Débattre avec un 4ansetdemi

J’ai une 4ansetdemi à la maison. Pas 4 hein, 4ansetdemi. Attention, elle vous a à l’œil.

C’est un âge incroyable 4ansetdemi. Le langage est en train de passer au rang d’art et les calembours font tranquillement leur entrée dans la vie quotidienne.

« Où est le pain? »

⁃ (4ansetdemi triomphante) Je l’ai mangé!

⁃ Quoi? Non! C’était pour le repas. Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi!? Tu es punie! Je te jure que…

⁃ (La mine défaite) Mais c’était une joke! Comme toi quand tu dis que tu as mangé tout le gâteau au chocolat et que je râle parce que j’en voulais, et que tu dis que c’est pas grave et que j’en aurais la prochaine fois, et que je crie parce que…

(Nous avons une vie riche…)

4ansetdemi est aussi l’âge des premières injustices ressenties, et des premières fois… Celles où ils appuient sur la pédale de culpabilité parentale avant toi (alors qu’on sait déjà tellement bien la manier nous mêmes).

⁃ Où sont les crêpes?

⁃ Là, dans le sac, j’en ai achetées.

⁃ Non, elles sont pas bonnes celles-là. Tu avais dit que tu en ferai!

⁃ Je n’ai pas eu le temps chérie.

⁃ Mais on est samedi!

⁃ Je sais.

⁃ Le samedi on fait TOUJOURS des crêpes.

⁃ Je sais, c’est pour ça que j’en ai achetées.

⁃ Mais j’aime pas c’est pas des vrais, tu avais dit que tu en ferais!

⁃ Mais je n’ai pas pu chérie je te dis! J’ai eu trop de choses à faire, je n’ai pas pu les faire.

⁃ Mais c’est toi qui a dit « ne t’inquiète pas je te ferai des crêpes demain », c’est pas moi! C’est toi qui a dit ça, pourquoi tu l’as dit si tu ne le pensais pas?

Le diable porte des baskets taille 10. Non je plaisante, le diable est dans les détails, bien sûr. Et c’est ainsi que le moindre détail, le moindre mot mal soupesé, la moindre réaction malvenue peut se retourner immédiatement contre vous.

(Lundi)

⁃ Maman tu m’as arrosée !

⁃ Désolée chérie, j’ai échappé le jet!

⁃ Oui mais mes chaussettes sont toutes mouillées, et le bas de mon pantalon aussi, Et le sol, et…

⁃ Oh ça va, ce n’est pas grave chérie, tu peux en rire aussi!

(Jeudi)

⁃ B.! Tu te moques de moi?! Je suis trempée! Complètement trempée !

⁃ Mais j’ai échappé le jet je suis désolée maman!

⁃ J’espère bien que tu es désolée ! Vraiment! Regarde comment je suis maintenant! Et mes chaussettes! Et mon pantalon ?!

⁃ POURQUOI MOI JE DEVAIS EN RIRE QUAND TU M’AS ARROSÉE ET TOI LÀ TU NE RIS PAS ??? TU ES MÉCHANTE DE CRIER J’AI DE LA PEINE.

CQFD. Le 4ansetdemi a le raisonnement souple et pointu. Exercé. Affûté comme un silex du mésolithique. Rien ne tombe jamais dans l’oreille d’un sourd. Chaque parole malheureuse est analysé et rangé dans la case « à jeter à la figure de mon parent lorsqu’il aura le tort de me refuser un troisième chocolat de Noël ». Méfiez-vous (mais soyez admiratifs quand même, tous ces raisonnements laissent pantois).

En parlant de chocolats de Noël, et après avoir militairement fait le compte à rebours des dodos avant le grand jour de l’ouverture de la case numéro 1 des calendriers kinders (oui « des » = deux enfants = deux calendriers kinders)… j’ai oublié de les leur donner ce matin. Normal.

Bon premier week-end de décembre !

-Lexie Swing-

Peut-on leur apprendre à être des sœurs qui s’aiment ?

Avec mon amie A., une question nous taraude depuis longtemps : qu’est-ce qui pourrait faire de nos filles des sœurs qui s’entendent? Comprenez-moi : nous avons chacune un frère. Mais nous avons eu chacune deux filles. Quatre filles à nous deux (oui on est assez fières), mais pas une grande connaissance du sujet.

Des sœurs, j’en ai connues de toutes sortes : certaines avec quatre années de différence et qui étaient comme des jumelles, d’autres avec seulement un an et qui se détestaient. D’autres qui s’étaient détestées enfants, et s’adoraient adultes, et puis des sœurs qui s’étaient adorées enfants mais que la vie d’adulte, ou une banale dispute, avait fini par éloigner.

Pour mon amie A., la tendance a vite montré une grande sœur prompte à s’occuper de sa petite sœur, et une petite sœur en amour avec sa grande sœur. Mais au jeu de l’amour fraternel, la donne a été plus hasardeuse de mon côté. B. a d’abord contemplé sa petite sœur tout juste née avec l’étonnement des enfants de deux ans et demi. Elle s’en est occupée comme le ferait n’importe quel enfant qui aime les poupées : en lui arrachant ses chaussettes et en demandant à lui donner le biberon.

Et puis Tempête a eu six mois et la jalousie a sonné la fin de la paix. Durant plus d’un an, nous avons donc essuyé les cris, les coups, les mots-pas-très-jolis, les trêves aussi. Les moments de complicité étaient comme autant de phares au milieu de l’orage. Les photos en sont la preuve. Mais elles ne disent pas la fatigue, l’exaspération, et le sentiment d’impuissance qui habitaient nos jours.

À l’aube des deux ans de vie commune, le vent a pourtant commencé à tourner, tranquillement. Le ciel est clair désormais, et il s’assombrit de moins en moins longtemps. Quelques «je ne t’aime plus, plus jamais, pour toujours» crèvent parfois le silence, mais ils disparaissent rapidement derrière un nouveau jeu, un grand fou-rire.

