Alors qu’il y a suspicion de Covid-19 à la garderie, notre fille cadette est de retour à la maison. Depuis juin, nous avions en effet repris une vie plus normale, en tout cas plus facile : nous déposions notre fille aînée à un camp de tennis pour la matinée, notre deuxième fille à la garderie pour la journée, et nous retournions travailler de la maison. Le lunch se faisait en trio, avec le retour de B., et l’après-midi se passait globalement agréablement, avec les avantages que représente le fait d’avoir désormais une fille aînée de 7 ans et demi qui sait en partie s’occuper seule (surtout avec #pandacraft).
Ces deux derniers jours sonnent donc comme un retour en arrière. Il faut jongler entre les demandes des enfants, et celles du travail, entre les cris et les appels, entre le goûter et la visio-conf’ quotidienne, etc.
Malgré tout, après tous ces mois de slow-life, à vivre beaucoup tous les quatre, je ne peux que remarquer tout ce que cette parenthèse a eu de positif :
– J’ai eu le temps… de prendre le temps! Lorsque je termine à 16h30, je m’engouffre dans le train, rejoint ma ville, saute dans ma voiture, fais un crochet par la garderie, roule jusqu’à l’école, m’arrête à la boulangerie, sors les chiens, etc. Avec tout ça, je peux espérer déposer mon sac et mon manteau vers 18h. Or, depuis quelques mois, lorsque je termine à 16h30, je ferme mon ordinateur et … c’est terminé! Les filles sortent juste du goûter, les chiens ont été promenés plus tôt, la boulangerie a été visitée dans la matinée. 16h30, c’est généralement le temps où je lance « Mettez vos sandales, on va faire un tour au parc » (à la piscine, aux jeux d’eaux, en vélo, chez le glacier, etc.). La vie est moins rythmée, et on en profite!
– Les filles se sont rapprochées. Quand ta soeur est le seul compagnon de jeu pendant trois mois, le choix est mince : soit ça s’entend, soit ça s’étripe! Si elles se sont souvent étripées, elles ont finalement aussi appris à jouer ensemble.
– J’ai beaucoup marché. Je conduis B. au camp de tennis à pied, je sors les chiens trois fois par jour, on rejoint les amis au parc, etc. Alors que Tempête sautillait devant moi sur le chemin du retour, après avoir déposé sa soeur au tennis, la réalité m’a sauté aux yeux : il fut un temps – et ce temps reviendra – où l’on jetait nos enfants au devant de tout, du camp, de l’école, de la garderie, de la playdate chez les amis. Jamais à l’heure, toujours en vitesse. Cela fait quelques mois que je n’ai plus vécu cette sensation, et elle ne me manque pas!
– J’ai découvert les gens que je côtoie sous un autre jour. Quand vous prenez des cours virtuels, que vous vous entretenez avec vos collègues alors que tout le monde travaille de la maison, ou que vous vous rendez au domicile de votre coiffeuse parce qu’elle a renoncé au bail de son local pour un temps, vous découvrez les gens différemment, sans costume, quoi que cela puisse signifier selon le contexte. Ça entraîne des discussions différentes et j’adore ça!
– J’ai profité de ma terrasse (neuve mais pas finie). Mon chum blague souvent sur le fait que je ne sors jamais dans le jardin, et c’est vrai. Rester dans la cour à ne rien faire, très peu pour moi. Désormais, je prends mes pauses sur la terrasse, je dévore quelques pages d’un bouquin allongée sur le transat ou je sirote un café les fesses vissées aux lames à peine posées, en regardant les geais bleus qui ont fait leur nid dans l’arbre au dessus de moi.
– J’ai passé du temps avec mon amoureux. Puisque nous travaillons désormais tous les deux de la maison, c’est lui désormais le collègue que je croise à la machine à café (et il en boit beaucoup). La bonne nouvelle, c’est qu’on s’entend bien (et en plus, on ne travaille pas au même étage).
– J’ai lu plus de livres en quatre mois que durant les 12 qui ont précédé. Je retrouve cette boulimie de lecture que j’ai connu enfant, quand je lisais partout, tout le temps, et surtout jusqu’à tard dans la nuit.
Et vous, ça vous a apporté quoi, cette drôle d’époque?
