regarde alors avec plus d’attention. Les corps au bord des piscines et les verres de cocktails qui s’entrechoquent. Et l’on entend que certains rires sonnent faux, que certaines postures sont étudiées, que l’acceptation de soi viendra plus tard.

Et que l’insouciance, quelque part, c’est nous qui l’avons. L’insouciance d’être nous-mêmes. Nous ne nous devons qu’à nous-mêmes, nous n’avons plus de compte à rendre à une mère qui attend le sommeil fébrile que l’on passe la porte de la maison ou à un père à l’affût de bonnes notes ou de bons résultats. Nous savons mieux ce que nous valons. Nos corps sont épuisés mais nous les connaissons par coeur. Nous disons plus haut et plus fort ce que nous pensons. Nous avons appris à nous en foutre, à laisser tomber, à accepter, à compter sur nous et sur nous uniquement. Nous vivons toujours la peur au ventre. Nous sommes désormais ces parents qui attendent l’oreille aux aguets toute la nuit durant. Ces adultes qui craignent pour leur emploi, leurs impôts ou les dégâts dans leur maison.

Mais lorsque nos verres s’entrechoquent, ils le font sans arrière-pensée. Ils n’ont plus rien à prouver. Ils n’ont plus qu’à nous faire profiter.

Et ce n’est plus du pisang ambon dégueulasse.

-Lexie Swing-