L’âge joue un rôle aussi. Et si les 2 ans et demi ont laissé la place aux 3 ans, puis aux 4 ans bien tassés, ils ont aussi transformé le bébé tout neuf en une petite fille énergique de deux ans et demi, qui ponctue volontiers sa colère de claques sonores. The tide is turning.

Mais au fil de l’eau, chacune apprend son rôle. Et ma B., tranquillement, prend sur ses épaules sa place de grande sœur. Je m’en suis rendue compte hier, lorsque sa petite sœur, les mains prises par une voiture et une brosse à dents, s’est tournée vers elle, désespérée, pour lui demander de retirer sa sucette à sa place (pourquoi n’a-t-elle pas posé sa voiture pour le faire… voyons ami parent vous savez bien que PLUTÔT TOMBER QUE D’ABANDONNER SON JOUET!). Et ma grande de se brosser alors les dents, l’anneau de la sucette glissée sur l’annulaire, attendant tranquillement que cette étape de la routine soit terminée pour lui plugger de nouveau son précieux dans la bouche.

Cette même grande qui organise chaque matin les vêtements de sa petite sœur et l’aide à repérer le nœud sur la culotte ou le bouton sur le devant du pantalon pour lui montrer comment mettre ses affaires dans le bon sens. Qui lui enfile ses mitaines. Qui lui apprend à dessiner. Qui lui prend la main chaque matin pour entrer dans la grande salle de la garderie.

Est-ce que cela sera pour autant gage d’une bonne entente? Impossible à dire. Chaque jour je m’interroge. Que dire? Que ne pas dire, surtout? Comment, en tant que parents, pouvons-nous influencer leur entente? Et à quel point peut-on agir malgré leur personnalité propre?

Mes filles seront-elles de ces adultes pour qui leur sœur est tout, une amie autant qu’un membre de la famille, une personne à qui l’on confie tout, la tante préférée de ses enfants? Ou bien s’éloigneront-elles tranquillement? Nous reprocheront-elles de ne pas en avoir fait assez? Peut-on en faire trop? Quels souvenirs heureux garderont-elles de leur enfance à deux?

J’ai pleinement conscience que l’océan sera changeant, tout au long du voyage. Qu’il y aura des périodes de bonheur et d’entente, et des âges où elles se déchireront. Mais si les bases sont solides, je suis persuadée qu’un jour, elles pourront compter l’une sur l’autre.

Alors dans cette idée, j’ai lu des articles, des textes dédiés. Et si comme moi vous vous êtes déjà interrogés, voici ce que j’en ai tiré :

Les disputes sont inévitables, elles font même partie de la construction de la relation. Pour les gérer harmonieusement en tant que parent il faut :

– Éviter de vous poser en arbitre. Le plus possible, laissez-les régler leurs conflits eux-mêmes. S’ils sont petits, vous pouvez par contre agir comme un médiateur, en proposant des pistes de résolution.

– Les encourager à parler de leurs (res)sentiments

– Ne pas les comparer. Vous pouvez mentionner à votre enfant que son comportement n’était pas respectueux, sans ajouter «ta sœur, elle, au moins…» C’est une mention totalement inutile qui n’a jamais aidé un enfant à améliorer son comportement mais qui, on le sait par contre, peut avoir des conséquences au long cours en termes de jalousie et de mésentente fraternelle.

– Prêcher par l’exemple en évitant les conflits ouverts avec son conjoint, et leur expliquer comment résoudre un conflit (se calmer, mettre des mots sur son ressenti et sur le problème, tenter de trouver une solution ensemble…)

Au quotidien, il existe également des comportements simples à adopter pour limiter les disputes, principalement lorsqu’elles sont occasionnées par la jalousie :

– Être juste. Il est tentant au départ d’incriminer toujours l’aîné, ou plus tard l’enfant qui est le plus difficile, mais laissez-leur le bénéfice du doute. Qui prend part à une dispute ou une bagarre, qu’il en soit l’initiateur ou non, doit accepter sa part de responsabilité.

– Passer du temps avec vos enfants de façon individuelle. Un chocolat chaud avec l’un, un jeu avec l’autre. C’est reposant pour le parent et cela permet de nouer des relations plus équilibrées au sein de la structure familiale.

– Leur faire faire des activités différentes. S’ils vont ensemble à la garderie, ou se voit beaucoup à l’école, privilégiez des activités séparées. Ne les obligez pas non plus à avoir les mêmes amis, ou n’obligez pas l’aîné à se coltiner son cadet alors que ses amis sont là. Chacun a le droit d’avoir son espace, ses amis, sa bulle. Il est important aussi qu’ils aient chacun un domaine, une activité, un art, qui leur est propre et dans lequel ils ne peuvent être comparé à leur frère ou à leur sœur.

– Faire du team building. Mettre la table à deux (ou plus), s’occuper des animaux, dessiner à quatre mains… Il existe des tas de possibilités au quotidien pour développer l’entraide entre ses enfants. Et pensez à le faire dans les deux sens. Le plus petit a aussi certainement de la ressource pour aider son aîné!

– Aider chacun à trouver sa place. La place est déterminante dans une fratrie. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas possible de l’accepter et de composer avec. Si vous respectez leurs personnalités et que vous avez conscience que vous-même, en tant que parent, vous vous comportez différemment avec vos enfants en raison de leur place dans la fratrie, alors vous aurez déjà fait une partie du chemin…

Maintenant, racontez-moi, comment vous entendez-vous avec vos frères et sœurs? Qu’est-ce qui a été selon vous, déterminant? Qu’est-ce que vos parents ont fait de bien, par rapport à votre fratrie? Et qu’auraient-ils pu faire un peu mieux?

 

-Lexie Swing-

Crédit photo : Lexie Swing

 

Sur ce sujet :

Canalvie

Fourchette et Bikini 

Le JDM

 

Terrible two (le retour)

Je l’avais sous le coude, ce fameux article. Celui qui allait vous raconter comment le fucking four avait perdu de sa vigueur et comment la tranquillité était revenue chez nous. Les rires étaient joyeux, la politesse usuelle et les petits oiseaux n’étaient pas loin de nouer deux trois noeuds dans les cheveux parfaitement peignés de mes filles.