– Lexie Swing-
P.S. À l’heure où je publie – enfin – ces lignes, la suspicion est écartée et la môme de retour à la garderie!
Par la grâce d’une faille spatio-temporelle, nous voici de retour en semaine 12 du confinement après avoir joué les absents en semaine 8, 9, 10 et 11. Il faut savoir qu’en semaine 8, alors que l’Europe et les régions (québécoises) amorçaient leur déconfinement, nous restions royalement empêtrés dans notre propre réalité. Faute d’amélioration probante, le Grand Montréal – dont nous faisons partie, en tant qu’habitants de la Rive-Sud de Montréal – a choisi de repousser d’éventuelles réouvertures, qu’il s’agisse de magasins ou d’écoles. Courant mai, nous avons appris que l’école resterait fermée jusqu’en septembre et devant les mesures d’hygiène et de ratio annoncées, nos camps d’été – ceux auxquels nous étions inscrits – ont annoncé l’un après l’autre leur annulation. Les garderies ont dû elles aussi repousser leurs ouvertures.
Six semaines d’écoulées. Mon chum se demandait justement combien de semaines nous avions déjà passées ainsi confinés… Deux de plus et nous aurons fait l’équivalent des grandes vacances. Si l’on m’avait dit un jour que je travaillerais à la maison, tout en faisant des leçons et en proposant des activités à mes enfants, le tout en restant principalement chez moi, durant deux mois (et plus), j’aurais ri. Le cauchemar s’est avéré réalité et finalement il n’était pas si pire que ça.
Cinquième semaine et ils sont encore 4! Personne n’a été éliminé! Les votes du public sont unanimes et nous sommes dus pour rester. Impossible de savoir combien de temps cela durera, c’est le jeu le plus long de l’histoire de la télé.
Je commence à me demander de combien de semaines sera fait ce journal… S’arrêtera-t-on à 9? À 11? Verra-t-on le soleil baigner les fenêtres d’une chaude lumière d’été sans possibilité de courir se rafraîchir au parc? Ma belle-mère pourra-t-elle venir passer quelques semaines chez nous en juillet? B. voyagera-t-elle vers la France? Mes parents seront-ils présents fin août pour la rentrée en maternelle de Tempête?
Cette semaine-ci a été bien meilleure que la précédente, on sent qu’on commence à prendre le rythme. La patience va fluctuante – en témoigne notre retour précipité dans la maison en fin d’après-midi alors que je glissais à mon conjoint « je les rentre maintenant parce que je commence à avoir quelques pensées criminelles ». Notre sortie au jardin avait débuté sous les meilleurs auspices – un ciel bleu azur – mais c’était sans compter la Chouineuse, notre numéro 1, qui avait décidé que rien n’allait, ni le poids du ballon, ni le panier de basket improvisé, ni la boue du jardin (ils étaient, dans l’ordre, « trop lourd, trop facile, trop collante »). Après une remise aux ordres (« je compte jusqu’à 3, si tu te plains encore, tu rentres dans ta chambre et t’y passes l’après-midi » – l’éducation bienveillante à son meilleur), tout aurait pu s’arranger. Mais la Casse-Pieds, notre numéro 2, en avait décidé autrement. Elle a ainsi choisi de laisser libre-court à sa nature d’enquiquineuse en chef en volant le ballon de sa soeur, renversant le panier improvisé et s’étalant dans la boue. En résumé, « une douce après-midi de printemps », comme le décrirait une influenceuse sur Instagram. Et encore, je n’en ai que deux, des enfants. Les parents d’enfants nombreux devraient être sanctifiés…
Le confinement se poursuit. Même si ici, au Québec, il n’est toujours pas acté comme tel, mais plutôt comme une forte incitation à rester à son domicile. Les accès à de nombreux magasins sont devenus restrictifs, on se lave les mains à des lavabos temporaires à l’entrée des supermarchés et les caissiers sont désormais protégés par des parois en plexiglass. Le monde continue de tourner, lentement, mais sans certitude aucune quant au moment où la vie reprendra son cours normal.
Humeur : bonne. Miraculeusement bonne. Qui aurait crû que de ne plus être pris dans une course effrénée consistant à jeter ses enfants à l’école puis à courir jusqu’au boulot nous apporterait l’apaisement nécessaire. Hein? Qui l’aurait crû?