
./ Photo proposée par Paul Townsend
Anne-Marie. Julie-Justine. Alexandre-Charles. Ils ont 25. 30. 35 ans. Ce sont les « jeunes » de ma génération. Les trentenaires québécois. En France, nous nous appelons Sophie, Julien, Nicolas, quand nos grands frères et sœurs s’appelaient plutôt Delphine, Sabine, Sylvie ou Sébastien. Les prénoms composés n’avaient guère droit de cité, réservés à des générations plus anciennes et formés souvent sur le même mode : Jean tiret quelque chose. Marie tiret tout ce que tu veux. Pierre. Anne. Le choix était réduit et la fantaisie vue d’un mauvais œil. J’ai grandi entouré de mères ou grands-mères qui s’appelaient Marie-Pierre et de paternels prénommés Jean-Michel. Ou Pierre-Louis.
Les filles de ma génération sont plurielles et souvent composées. En France elles s’appelaient Julie. Ici, elles s’appellent souvent Véronique. Ce qui est plutôt drôle car Véronique s’est arrêtée aux frontières françaises des prénoms bien avant 1970.
Au Québec, les prénoms composés continuent d’affluer. Charles-Olivier. Sarah-May. Amy-Olivia. Louis-Maxime. La composition sonne parfois farfelue à mes oreilles habituées à de la tradition bien ancrée : Anne ou Jean sinon rien.
Souvent, je balbutie. « Charles-Alexandre »? « Euh non, Alexandre-Charles »… J’ai l’air stupide. Je souris. Je me repens. Rassure-toi, demain je confondrai encore.
Filles de ma génération, comment avez-vous vécu vos prénoms? Est-ce aisé de porter un prénom composé ? Le raccourcit-on? Récolte-t-on un surnom?
J’aime ces prénoms qui voguent, délimitant les générations, s’inscrivant dans les traditions. Ils sont mes repères, les balises de mon passé. Entre 80 et 90, tu t’appelleras Anne-Andrée.
Andrée-Anne, Lex, je t’ai dit que je m’appelais Andrée-Anne.
Mais ça ne s’écrit pas Andréanne?
Va dire ça à ma mère …
-Lexie Swing-