Mais ça c’était avant. Avant que le terrible two, dont j’avais oublié l’existence, concentrée que j’étais sur sa version updatée, le fucking four, s’invite chez nous. Je ne l’avais pas convié, ce trublion là. La dernière fois qu’il est entré chez nous, il avait promis de repartir dans les six mois. Résultat il est resté deux ans et demi, mutant avec une constance métrononique et respectant avec soin les étapes « comme dans les livres ». Les crises, le non, les réponses, l’impolitesse, les cris, la frustration, les geignements, les cris d’animaux, les geignements encore, les plaintes continuelles, la mauvaise foi… 

Voici donc Tempête, son ami Terrible Two sous le bras, qu’elle étreint comme une vieille peluche dont je suis déjà tannée. Elle respecte même les codes à la lettre, elle qui fait pourtant toujours fi des consignes.

Le Non

– Viens Chérie mettre ton manteau.
– Non.

– Viens mettre ton manteau.

– Non.

– Je te donnerais un bonbon

– Donne bonbon.

– Mets le manteau d’abord 

– Non, bonbon

– Manteau d’abord

– Bonbooon (se roule par terre) 

Double échec: l’enfant fait maintenant une crise pour avoir un bonbon et le manteau est devenu hors sujet.

Les coups

– Tempête arrête de taper ta sœur
– …

– Tempête si tu tapes encore ta sœur, tu descends du chariot.

– … (pire : l’enfant rit)

– Tu descends du chariot et tu marches puisque tu tapes 

– (On met le plan à exécution, l’enfant se laisse tomber sur le sol boueux comme une vieille poupée de chiffon).

– Tempête, marche

– …

– Tempête ?

Le plan échoue. Vous avez 15 mètres d’avance, l’enfant est toujours allongé dans les feuilles du chemin. Il regarde la vieille dame dans sa cour qui vous regarde, vous, avec cet air que seules les vieilles dames savent prendre pour vous faire comprendre à 15 mètres de distance que vous êtes un parent indigne. Vous rebroussez chemin pour récupérer votre progéniture hilare, faites un sourire à la vieille dame pour excuser une faute que vous n’avez pas commise et vous tapez deux kilomètres avec 13 kilos remuant sous le bras gauche et votre dignité sous le talon droit.

Le tout fout l’camp

– Tempête, viens mettre ton manteau (bis)
– …

– Où vas-tu?

– …

– Chérie, Tempête est vers toi?

– Oui, elle vient de récupérer l’iPad.

– Pourquoi?

– Elle demande Pat’patrouille. Je lui mets ?

– NoOOon, j’ai demandé à ce qu’elle mette son manteau.

– Tempête, va voir papa pour mettre ton manteau.

– …

– Elle dit quoi?

– Elle dit qu’elle veut Pat’Patrouille

Vous demandez noir ou blanc, elle rétorque « biberon moi, chocolat! ». Vous évoquez le dodo, elle s’installe devant un puzzle. Vous l’appelez pour le bain, elle disparaît dans son tipi. Vous interdisez les bonbons (l’Halloween, toussa…) et vous la retrouvez attablée devant sa boite de Smarties vidée avec soin. L’enfant de deux ans, c’est la surdité sélective à son meilleur. Parce que quand je murmure chocolat, la dernière syllabe n’a même pas le temps de sortir de ma bouche que j’ai un chien fou qui bondit sur mes genoux, le regard torve et les mains baladeuses. Sélective je vous dis.

Le bacon

Celui là je l’adore, il est parfait et toujours opportun. Il est la représentation parfaite du Terrible Two: un enfant de deux ans pitché par terre, morveux et plein de larmes accusatrices, dont les pieds continuent à fendre l’air tandis que vous le soulevez dans une tentative vaine de calmer le jeu. Au deuxième, on relativise et on enjambe la poupée qui dit non dans un entrechat digne des plus grands ballets. On fait mine de ne pas voir les poils du chien collés au chandail, la coulure de nez jusqu’aux sourcils et le lunatisme tout enfantin. On s’assoie avec un soupçon de fainéantise sur le sofa et on annonce : « Qui c’est qui veut jouer au loto? Je parie que c’est maman qui gagne ». L’ambition trouble des enfants de deux ans et ce sens inné de la compétition fera le reste.

-Lexie Swing-

Photos : StockSnap

Réflexions post-Halloween

Pour la toute première fois, mes filles et moi sommes allées récolter des bonbons. Elles en avaient déjà eu à la garderie, j’aurais pu sans problème «oublier» encore une fois cette année et dire que j’y penserai l’année prochaine, mais mon amie D. a ri quand j’ai commencé à suggérer que j’allais repousser. Parce que j’avais déjà fait de même l’an dernier, bien sûr… Alors j’ai interrogé l’une de mes collègues, pour connaître les hot-spots de ma ville (clairement pas ma rue, toute désignée pour être un quartier fantôme tant les gens se terraient hier soir pour ne surtout pas avoir à donner des bonbons, nous y compris!).
À la sortie de la garderie, avec l’esprit tranquillisé par l’idée que mon souper était déjà prêt (team «je prépare tous mes repas la fin de semaine»), j’ai chargé mes enfants dans la voiture et j’ai roulé jusqu’au quartier pressenti. La rue dans laquelle je me suis engagée était bien décorée, à la dixième maison invitante je me suis donc garée. J’ai vidé les sacs de bonbons déjà bourrés par la garderie sur le plancher de l’auto et j’ai embarqué mon petit monde dans sa première tournée des maisons (qui a dit «des bars»?). Je m’étais renseignée avant sur ce qu’il fallait dire, ça parait évident comme ça mais je ne voulais pas passer pour la fille qui ne connaît l’Halloween qu’à travers les séries américaines. Exit Trick or Treat, nous avons clamé «Joyeux Halloween» dès que la porte s’est ouverte. Enfin moi surtout parce que ma grande avait déjà la main dans la poche à bonbons et ma petite tentait de repousser les jambes de la dame pour entrer chez elle. J’ai des enfants bien élevés. Après une petite remise en ordre, et aux ordres («on n’entre pas chez les gens», «on dit vous et pas tu», «on ne se sert pas, on attend qu’on vous donne», «on ne réclame pas des bonbons supplémentaires») on a pu continuer notre chemin, sous le regard admiratif de mes filles qui n’en revenaient pas qu’il suffise de taper à une porte pour obtenir des bonbons.

Hansel et Gretel ont donc couru en tous sens dans la rue animée, poussant chaque fois plus loin leur exploration, agrémentée de «oh regarde une autre maison avec une citrouille là-bas» à chaque fois que je sous-entendais vouloir rejoindre la voiture. Dix fourberies du genre plus tard, j’ai finalement obtenu gain de cause. Les sacs ne fermaient plus et mes poches étaient pleines. Ma grande fille a quand même suggéré de vider une nouvelle fois les sacs dans la voiture et j’ai décidé d’ignorer cette tentative sournoise de continuer la soirée (mais de qui tient-elle ces idées?!).

C’était un joli moment, je ne peux qu’en convenir. J’ai aimé les rues animées, les décorations soignées et la gentillesse des hôtes. Les familles entières et les groupes d’amis hilares. Les portes qui s’ouvraient sur de jeunes parents et de tout petits bébés adorablement déguisés. J’ai aimé notre butin, la répartition, la possibilité de dire «ok tu as le droit de manger une sucette avant le souper», parce que c’était une journée si spéciale.

J’ai été surprise par ailleurs de constater que tant d’amis en France avaient eu l’occasion de parcourir eux aussi les rues avec leurs enfants et que l’Halloween était également fêté dans certaines écoles, dans les garderies ou dans les centres aérés. Je pense que j’avais une quinzaine d’années lorsque les premières festivités en la matière sont arrivées en France, mais j’ai souvenir également qu’elles sont vite tombées à l’eau, taxées d’américanisme. On ne voyait pas vraiment l’intérêt de cette fête dont on ne comprenait pas l’origine, la culture et la tradition. Quand je suis partie en 2013, je n’ai pas plus le souvenir de quelque chose d’aussi tangible que ce que j’ai pu voir dans certaines photos. Une chose m’a marquée par contre (et réciproquement si j’en crois certains commentaires de mes amis) : nos déguisements de l’Halloween sont bien plus gentillets que ceux de la France. Ici, dans la rue, j’ai croisé des sorcières oui, mais aussi et surtout des pompiers, des chiens de la Pat’Patrouille, des docteurs, des policiers, des super-héros, des hot-dogs, des animaux en masse, des dinosaures et beaucoup de licornes. Sur les photos de la famille et des amis en France : des masques terrifiants, des maquillages superbes mais épeurants, des sorcières et sorciers, des fantômes, des vampires… Notre Halloween est en fait votre Carnaval, les bonbons en plus et les crêpes en moins.

Sur une autre note, j’ai aimé aussi cette photo que j’ai partagée hier de la famille du Premier Ministre. Justin Trudeau y est déguisé en Clark Kent/Superman, mais ce sont ses deux plus jeunes enfants qui ont attiré mon regard : sa fille, arborant la tenue de Wonder Woman. Son plus jeune fils, déguisé en Skye, la chienne Skye, celle-là même qui est tout de rose vêtue dans Pat’ Patrouille. Car on pourra avoir tous les messages positifs du monde sur la discrimination par le genre et l’importance de respecter les enfants quels que soient leurs choix et leurs envies, il n’y a que les actes qui peuvent donner du poids aux mots. Que l’on aime ou pas ce premier ministre là, cette famille-là, n’enlève ni n’ajoute au fait qu’ils sont des personnes publiques, qui ont envoyé hier un message fort aux enfants de demain, et aux parents qui les accompagnent.

 -Lexie Swing-

Crédit photos : Lexie Swing

« Il s’adaptera de toute façon »

Sainte-Irénée, CharlevoixHier midi, ma prof racontait comment, lors de son jogging, elle était allée à la rencontre des lieux qui avaient ponctué sa vie jusqu’à 20 ans : son école primaire, son école secondaire, l’appartement où elle vivait enfant, le premier qu’elle a loué seule… Elle a voyagé à travers le monde et vécu dans au moins un autre pays, mais les principaux lieux de sa jeunesse, son ancrage, tiennent dans quelques kilomètres carrés. À l’inverse, les deux autres personnes présentes, un autre étudiant et moi, serions incapable d’un tel «voyage». Nos jambes n’y suffiraient pas. Une voiture oui, et plusieurs journées devant nous. Nous avons vécu deux enfances fort différentes, mais elles se ressemblent sur un point : celles-ci ont été ponctuées de maisons et de déménagements. Pas au point des enfants de militaires ou des enfants de parents «Michelin» qui changeaient de pays au rythme des mutations parentales, mais beaucoup plus que certains des amis que nous avons croisés dans nos vies, qui ont ouvert les yeux sur un monde dont les coordonnées topographiques n’ont que peu changé.

Les enfants sont adaptables. Tout le monde le sait, tout le monde vous le dira. Il y a des exceptions cependant, et je garde en mémoire cette personne que j’aime beaucoup et qui regrette l’immigration de ses parents depuis 50 ans. 50 ans oui. Mais les enfants sont adaptables. Est-ce pour autant dire que c’est une chance, pour un enfant, de déménager souvent?

Enfant moi-même, je ne me posais pas vraiment la question. Je suis aussi la résultante de ces changements. Serais-je pire ou meilleure aujourd’hui si je n’avais pas changé plusieurs fois de villes, de maisons et d’habitudes? Seul un univers parallèle pourrait éventuellement y répondre. Serais-je à cet endroit dans ma vie? Non, probablement pas. Je ne crois pas aux destinées. Je crois que notre entourage, notre environnement et la vie quotidienne nous façonnent. Parfois on s’extirpe de son milieu, de sa bourgade, pour filer ventre-à-terre découvrir ce que le monde a à nous offrir. Parfois on voyage toute son enfance et l’on jette l’ancre sitôt la majorité atteinte pour ne plus jamais bouger. Et les gens se désolent : «S’enterrer ainsi, alors que ses parents lui avaient tant fait voir le monde». Je le répète, on est la résultante de ce que l’on a vécu. Quelle que soit l’équation. Nombre de déménagements + nombre d’écoles connues × nombre de jours où l’on a été surnommé «le nouveau» = envie de ne plus jamais bouger.

À l’inverse, un enfant qui aura beaucoup voyagé aura peut-être aussi «la piqûre du voyage». Une fille croisée un jour durant mes études, fille de voyageurs au long cours, m’avait ainsi expliqué se sentir incapable de se poser quelque part. Elle ne se sentait chez elle qu’en «transit». Un drôle de sentiment.

Pour revenir à mon interrogation initiale, car il y en avait une, je me suis souvent demandée, depuis que je suis mère, quel serait le mieux pour mes enfants. J’ai toujours aimé changer, déménager. Immigrer a été pour moi une chance, mais en tant que personne individuelle, et aussi en tant que couple, je rêve d’en voir encore et toujours plus. Parlez-moi de Boston, de Toronto, des Prairies, même de Charlevoix, de Sherbrooke, de la Nouvelle-Zélande, des pays nordiques… Je vous dirais que j’ai déjà regardé chacun de ces endroits, chacun de ces pays, pour savoir quel genre de travail on pouvait y trouver et comment y était la vie. Nous nous sommes déjà demandés si nous serions heureux ailleurs. Mais le nous a grandi.

Je n’ai aucun impératif professionnel. Mon conjoint non plus. Nous n’avons plus d’excuses. Nous pouvons parfaitement nous épanouir professionnellement à Montréal, et nous en avons d’ailleurs le souhait. Pour la première fois depuis que j’ai commencé ma vie d’adulte, je suis arrivée quelque part avec le sentiment d’avoir atteint un but, une ligne d’arrivée. Nous avons seulement toujours eu cet appétit insatiable de voir encore plus, de voir ailleurs. En bons représentants de notre génération, le monde n’est qu’une succession de stations dans un train lancé à grande vitesse.

Mais mes enfants? Les voyages forment la jeunesse, certes. Mais je ne suis pas certaine que les déménagements soient nécessaires, soient obligatoires, pour former une jeunesse équilibrée et sûre d’elle. Déménager, changer d’école et de ville, voire de pays, rend adaptable. Les plus sociables accroissent cette capacité, tandis que les plus timides se renferment. Chez certains, l’adaptabilité frôle l’invisibilité. Ils se fondent dans la masse sans laisser de traces. Puisque de toute façon on les oubliera.

Je crois que j’aimerais ça, que les repères de mes enfants puissent se concentrer sur quelques kilomètres carrés. Au moins sur une partie de leurs vies. Qu’elles évoluent, sûres d’elles, dans un monde qu’elles connaissent et maîtrisent, pour laisser toute la place au reste. Qu’elles n’aient pas à se soucier de se faire connaître. Que leurs racines bien plantées leur apportent le nécessaire, pour qu’elles n’aient à gérer que le superflu.

Je crois que j’aimerais ça oui, puisque c’est aussi pour ça que je suis venue ici. Dans l’idée de leur offrir quelque chose de spécial, une chance particulière, un endroit que nous avions choisi pour y faire notre nid. Elles seront libres plus tard de choisir où faire le leur.

La réflexion demeure…

Et de votre côté? Comment avez-vous grandi? Et qu’avez-vous choisi?

-Lexie Swing-

Crédit photo : Lexie Swing (quand je la vois courir ainsi j’ai toujours la musique de La Petite Maison dans la Prairie dans la tête).

Ta petite routine

Tout le monde sait ça : un enfant a besoin de routine. Surtout quand il est petit. Surtout quand un magnet mal collé ou une tuque mal mise peuvent provoquer une crise de bacon de deux heures trente. Et gare à vous si vous pensiez que vous pouviez mettre la chaussette gauche avant la droite. C’est droite-gauche sinon rien. Méfiez-vous. Je dis ça pour vous.
Alors on créé des routines, on les illustre, on les encadre au masking tape. Les plus chevronnés sortent leur inventivité et leur plastiqueuse, avec petites fenêtres à velcro et couleurs en fonction des saisons. C’est beau comme un aperçu Pinterest, mais infaisable pour mes deux mains. Chez nous, le tableau est dessiné a mano. Il me prend l’équivalent de deux épisodes de Friends from College pour le rendre compréhensible, mais il fonctionne.

Reste que, la routine m’angoisse. Si elle rassure parfaitement ma progéniture adorée, elle me file des hauts le cœur dès 16h sonnées. Le matin, elle se fait discrète. Nous sommes en retard, les gestes sont automatiques, l’esprit n’a guère le temps de faire un autre compte que 7h00+deux brossages de dents, deux leggings, deux pipis et un rappel parce qu’il restait quelques gouttes = train manqué.

Mais le soir… Le décourage me gagne tout à fait juste après le repas. Quand je m’avachis sur une chaise pour la première fois de la soirée, après avoir fait 12 squats durant le souper pour nettoyer chaque chute d’aliments-c’est-pas-ma-faute-maman et 3 lancers de yogourts par-dessus le comptoir. La table is a mess. Le lave-vaisselle doit être vidé avant d’être rechargé. Et la routine me rappelle son insolente mécanique : le bain, les dents, le pipi, le pyjama, l’histoire, les rappels. Avec les maladies de l’automne, elle devient carrément vicieuse, ajoutant son lot d’antibios, de combo hydrasens-crise de nerfs, de crèmes pour peaux sèches, de vicks sur la poitrine et de pschitt sur l’oreiller.

A l’image des routines bien huilées, mes enfants aiment les livres bien usés et les relectures en série. Le Noël de Splat est en tête du top depuis 10 semaines consécutives, détronant ainsi Le Loup qui voulait voir le monde. Du côté de la plus jeune, nous avons une préférence marquée pour les rimes et les animaux. Trois livres sortent ainsi du lot. Trois livres que nous lisons donc chaque soir. Les yeux fermés et la mémoire auditive à son meilleur.

Après vient le temps de débarrasser tout à fait, de préparer les lunchs du lendemain, le souper du prochain soir, de lancer la sécheuse, d’étendre le linge qui a tourné et de nettoyer quelques petites choses pour éviter le grand ménage du samedi matin.

Il est 21h quand on se retrouve sur le canapé du salon. On évoque les finances, les travaux, on s’émeut des expressions de notre plus grande et des progrès de notre cadette, on se partage les infos du monde et les infos de notre petit monde, on commente, on s’étreint, et puis on lance un épisode, un film qui n’ira pas jusqu’au bout, car mon amoureux se sera endormi longtemps avant la fin.

Le secouer doucement. Éteindre la télé. Sortir le chien. Réfrigérer le souper du lendemain désormais refroidi. Improviser sa propre routine. Et puis dormir, avant que tout recommence.

Parfois je dois freiner mon esprit qui galope, ressassant sans cesse (pas facile à dire) les tâches à venir comme une ritournelle infernale. Heureusement, la routine apporte aussi son lot de moments doux, qu’on ne raterait pour rien au monde. Le chemin vers la garderie et les visages que l’on cherche dans la foule d’enfants. Le premier baiser.  La petite main dans la nôtre, en allant vers la voiture. Les mots d’enfants qui se bousculent. Le repas qui attend. Le souper tous ensemble. Le dernier baiser (même si on sait qu’il y aura des rappels). Et le silence, juste après. 

-Lexie Swing- 

Apprendre la propreté : expériences et conseils

Il y a quelques semaines, alors qu’elle venait de fêter ses 23 mois, nous avons retiré les couches de Tempête pour lui mettre des « culoc » taille 2 ans. C’était le deuxième essai que nous faisions. Le premier datait de deux semaines auparavant et s’était soldé par deux accidents pipis dans la matinée. Inutile d’insister, avions-nous alors jugé. Mais le nouvel essai, à 23 mois, fut le bon. Miss Swing, elle, était propre à 21 mois. Mes filles ont été propres tôt ? Certainement ! Rapidement ? Pas vraiment non.

Depuis que je suis maman, j’ai lu beaucoup de choses sur la propreté. Les principales idées étaient qu’il fallait aller au rythme de l’enfant, et attendre qu’il soit prêt. À côté de cela, des parents ont fait le choix de ne jamais mettre de couches et d’apprendre à repérer les signes annonciateurs d’une envie d’aller faire pipi ou à la selle. Soit. Mais moi je suis plutôt un parent lambda.

J’avais surtout gardé en tête la pression exercée sur les tout-petits, en France, pour qu’ils soient propres avant l’entrée en maternelle, à 3 ans. Coincés entre les recommandations des médecins et les obligations de l’école, les parents se retrouvaient l’été précédent la rentrée, armés de lingettes, pots, adaptateurs et serpillères, avec un objectif précis à obtenir sur un délai court.

Très peu pour moi! Moi, comme mère, je suis longue à la détente. Je suis comme les enfants, j’ai besoin d’adaptation. Alors j’ai voulu prendre mon temps.

Comment on a fait : Quand nous étions enfants, il était plutôt courant d’être mis sur le pot très tôt, à partir de moment où l’enfant savait s’asseoir. Le prix des couches, les langes à laver pour ceux qui en utilisaient, faisaient certainement partie des motivations principales. De notre côté, nos deux filles ont commencé à découvrir le pot à 15 mois. Il trônait là, dans la salle de bains. Au début, elles s’y asseyaient si elles en avaient l’envie. Vers 16-17 mois, on a commencé à leur proposer tous les soirs, puis tous les matins aussi. A 18 mois, elles faisaient systématiquement des pipis lorsqu’elles s’asseyaient. Très vite  ont suivi les selles. Vers 19-20 mois, nous avons demandé un relais à la garderie, afin qu’elles prennent l’habitude de nouvelles toilettes. A 21 mois, B. était propre. À 22 mois, parce qu’elle demandait désormais systématiquement à aller à la toilette, nous avons mis des culottes à Tempête. Ce fut un échec, sur lequel nous ne nous sommes pas appesantis. Nous avons recommencé trois jours après ses 23 mois, avec succès. 

Quelques conseils : Mes filles ont été propres tôt, c’est un fait. Mais ce n’est pas le cas de tous les enfants, chacun son rythme! Certains s’assoient avec plaisir sur le pot, d’autres ne jurent que par l’adaptateur et d’autres ne voudront juste pas en entendre parler au début. Le seul conseil qui prévaut, selon moi, est de prendre son temps et de faire les choses avec un peu de constance.

Bien qu’il s’agisse d’une façon de faire très usitée, je n’aime pas l’idée de se donner un temps déterminé pour « réussir ». Une semaine en été, on enlève les couches et on fait découvrir le pot, je trouve ça un peu intense. Si la machine est déjà bien enclenchée, que le pot a été intégré à une routine, il y a de fortes chances de succès. Mais si le pot est une totale découverte et que l’on n’a jamais tenté de faire repérer à l’enfant ses envies de pipi et de selles, bonjour la galère, sans parler du possible refus de l’enfant, de l’opposition qui surgit souvent à cet âge, etc. Faites-moi confiance, le temps est un allié précieux.

Trouvez un pot confortable, quelques livres plaisants sur le sujet (oubliez Petit Ours et son trip « je mange sur le pot pis j’amène mon précieux à Maman en le transportant jusqu’au bout de l’appartement ») et en voiture Simone! Donnez-vous du temps, ne vous comparez à personne et surtout ne vous mettez pas la pression. Ainsi vous n’en mettrez pas non plus à votre enfant. On devient tous propres un jour ou l’autre, et votre enfant découvrira bientôt qu’une culotte ou un slip propre offre plus de confort ou de liberté qu’une grosse couche souillée.

Et si c’est un cadet, faites jouer à votre aîné le rôle d’exemple! Rien n’a été plus efficace que d’inciter E. à imiter sa soeur. Elle voulait tout faire comme elle : manger sur une vraie chaise, boire dans un vrai verre, faire du vélo. Les toilettes en sont un autre exemple, et le pot, que sa soeur n’utilise plus depuis longtemps, a d’ailleurs été relégué dans le garde-robe, au profit d’un pipi en équilibre sur le bord de la cuvette, une compétence acquise bien plus tard pour Miss Swing qui adorait le confort du pot et de l’adaptateur.

Bons produits/achats : Un gros pot confortable et facile à nettoyer (Babybjorn represent!), un adaptateur tout aussi confortable, et un adaptateur de voyage (parfois le seul moyen pour que l’enfant se décide à faire ailleurs que chez lui). Une protection de toilettes jetable comme celle d’Oxybul ou un Potty Cover, et un gel nettoyant pour les mains seront aussi parfaitement utiles. Mon amie m’a également prêtée une protection imperméable de siège auto, un peu comme celle-ci, qui nous enlève du stress quand on fait de longs voyages en voiture.

Et vous, quelle est votre expérience avec la propreté? Et vos produits phares?

-Lexie Swing-

Le temps des fêtes 

Août est un mois chargé en célébrations chez nous. Outre le fait que mes neveux sont nés ce mois-ci, ainsi qu’une petite fille qui m’est très proche, nous enchaînons également en quelques jours notre anniversaire de rencontre, celui de l’arrivée de mon amoureux au Canada, l’anniversaire de naissance de notre cadette, ainsi que celui de l’arrivée de ma grande, du chien et de moi-même dans notre patrie d’adoption.
Août est un beau mois, il nous réussit certainement. Depuis dix ans désormais, nous célébrons donc chaque année notre rencontre, du moins nos retrouvailles si l’on tient compte du fait que l’on se connaît depuis l’adolescence. Nous avons tenté de nous souvenir de chacun de nos anniversaires, puisque nous les fêtons, mais sans succès! Il y a comme un creux aux alentours des années 2011 et 2012, une incertitude. Quand avez-nous mangé dans ce restaurant sur Saint-Laurent? Est-ce pour notre anniversaire que l’on s’est offert ce voyage? Impossible d’avoir la timeline parfaite. Le temps a fait son œuvre et effacé nos repères, à défaut de notre sentiment d’avoir, malgré tout, réussi. Puisque cela fait dix ans et que l’on débat toujours avec autant de plaisirs, que l’on rit, que l’on échange, et que l’on se choisirait encore certainement, pour une première danse. Bien sûr, les défauts sont devenus plus pesants, et l’habitude a parfois pris le pas sur le plaisir de la découverte. Le fait d’avoir des enfants a fait naître aussi, l’envie plus pressante d’être seul(e). Chez soi, et surtout dans sa tête. Quand les enfants se taisent, on n’a plus autant envie qu’autrefois de relancer une discussion et l’on apprécie la quiétude du silence, fut-il partagé à deux. Mais on a appris aussi à nommer cette évidence, à souligner les incohérences, souvent au prix d’éclats de voix, histoire d’éviter d’autres éclats, au niveau du cœur. Et c’est ça aussi, dix ans. L’âge de sagesse (bientôt la préadolescence! À nous les emportements hormonaux, les boutons pis les cellulaires au forfait bloqué!)

4 ans également passés ici, au Québec. 4 ans de rebondissements, de changements, de joie, de tristesse aussi, mais 4 ans passés dans la plus complète certitude : ici, c’est chez nous. Le Canada n’est pas un eldorado mais il est indubitablement notre petit paradis terrestre. Ses gens bien sûr, mais aussi ses perspectives, sa beauté inégalable, sa richesse, ses surprises, ses associations alimentaires, ses initiatives à destination des enfants et la manière dont la famille est valorisée, sa tolérance, son climat lunatique, sa faune étonnante, et surtout ce sentiment qu’il me procure de n’être jamais complètement arrivé chez moi. Comme si ma vie, depuis 4 ans, était un perpétuel voyage en terre inconnue.

Et puis deux ans d’elle, mon amour. Deux ans que tu ris aux éclats, que tu grimaces, que tu nous enchante. Un an bientôt que tu marches, que tu grimpes, que tu cours, que tu sautes, que tu grimpes encore, et toujours plus haut, que tu fais la sourde oreille, que tu fais des câlins, que tu parles désormais, que tu chantes «Maman les p’tits bateaux» même si tu ne te rappelles jamais de la partie avec le gros nigaud. Tu es mon soleil E. Je t’aime tellement.

-Lexie Swing-

 

 

 

 

FaceTime family

FaceTime expat enfantsQuand j’étais enfant, mes grands-parents appelaient chaque mardi, le soir venu. «Que fais-tu cette semaine?» et « C’est tout ce que tu me racontes?» étaient probablement des questions rituelles. Avec les années, mon envie de leur confier mon quotidien a connu quelques avaries, mais la constance de leur appel, elle, a demeuré.

C’est avec la quasi même constance que nous appelons les grands-parents de nos filles, chaque semaine. Il y a quelques oublis et des semaines aussi plus prolifiques, mais la répétition est là, généralement la fin de semaine, décalage horaire oblige. La différence est que Miss Swing n’a jamais su porter un téléphone à son oreille. Dans le monde de ma grande, le téléphone a un visage et on le regarde avec ses yeux.

Nos relations sont des «FaceTime ones». Comme beaucoup d’expatriés ou d’immigrés, mais aussi finalement comme des millions de parents dans le monde. Parce que Clermont-Ferrand est à 4 heures de Paris, et que ça prend autant de temps de faire Montréal-Vancouver que de traverser l’Atlantique. Nous sommes tous des parents au bout du monde, au bout d’un monde. Combien d’entre nous ont encore la chance d’avoir leurs parents, les grands-parents de ses enfants, à distance de marche?

Alors à défaut d’être à distance de marche, ils sont à portée de voix. Il n’y a rien comme un tout-petit du XXIe siècle pour déverrouiller un téléphone ou une tablette et reconnaître le nom de ses grands-parents dans la liste des derniers appels vidéos. Plus ils grandissent, plus les choses racontées s’étoffent et plus les appels durent.

On les trimballe dans la maison, et les visages virevoltent au gré des idées de l’enfant qui les transporte. Il devrait y avoir un nom pour cette nausée qui gagne la personne ainsi bringuebalée. Ils ne voient souvent de leur petit-enfant que le haut des yeux, le front et la pointe des cheveux. Beaucoup de plafond aussi. Ils sont retournés à demi, vers le jeu qu’on voulait leur montrer ou le dernier dessin créé. Et ils essayent de deviner. Ponctuent de « oh c’est joli » et de « ah oui vraiment » les réflexions de leurs petits-enfants, qui comme tous les enfants ont le verbiage aléatoire et les histoires un peu trop longues.

Parfois, ils sont juste posés là, en travers de la table du petit déjeuner, appuyés sur le pot de confiture, entre deux tartines beurrées. Ils partagent un peu de notre quotidien, tentant de comprendre entre les bouchées et les postillons. Sans parler de cette fichue tablette qui s’affale sans cesse, le pot de confiture glissant imperceptiblement sous le poids de l’écran. Personne ne connaît aussi bien le plafonnier de la cuisine que les grands-parents.

Reste alors le perpétuel questionnement. Tempête reconnaît-elle ces grands-parents nés de l’autre côté de la grande flaque? Qu’y a-t-il de similaire entre ces faces un peu pixellisées et les visages de chair et d’os qu’elle malaxe entre ses petites mains potelées, lors des retrouvailles.

La voix.

J’ai mis longtemps à deviner à quoi mes filles reconnaissaient leurs grands-parents, et j’ai fini par comprendre. Leur voix est unique. A peu près inchangée entre l’appareil et la réalité. La voix de mon père a créé le souvenir nécessaire à B., lorsqu’à 18 mois elle s’est retrouvée face à lui, qui l’attendait sur le perron de notre maison. La voix de ma mère est imprimée dans la mémoire de Tempête, qui galope à travers la maison lorsque je l’appelle en catimini depuis ma chambre. Celle de ma belle-sœur, leur tante, est inimitable. Tout comme les rires de leurs cousins, «venus dîner chez Mamie».

Au Québec, on dit souvent que ça prend un village pour élever un enfant. Désormais, ça prendra un peu plus que ça. Quelques états, un océan, des milliers de kilomètres, des trajets en avion, et des grands-parents à portée de voix. FaceTime en plus.

-Lexie Swing-

Crédit photo : Lexie Swing

 

Un p’tit vélo dans la tête {Remorque Coaster XT/Stroll de Thule}

Remorque enfantLe Canada, la Rive-Sud, Saint-Bruno, ses enfants et ses vélos partout… Il n’en a pas fallu plus pour que je me mette moi aussi à rêver d’un monde que je parcourrai à dos de bicyclette après avoir durant tant d’années chevauché une selle de cheval. Le vélo de mes rêves offert par mon amoureux, il restait une autre inconnue pour résoudre l’équation : que faire des enfants ? Le chariot Coaster XT/Stroll de Thule est alors entré en scène.

Ladite remorque, affectueusement appelée la chariotte chez nous, venait de faire son apparition chez MEC, enseigne incontournable au Canada pour les sports d’extérieurs.

Thule, marque suédoise, avait passé haut la main la barrière des critiques et avis Internet. Réputés solides, confortables et bien pensés, les chariots Thule avaient tout pour plaire… sauf leur prix! 600 dollars pour une remorque une place lorsque j’avais besoin de deux. C’était encore plus que ce que je payais chaque semaine pour la garderie, ce qui n’était pas peu dire !

La nouvelle Coaster était peut être moins passe-partout. Elle n’avait pas non plus la possibilité de se travestir en poussette de jogging ou en traîneau de ski de fond. Mais elle était moins dispendieuse et pouvait aussi bien tenir lieu de remorque à vélo que de poussette.

Dans le magasin, nous avons mis dedans fille de trois ans et bébé de 10 mois et nous sommes repartis avec le lot. L’enfant, le bébé et la chariotte. L’histoire d’amour ne s’est jamais démentie depuis.

La remorque est bien équipée : voile de protection pour les moustiques, voile imperméable pour la pluie. Les deux se roulent de manière indépendantes si l’on ne souhaite pas les utiliser. Assises confortables (à ce qu’on m’a dit ;)), ceintures trois points et drapeau à glisser à l’arrière, suffisamment haut pour être aperçu au dessus des voitures en stationnement.

vélo enfant siègeLa roue avant se déplace afin de ne pas gêner lorsque le chariot est tracté par le vélo, et se remet facilement lorsque l’on veut repasser en mode poussette. L’arrière présente un espace de bonne taille pour ranger toute sorte d’affaires.

Nous pouvons la mettre ouverte dans le coffre de notre SUV, mais il est aussi facile de retirer les roues (elles se déclipsent) et de replier la remorque afin de gagner de la place.

A date, nous l’avons utilisée par tout temps, toute l’année, dès que nous sortions à pied ou en vélo quelque part. Nous avons commencé avec un adaptateur pour bébé (*à vendre*) en allant tranquillement à pied, puis nous avons pris la route lorsque Tempête s’est endurcie.

C’est l’un des investissements pour enfants le plus rentable que nous avons faits. La prochaine fois que l’on me demande ce qui est indispensable avec un enfant: exit le lit à barreaux, bye bye les pull-ups… Place à la chariotte!

-Lexie Swing-

Crédit photo : Lexie Swing